Le TNM dévoile sa saison 2013-2014
Le Théâtre du Nouveau Monde dévoilait cette semaine sa programmation pour la saison 2013-2014. Au menu, une production des 7 doigts de la main, des textes de Genet, Kemeid, Tremblay, Lepage et Rostand.
Le murmure du coquelicot – 17 septembre au 12 octobre 2013
Mettant en vedette Émilie Bonnavaud, Raphael Cruz, Danica Gagnon-Plamondon, Rémy Girard, Pascale Montpetit, Matias Plaul, Suzanne Soler et Samuel Tétreault, la création de Sébastien Soldevila (idée originale et texte, et co-mise en scène avec Shana Carroll) est une production des 7 doigts de la main.
Les 7 doigts de la main ont imaginé l’histoire d’un comédien qui se retrouve malgré lui emporté par un fascinant délire au moment où il passe une audition pour « le rôle de sa vie ». Alors, sa mémoire déborde : trop de personnages, trop de souvenirs enfouis, trop d’allers-retours entre la fiction et la réalité. Comme en apesanteur, ses réminiscences personnelles, ses incarnations théâtrales, ses regrets inavoués et ses rêves secrets prennent forme, se déploient, créent une autre vie à partir des instants mémorables de sa propre existence.
Le balcon – 5 au 30 novembre 2013
Mettant de l’avant de le talent d’Éric Bernier, Stéphane Breton, Sonia Cordeau, Kim Despatis, Benoît Drouin-Germain, Bernard Fortin, Marie-Thérèse Fortin, Marie-Pier Labrecque, Simon Lacroix, Roger La Rue, Julie Le Breton, Macha Limonchik, Bruno Marcil, Vincent-Guillaume Otis et Denis Roy, Le balcon est tiré d’un texte de Jean Genet et sera mis en scène par René Richard Cyr.
Une ville est en train de tomber aux mains des révolutionnaires. Pourtant, des hommes ordinaires, au péril de leur vie, continuent d’aller au Grand Balcon, la « maison d’illusion » de Madame Irma pour réaliser leurs fantaisies sexuelles : revêtir des habits d’apparat pour s’approprier l’aura érotique que le pouvoir donne à un évêque, à un juge, à un général. Seul le chef de la police, ancien amant de Madame Irma, n’y trouve pas son compte ; aucun client ne demande à jouer son rôle. Alors que le pouvoir vacille, l’Envoyé de la Reine fait irruption au Grand Balcon ; il faut que les grandes figures de l’État se montrent dans toute leur magnificence, sinon tout est perdu. Et si, depuis le début, tout n’était qu’illusion ?
Icare – 14 janvier au 8 février 2014
Chose promise, chose due. Le texte d’Olivier Kemeid Icare sera monté sur les planches du TNM à l’hiver 2014, dans une création et mise en scène de Michel Lemieux et Victor Pilon, avec en vedette Noëlla Huet, Gilles Renaud et Renaud Lacelle-Bourdon.
Dans la foulée de l’enchantement scénique provoqué par La Belle et la Bête, Michel Lemieux et Victor Pilon engagent cette fois-ci leur savoir-faire dans une exploration contemporaine du mythe d’Icare, mort pour être tombé du ciel en essayant les ailes de cire que son père, Dédale, avait conçues. Pour donner un éclairage actuel à ce mythe qui plonge ses racines dans les origines de notre civilisation, ces deux magiciens de la scène font équipe avec un des auteurs dramatiques les plus brillants de la jeune génération, Olivier Kemeid, dont les oeuvres montrent déjà une profonde connaissance des récits antiques et une bouleversante compréhension des relations père-fils.
Albertine en cinq temps – 11 mars au 5 avril 2014
Avec Émilie Bibeau, Lise Castonguay, Lorraine Côté, Èva Daigle, Monique Miller et Marie Tifo, cette nouvelle production du texte mythique de Michel Tremblay promet d’être d’une grande classe, dans une mise en scène de Lorraine Pintal.
Il y a trente ans, Michel Tremblay a écrit un des grands textes du théâtre contemporain en plaçant face à elle-même une femme aux différents âges de sa vie. Entre l’Albertine de trente ans désemparée d’avoir presque battu à mort sa fille de onze ans et celle de soixante-dix ans qui, apaisée, entre en foyer d’accueil, Tremblay trace cinq lignes de vie pour dessiner l’arc de toute une existence déchirée entre la culpabilité et la rage. Dans l’atmosphère suspendue du crépuscule — entre les flamboyances du couchant et le lent lever de la lune pourpre d’été — les Albertine, inspirées par l’écoute attentive de leur sœur Madeleine, nous livrent la cantate de leur propre vie transfigurée par l’âpre lyrisme d’une langue à la fois terrible et caressante.
Les aiguilles et l’opium – 6 au 31 mai 2014
Le retour de Marc Labrèche sur scène, accompagné de l’entraîneur, danseur et acteur Wellesley Robertson III – qui en sera à sa troisième collaboration avec ExMachina -, se fera de manière grandiose, avec la reprise de Les aiguilles et l’opium, de Robert Lepage.
Plus de vingt ans après avoir créé une première version de cet éblouissant solo multimédia, Robert Lepage revient à cette oeuvre de jeunesse, inoubliable moment d’émerveillement, afin d’en recréer, pour une nouvelle génération, l’éphémère magie.
Une nuit de 1949, entre Paris et New York, le poète Jean Cocteau et le jazzman Miles Davis se croisent au-dessus de l’Atlantique. Ils ne se doutent pas que leur traversée fera écho, bien des années plus tard, à la fuite d’un comédien québécois qui se réfugie dans une chambre d’hôtel de Saint-Germain-des-Prés pour guérir d’une rupture amoureuse. À partir de cette situation aux correspondances souterraines, Robert Lepage déploie une série de variations qui se répondent les unes les autres : l’absence de l’être aimé — Radiguet pour le poète, Juliette Gréco pour le jazzman — trouve son contrepoint dans l’addiction à l’opium de l’un et à l’héroïne de l’autre, alors que le narrateur cherche à anesthésier sa peine d’amour.
Cyrano de Bergerac – 16 juillet au 16 août 2014
Le classique d’Edmond Rostand sera repris sur la scène du TNM, à l’été 2014, dans une mise en scène de Serge Denoncourt, qui fera confiance, pour l’occasion, à François-Xavier Dufour, Magalie Lépine-Blondeau, Patrice Robitaille et Gabriel Sabourin.
En collaboration avec le festival Juste pour rire, Cyrano de Bergerac sera à nouveau redécouvert par le public montréalais. Car toutes les femmes rêvent d’un homme comme Cyrano. Et tous les hommes voudraient être comme lui. Il a du coeur, de l’esprit, du panache. En plus : imbattable à l’épée. Mais, il y a un « mais ». Un « mais » de la taille de son interminable nez : Cyrano se trouve sans grâce et sans beauté. Alors, quand il veut déclarer son amour à Roxane, qui vient de s’éprendre du beau Christian de Neuvillette, tout se complique. Car Christian en est lui aussi amoureux, mais il perd ses moyens dès qu’il ouvre la bouche. Alors il va voir Cyrano, son compagnon d’armes aux cadets de Gascogne, pour apprendre comment parler d’amour… Entre les duels à l’épée et les duels amoureux, entre les éclats de rire et les éclats héroïques, la pièce de Rostand galope à un rythme d’enfer, portée par une langue qui brille comme une lame.
Le TNM ouvre ses portes à un plus large public avec cette programmation audacieuse! D’abord, avec Le murmure du coquelicot l’univers entremêlé du cirque et du théâtre risque d’éveillé l’intérêt des uns ou des autres et des autres ou des uns ou des uns et des autres et des uns pour l’un de ces arts qu’ils fréquentent peut-être moins; celui-là étant trop intello et guindé, quant à celui-ci et ses prouesses physiques, rien d’épatant, je les pratique couramment dans les jeux de l’amour quoique parfois par hasard; il n’y a pas de quoi palabrer…
Puis s’ensuit le Balcon. Si l’auteur m’est connu et ses frasques reconnus (1), j’admets que ce sera une découverte et, toute une si je me fie à celui qui tient la barre de ce spectacle : René Richard Cyr.
Le duo Pilon-Lemieux récidive et c’est tant mieux! Les maitres de la technologie, comme ils avaient remarquablement fait pour la Tempête, mettent en œuvre leur talent pour faire briller l’écriture de Kemeid. Icare brillera de tout ses feux!
Et Albertine, Albertine. Une pièce phare, l’un des classiques (sinon le classique!) exceptionnel de la dramaturgie québécoise. Albertine et sa mise en abyme, confrontée à des multiples d’elle : déchirantes prise de conscience de ce qu’elle porte en elle, de ce qu’elle fut, ce qu’elle est devenue.
Nous achever avec une reprise de Robert Lepage : Les aiguilles et l’opium est judicieux. On doit nécessairement être accompagné de ses ados afin qu’il découvre celui qui a métamorphosé notre et le théâtre. Quoiqu’on les ait trainés aussi pour Le coquelicot qui a fait naitre leur intérêt pour le théâtre, Icare qui les a visuellement séduit. Albertine, ça il rebutait mais parfois le mal est nécessaire, et comme elle parle comme la voisine, eh bien, finalement c’était pas si mal et ça leur a plu.
En nous offrant des classiques, des classiques en devenir et des pièces contemporaines nul doute que La directrice artistique éveillera la curiosité de futurs spectateurs et risque de faire naitre une passion pour le théâtre chez certains d’entre eux. Le TNM aime-t-il tant le public qui visite sa salle pour lui imposer une telle impatience ? Que j’aimerais être déjà en septembre! J’ouvre les rideaux. Comme le temps passe vite. J’ai un blanc. Sommes-nous en novembre?
1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Genet