Au cinéma sur son téléphone avec Julianne Côté et Chloé Robichaud
Le festival Pleins Écrans aura lieu du 15 au 25 janvier prochain, en plein hiver, pile au moment de l’année où on n’a pas du tout envie de mettre nos bottes, de se les geler à – 20°C et de troquer nos culottes de coton ouaté confortables pour des pantalons socialement présentables. Sauf que ça tombe bien: toutes les projections ont lieu sur Facebook. Rien que sur Facebook.
Julianne Côté, la comédienne qu’on a tellement aimée dans Ramdam et Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur (et dont l’affiche trône accessoirement dans la salle de rédac du Voir) agit à titre de porte-parole pour la 4e édition de ce festival différent des autres. Le concept, disons-le, doit quand même rebuter certains de ses pairs. Quand notre façon de consommer le cinéma change si vite à ce point, forcément, ça insécurise son lot d’artistes et artisans.
Selon la vedette de Chalet, le streaming, ou l’écoute en continu comme il convient d’appeler ce truc-là en français, a surtout le potentiel de faire entrer du contenu de qualité dans nos fils d’actualité. Elle voit tout ça d’un très bon oeil. «J’aime ça me déplacer en festival, j’aime l’énergie, mais je trouve que [le format de Pleins Écrans] se prête vraiment bien aux courts-métrages. On est tellement toujours sur nos téléphones! Tant qu’à ça, tu peux juste écouter une p’tite vue dans l’autobus ou en faisant ta vaisselle au lieu d’écouter un clip sur les Kardashian. »
Chloé Robichaud, qui connaît bien Julianne pour avoir tourné à ses côtés dans Féminin/Féminin et Sarah préfère la course, donnera une classe de maître le 25 janvier au Centre Phi et dans le cadre de la soirée de clôture IRL de Pleins Écrans. Une association qui ne s’inscrivait pas exactement dans le ciel puisque, quelques mois auparavant, la réalisatrice de Delphine se questionnait encore quant à son avenir comme réalisatrice au temps du streaming.
Explications: «Je suis plus positive qu’il y a même juste un an. Je suis même sur le conseil d’administration du Cinéma Beaubien et du Cinéma du Parc. Aller au cinéma, pour moi, c’est important. J’étais inquiète de voir les gens délaisser les salles, […] consommer du Netflix, des séries télé surtout. Finalement, je réalise que Netflix commence à produire des films de grande qualité quand même comme Roma, Les Deux Papes que je viens de voir et qui est vraiment bon, Marriage Story… C’est comme si ça recrée un engouement, en fait, pour le film.»
De plus en plus, on s’abreuve de cinéma aux écrans de nos ordinateurs et de nos téléphones intelligents. Par conséquent, le cadrage et le bruitage ne sont plus tout à fait abordés de la même façon. Dans son travail, Chloé doit tenir compte de tout ça. «La lenteur, le côté contemplatif d’un film va moins bien fonctionner, je pense. Dans un plan large, ton personnage est gros comme une mouche. Si y’a l’air de rien, tu vas pas ressentir la même émotion. […] Quand on fait du sound design maintenant, on fait aussi, des fois, une version pour les écouteurs. Mes films, je les écoute dans différents formats: sur mon laptop sans écouteur, sur mon laptop avec écouteur, sur une télé et au grand écran. Après, on va faire des ajustements»
Au-delà des tâches qui se modifient ou s’ajoutent pour les cinéastes, le web apporte son lot de petits baumes et de tapes dans le dos. Ça devient un véhicule, une manière de diffuser et sortir le court-métrage des cercles initiés. «On est tellement bons au Québec, on a tellement un bassin créatif énorme… Si on se donnait les moyens de nos ambitions, on défoncerait Netflix! On est là, c’est juste qu’on se fait tenir par le mors tout le temps et se fait freiner alors qu’on voudrait juste foncer. En même temps, on arrive quand même à tirer notre épingle du jeu et se démarquer mondialement.»
À preuve? L’exploit tout frais de Meryam Joobeur, Brotherhood, qui sera diffusé le 20 janvier lors du festival, et qui fait suite à Jeremy Comte et Marianne Farley avec Fauve l’an dernier, à Yan England avec Henry en 2013, et à tous ces réalisateurs d’ici nommés aux Oscars pour le Meilleur court-métrage. Et puis, ça n’a rien de nouveau: Norman McLaren était même reparti avec la statuette en 1952 pour Voisins. C’est dire à quel point le court-métrage est, finalement, inscrit dans nos gènes.
KIT DU FESTIVALIER – PLEIN(S) ÉCRAN(S) 2020
Comment ça marche, le festival, dans le fond ? Comme ça.✨ N'oubliez pas que vous pouvez voter pour le prix du public en partageant votre film préféré. Easy breezy!
Posted by Pleins Écrans on Sunday, January 12, 2020
Pleins Écrans
Du 15 au 25 janvier sur Facebook
Pour consulter l’horaire de diffusion, c’est ici.
À partir du 15 janvier, découvrez le balado Pleins Écrans en collaboration avec VOIR. Nicolas Krief s’entretient avec les artisans derrières les courts présentés lors du festival.
Classe de maître de Chloé Robichaud
Samedi 25 janvier à 17h
Gratuit
Réservation obligatoire