Pour célébrer le bicentenaire de Büchner : Le Théâtre de l'Utopie présente Léonce et Léna
Scène

Pour célébrer le bicentenaire de Büchner : Le Théâtre de l’Utopie présente Léonce et Léna

Avec Léonce et Léna, la metteure en scène Cristina Iovita se joint aux efforts de l’Espace Cercle Carré pour créer un théâtre professionnel d’expression française au coeur du Vieux-Montréal, tout en soulignant le bicentenaire de Georg Büchner. Le nouveau spectacle intègre l’art de la marionnette, l’improvisation musicale et la création vidéo.

Une histoire d’amour sur fond de révolte échouée, un conte de jeunesse où deux amants solitaires viennent défier l’ordre immuable. Fuyant le mariage qu’on veut leur imposer, Léonce et Léna se rencontrent par hasard et s’épousent malgré eux. Une comédie romantique à cela près que les deux héros ne sont pas seulement de doux rêveurs atteints par le mal du siècle: ils apparaissent comme des sacrifiés, les boucs émissaires d’une société mécanique et marionnette qui ne peut plus se renouveler. Écrit en 1836, un an avant sa mort, par un Georg Büchner âgé de 22 ans à peine, ce conte, bouillant d’humour et de fantaisie, refuse tout «romantisme de sous-lieutenant» ; remplacés, devant l’autel, par deux automates qui leur ressemblent, Léonce et Léna s’unissent dans la mort, le «rêve le plus beau» que l’humanité ait jamais conçu. L’homme n’est rien, les pouvoirs sont grotesques; bienheureux sont les rêveurs.

Écrite dans le sillage des révoltes de 1830, Léonce et Léna de Georg Buchner exprime le désarroi de la jeune génération romantique face au marasme idéologique et politique ayant suivi l’effervescence révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle français. Les idéaux de liberté, égalité, fraternité se sont éteints sous le coup des restaurations, le pouvoir est entre les mains des profiteurs ordinaires, la prospérité endort la conscience ; privée de son rôle de mentor, l’intelligentsia se perd en rêvasseries, la jeune génération épuisant sa force de pensée dans des révoltes «sans cause».

C’est ce destin que Léonce et Léna fuient et c’est ce même destin qu’ils décident d’affronter en refusant la couronne de Popo. Enfants «gâtés», ils ne suivront pas les traces de leurs parents, ne se laisseront pas transformer en automates; l’adaptation du Théâtre de l’Utopie vise l’actualisation de ces problématiques de la jeunesse dans le contexte actuel des protestations étudiantes du printemps 2012 québécois.

Léonce et Léna est le deuxième projet multimédia (après Mundo Tango, en mai 2007) que le Théâtre de l’Utopie propose au public montréalais. Le spectacle se veut un dialogue entre deux types de discours: théâtral (acteurs et marionnettes) et cinématographique (vidéo).

Horaire des représentations:

16, 17, 18, 19, 24, 25, 26, 31 octobre et 1, 2 novembre à 20h. Les représentations du 16 et 17 octobre sont dédiées au bicentenaire Büchner (17 octobre 1813 / 19 février 1837).

À l’Espace Cercle Carré, 36, rue Queen, Montréal, Métro Square-Victoria