Communiqué de presse: «Michel Dumont: "Je crois au théâtre qui émeut, qui trouble, qui amuse, qui questionne et qui met le spectateur en état d'alerte. J'aime m'imaginer que chaque spectateur accepte de partir vers une destination encore inconnue au risque d'y découvrir sa propre fragilité. J'aime provoquer la traversée du miroir, j'aime le théâtre qui fait la plus grande place à l'émotion, à la passion. Voilà pourquoi j'ai arrêté mon choix sur cinq pièces captivantes qui vous feront passer par toute la gamme des émotions. La saison 2011-2012 chez Duceppe, une saison audacieuse, une saison faite de chair et d'âme, qui vous fera vivre des émotions en temps réel."
Du 7 septembre au 15 octobre: Match, de Stephen Belber. Mise en scène de Michel Poirier. Traduction de Michel Dumont. Avec Robert Lalonde, Alexandre Goyette et Marie-Chantal Perron. Du 26 octobre au 3 décembre: Dans l'ombre d'Hemingway. Texte et mise en scène de Stéphane Brulotte. Avec Michel Dumont, Bénédicte Décary, Marc Legault, Marie Michaud et Linda Sorgini. Du 14 décembre au 4 février: Pourquoi pas?, de Norm Foster. Traduction de Louis-Georges Girard et Perry Schneiderman. Mise en scène de Monique Duceppe. Avec Pauline Martin, Claude Prégent, Yvan Benoit et Danielle Lépine.
Du 15 février au 24 mars: L'Oratorio de Noël, de Michel Tremblay. Mise en scène de Serge Denoncourt. Avec Raymond Bouchard, Pierre-François Legendre, Ginette Morin, Marie-Chantal Perron, Monique Spaziani et 5 autres comédiens. Du 4 avril au 12 mai: Les Peintres du charbon, de Lee Hall. Traduction de Monique Duceppe. Mise en scène de Claude Maher. Avec Marc Beaupré, Emmanuel Bilodeau, Normand D'Amour, Denis Houle, Marie Michaud, Mélanie Pilon, Gabriel Sabourin et Serge Thibodeau. Info: www.duceppe.com.» Photo François Brunelle.
Flashes Bach
Peut-on s’acharner sur quelqu’un qui, mari et père monstrueux, pénètre un labyrinthe sans issu? Tremblay, dans son dernier opus, excite au summum la cruauté à laquelle il nous a toujours habitués et que peu de dramaturges ont atteint à ce jour (sauf les Sophocle, Molière et Shakespeare…). Et c’est peu dire. Si Raymond Bouchard, simplement phénoménal, a peur qu’on l’oublie dans le rôle de Noël, il se trompe. Il devrait comprendre que les amateurs de théâtre ne méritent pas un tel traitement de sa part, suite à cette absence de dix ans sur les planches. Un trou énorme que sa seule présence suffit à combler.
Le chœur familial (épouse-fille-fils en trois époques de leurs vies), à couteaux tirés, ira d’arias amers en récitatifs virulents (parfois un à la fois, parfois tous ensemble) pour ensevelir vivant cet être en profonde détresse jadis trop préoccupé par sa carrière et sa réputation. Les coeurs ne cesseront de se répandre en récriminations contre Noël dont c’est la « fête »! Ironie du sort, ce neurochirurgien sera atteint de cette maudite maladie qu’il contrôlait si âprement pour sauver ses patients. Que peut-on pour lui maintenant? Mieux vaut la solitude angoissante que cette confrontation stérile à brasser toute cette merde fumante pour régler des comptes à toutes fins inutiles. S’il n’était pas trop tard, la pugnacité des siens serait-elle suffisante pour rappeler le parasite à la réalité? Parlons-nous ici d’une thérapie du souvenir à cerveau ouvert? Insaisissable pensée à la dérive!
Essence et dégénérescence. Absences. Art et altération. Du grand Tremblay, maître lyrique tout en circoncision. Ne reste plus qu’à attendre la Passion selon Michel et le Requiem. Mais plus tard, beaucoup plus tard, car laissons aujourd’hui, la mémoire avec un scalpel tailler dans ce bloc de chair et retrouver le visage aigu d’autrefois (GREEN, Journal).
Comme l’œuvre, la mise en scène cérébrale de Serge Denoncourt analyse froidement le parcours de Noël en le suivant dans les dédales les plus douloureux, dans les moindres détours tortueux au risque même de le perdre dans l’affreuse certitude d’un rideau d’hôpital d’où sortira un cri flamboyant, un cri infini à travers l’univers (Munch).
Trembler d’être démasqué par Tremblay. C’est de la belle ouvrage achevée!