Le Destin tragi-comique de Tubby et Nottubby est présenté à Montréal
Après une tournée de quelque 35 spectacles partout au Québec, les artisans de la compagnie d’origines française, québécoise et britannique Fools & Feathers sont arrivés cette semaine à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier afin d’y présenter la pièce Le Destin tragi-comique de Tubby et Nottubby.
Le Destin tragi-comique de Tubby et Nottubby raconte l’histoire de deux clowns, Tubby et Nottubby, qui se lient d’amitié et qui partent ensuite dans une quête qui les mènera dans différents lieux et situations.
Créé en France en 2009, la pièce a été écrite, mise en scène et interprétée par Sophie Brech et Louis Fortier, et elle est présentée jusqu’au 5 novembre prochain à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier.
Shakespeare sens dessus dessous
Pur moment de grâce et d’intelligence! De la théâtréalité rêvée à Fred-Barry! Deux clowns énergiques, Sophie Brech et Louis Fortier, traversent l’ombre fragmentée de Will dans la folle volonté d’être fidèle à l’auteur et infidèle à son œuvre. Ils accomplissent ainsi des mouvements et des actes en plein contrôle d’une liberté si chère à notre Anglais chéri, très conscients de cette trouvaille qu’aujourd’hui n’a rien changé à hier dans le désert de nos désirs impérieux. Et les effets perdurent à tout jamais dans la recherche d’un toit plus toi plus soi font trois.
Pour y arriver, nos clowns masqués devront enlever leurs masques clownesques et leurs accoutrements, se reconnaître dans I want to die comme de pauvres hères errant recroquevillés et larmoyants, et renaître. Car Godot ne viendra pas, foi de Beckett. La Tamise froide, le désert à la source brûlante (n’en déplaise à l’ARMY), le cimetière effroyable, la mer agitée en temps de tempête existentielle qui rage et le royaume des morts intraitables formeront les étapes de leur odyssée, de leur insoutenable destin solitaire jusqu’à ce que l’amitié, l’amour, l’espoir et la vie vainquent la haine, la peur, le désespoir et la mort. Les valeurs triomphent donc sur la vile exploitation de marionnettes fragiles soumises aux intempéries économiques.
Yes in deed, «the world is a stage and men are merely players». Le palimpseste des planches sur plateau d’argent… BEEBABEEDOOZEE.
Il faut souligner le remarquable travail du Théâtre Fools and Feathers qui ne donne au public aucune seconde de répit. Le rythme trépidant ne le cède qu’en virevoltes étourdissantes de balourds en bas légers. Chapeau aux clowns extravagants! Mais vient au crâne notre Sol (Marc Favreau et ses clocharderires – six ans déjà -) avec qui il aurait été si génial de prendre le thé. Ne faut-il pas rendre à César ce qui est à César?