Saison 2014-2015 : René-Daniel Dubois, Oscar Wilde et Shakespeare tiennent le haut de l’affiche au TNM
Le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) dévoile sa saison 2014-2015, qui sera marquée par une nouvelle mise en scène de Being at home with Claude, de René-Daniel Dubois, et par un Richard III revu et corrigé par Brigitte Haentjens. Entre autres.
Sauf erreur, il ne s’agit que de la quatrième mise en scène de Being at home with Claude, texte fondateur de la dramaturgie de René-Daniel Dubois, sur une scène professionnelle montréalaise. Après la production originale mise en scène par Daniel Roussel en 1985, et le film de Jean Beaudin qui en a émergé, la pièce avait été produite par le Rideau Vert en 1998 et par l’Espace GO en 2000, dans une mise en scène de l’auteur. 14 ans plus tard, le TNM y revient et confie cette brûlante partition au metteur en scène Frédéric Blanchette, architecte d’un explosif théâtre réaliste. Benoît McGinnis jouera le rôle du jeune prostitué jadis interprété par Roy Dupuis, Marc Béland et Luc Chapdelaine, avec son énergie habituelle, brute et à fleur-de-peau. Un choix évident. C’est d’ailleurs Marc Béland qui dirigera McGinnis dans un beau geste de transmission. «Dans ce texte phare phare de la dramaturgie québécoise, lit-on dans le programme annuel, l’auteur pousse à son ultime conséquence le désir fou de garder ces instants absolus où l’amour nous fait goûter à l’éternité.»
En octobre, le TNM reçoit de la grande visite de France: la comédienne Catherine Frot joue Winnie dans Oh les beaux jours, de Samuel Beckett. Dans cette production acclamée partout dans l’Hexagone, la célèbre actrice de cinéma , «égrène le texte comme les notes chantantes d’une partition musicale» et «elle est drôle, primesautière et trouve une liberté lumineuse, des accents plus sombres quand elle s’enfonce dans le sable». C’est Télérama qui souligne.
La saison se poursuit avec L’importance d’être constant, d’Oscar Wilde, dans une mise en scène d’Yves Desgagnés. Les comédiennes Anne-Elisabeth Bossé et Maxime Denommée sont au centre de la distribution de cette comédie campée dans l’Angleterre victorienne, où de jeunes gens inventent des stratagèmes pour avoir un peu de bon temps et échapper aux contraintes de leur rang et de la société puritaine qui les entoure. Une nouvelle traduction a été confiée au méticuleux Normand Chaurette.
Lorraine Pintal, directrice artistique du TNM, propose l’adaptation théâtrale du Journal d’Anne Frank par le romancier Eric-Emmanuel Schmidt, avec une distribution étoilée incluant Pascale Bussières, Sébastien Dodge et Benoît Drouin-Germain. «L’auteur, lit-on dans le programme, possède un unique talent pour aborder les grandes questions de notre temps à travers des fictions limpides où l’humour fait ressortir la dimension profonde – voire tragique – des sujets qu’il aborde.»
C’est en mars que Brigitte Haentjens monte son tout premier Shakespeare avec son acteur fétiche, le très précis Sébastien Ricard dans le rôle de l’immonde Richard III. Personnage passionnant, aux multiples contours, dont la crauté et la laideur n’ont d’égal que son pouvoir séducteur et sa vive intelligence, le roi Richard constitue un défi constamment renouvelé pour les metteurs en scène contemporains. Connaissant Brigitte Haentjens et sa grande intelligence du texte ainsi que son habileté à faire jaillir la clarté en orchestrant de grandes distributions sur de vastes plateaux, la production s’annonce prometteuse. Aux côtés de Ricard s’aligne une distribution enthousiasmante: les charnels Francis Ducharme et Renaud Lacelle-Bourdon y côtoient les grandes dames Monique Miller, Louise Laprade et Sylvie Drapeau, de même que les acteurs-comète Hubert Proulx, Emmanuel Schwartz et Etienne Pilon, mais aussi Marc Béland, Paul Savoie, Maxim Gaudette, Sophie Desmarais, Sylvio Arriola et Reda Guerinik (trop rare sur nos scènes). Et encore d’autres.
Plus tard, le metteur en scène Hugo Bélanger, adepte d’un théâtre très physique, propose son adaptation du Tour du monde en 80 jours, de Jules Verne. Ludiques, humoristiques, inventives et quasi-acrobatiques, les mises en scène de Bélanger redoublent d’ardeur pour raconter, en droite lignée avec les plus puissantes traditions narratives, des histoires captivantes.