Regard sur la 51e saison du Théâtre Denise-Pelletier
Le Théâtre Denise-Pelletier lance sa 51e saison, la 20e et toute dernière du directeur artistique Pierre Rousseau qui passe le flambeau. Une saison composée de 14 spectacles, passant de Dumas, à Beckett, Ionesco, à Jean-Marie Papapietro, Enda Walsh et Simon Boulerice.
En ouverture de saison à la Salle Denise-Pelletier, le TDP accueille, du 3 au 24 octobre 2014, une coproduction franco-suisse dont il est partenaire depuis le début : Andromaque 10-43 d’après Racine, une adaptation de Lionel Chiuch, François Douan et Kristian Frédric qui signe aussi la mise en scène et la scénographie. Kristian Frédric est un habitué du Québec où il a, entre autres, monté Big Shoot, pièce « coup de poing », unanimement saluée par la critique lors de sa création en septembre 2005 à la Salle Fred-Barry. Andromaque est ici transposée à l’ère du numérique. La Grèce antique devient l’Occident, Troie devient Bagdad. Coincés dans un bunker qui ne les protège plus de la violence du monde, à la fois voyeurs et proies, Andromaque, Hermione, Oreste et Pyrrhus tentent de reprendre le contrôle de leur existence. Ils sont livrés à des démons dont les nouvelles technologies de communication amplifient la puissance. Ainsi, des temples de marbre de l’Antiquité aux quartiers généraux suréquipés du 21e siècle, Andromaque 10-43 témoigne de notre perpétuelle impuissance à trouver une harmonie avec le monde. L’acteur français Denis Lavant (Les Amants du Pont-Neuf avec Juliette Binoche) incarnera Pyrrhus, et le réalisateur québécois Olivier Proulx signe la conception vidéo du spectacle.La distribution compte aussiMonica Budde, Jeanne De Mont, Frédéric Landenberg,la Québécoise Meggie Proulx Lapierre, Arnaud Binard et Ivan Morane.
Suivra du 12 novembre au 12 décembre une pièce de cape et d’épée: D’Artagnan et les trois mousquetaires d’après l’œuvre d’Alexandre Dumas, dans une adaptation et mise en scène de Frédéric Bélanger. À la mort de son père, le jeune et fougueux d’Artagnan part pour Paris avec l’ambition d’entrer au service du roi, chez les mousquetaires. À son arrivée dans la capitale en compagnie de son écervelé valet Planchet, il cherche querelle à trois gentilshommes qui, après les avoir conquis par sa bravoure, deviendront ses trois légendaires compagnons : Athos, Porthos et Aramis. Au cœur de conspirations et d’intrigues amoureuses, seule la fine lame de d’Artagnan tracera la ligne entre les bons et les méchants… Un spectacle foisonnant d’aventures, de railleries, de combats d’épée et de plaisirs… Avec Guillaume Baillargeon, François Bernier, Maude Campeau, Louise Cardinal, Guillaume Champoux, Stéphanie M. Germain, Bruno Piccolo, Philippe Robert et Claude Tremblay. Un spectacle du Théâtre Advienne que pourra.
Dans une version renouvelée et avec une partie de la distribution initiale de la production de 2007, Frédéric Dubois nous offrira, du 6 au 28 février 2015, ces deux pièces exquises, fondatrices du théâtre de l’absurde : La cantatrice chauve suivie de La leçon d’Eugène Ionesco. Avec des dialogues irrésistibles, La Cantatrice chauve met en scène un couple qui n’a absolument rien à se dire, une pendule contrariante, une bonne qui se prend pour Sherlock Holmes et un capitaine des pompiers. Dans La Leçon, on assiste à l’affrontement détonnant entre un professeur confus et concupiscent et une élève insolente. Reprenant le même procédé qu’à la création, le public pigera au hasard avant l’entracte le nom des comédiens qui joueront le professeur et l’élève dans La Leçon. Avec Simon Dépot, Monelle Guertin, Eliot Laprise, Catherine Larochelle, Pierre Limoges et Ansie St-Martin. Présenté par le Théâtre des Fonds de Tiroirs.
Après Le Cid présenté la saison dernière au TDP, le metteur en scène daniel paquette, grand passionné de classiques à qui l’on doit une quarantaine de productions, clôturera la saison à la Salle Denise-Pelletier en s’attaquant au Barbier de Séville de Beaumarchais, à l’affiche du 11 mars au 1er avril 2015. Dans cette comédie d’intrigues, Beaumarchais ne manque pas de railler les mœurs sociales et politiques de son époque. Bartholo, un vieux médecin, a décidé d’épouser Rosine dont il est le tuteur. Celle-ci de son côté est courtisée et séduite par le Comte Almaviva. Ce dernier va tout faire pour se marier avec elle avec la complicité de Figaro, un de ses anciens valets qu’il a retrouvé alors qu’il guettait Rosine sous sa fenêtre. La célèbre comédie de Beaumarchais sera défendue par une solide distribution : Luc Boucher, Daniel Desparois, Kevin Houle, Jean Leclerc, Madeleine Péloquin et Carl Poliquin.
Une dizaine de spectacles se poseront à la Salle Fred-Barry tout au long de la saison.Encommençant par de la visite d’Ottawa pour trois soirs seulement, les 17, 18 et 19 septembre 2014. Dans Je n’y suis plus de Marie-Claude Verdier, Ariane, une jeune femme, perd ses repères, s’enferme dans sa propre prison : les cupcakes de la patronne ne suffisent plus. C’est l’implosion, le big bang intérieur. La pièce, mise en scène par Magali Lemèle et Louise Naubert, met à nu la mécanique du quotidien et sa dérive : dérive du monde du travail et de la bureaucratie, dérive des rapports humains. Accompagnée sur scène du musicien Jean-Sébastien Dallaire qui lui donne rythmiquement la réplique, Magali Lemèle offre une création à la frontière du monologue, du théâtre performance et du slam.
Du 1er au 18 octobre, l’auteur et comédien Richard Letendre, en inspecteur Mallot, ouvre une enquête sur le père du théâtre de l’absurde, Eugène Ionesco, pour débusquer l’homme à travers son œuvre. Qui est ce Ionesco? est un hommage au grand dramaturge décédé il y a tout juste vingt ans, un spectacle qui ne donne pas de réponse, n’impose aucune conclusion, mais nous permet de découvrir ou redécouvrir l’œuvre majeure qu’il nous a laissée. On y retrouve avec bonheur la dérision du quotidien, le dérèglement du langage, la prolifération de mots, d’objets, la mécanique des gestes, l’obsession de la mort et la nostalgie des paradis perdus. Lori Hazine Poisson et Aliona Munteanu joueront aux côtés de Richard Letendre, sous la direction de Thérèse Perreault. Un spectacle du Théâtre Effet V.
Absolu Théâtre présente du 22 octobre au 8 novembre En attendant Godot de Samuel Beckett, première pièce que l’auteur avait écrite directement en français. Nous connaissons tous ce chef-d’œuvre de l’absurde qui peut se résumer ainsi : Deux clochards, Estragon et Vladimir, attendent sur une route au pied d’un arbre dépouillé un certain Godot dont ils pensent qu’il les sauvera. Deux autres personnages, Pozzo et Lucky, viennent leur tenir compagnie, mais Godot ne viendra jamais… Présenté dans une mise en scène de Serge Mandeville, avec François-Xavier Dufour, Catherine Leblond, Pierre Limoges, Louis-Olivier Mauffette et André-Luc Tessier.
L’énigme Camus – une passion algérienne, texte et mise en scène Jean-Marie Papapietro du Théâtre de Fortune, prendra l’affiche du 12 au 29 novembre. Sous forme de théâtre-documentaire, Jean-Marie Papapietro explore les dernières années d’Albert Camus à travers son regard sur les troubles qui agitent l’Algérie à partir de 1954. « J’ai mal à l’Algérie, comme d’autres ont mal aux poumons », confiait Camus. Ses interventions publiques pour trouver une solution au conflit donnent lieu, sur la scène du théâtre, à un débat contradictoire réunissant cinq intervenants qui reprennent à leur compte les polémiques souvent très dures qui ont isolé de plus en plus Camus, le plongeant dans une crise dont on ne mesurera la gravité qu’après sa mort brutale en 1960, deux ans avant l’accession de l’Algérie à l’indépendance et la déportation d’un million d’Algériens qui choisirent de rester français. Avec Stéphane Lépine, Roch Aubert, Philippe Régnoux, Ariel Ifergan et Gaétan Nadeau.
Après le succès remporté il y a deux ans, Noël 1933 de Chantal et Dominique Grenier, dans une mise en scène de Jean Turcotte,revient du 3 au 20 décembre. Nous sommes le 24 décembre 1933, les temps sont durs. Montréal et ses ouvriers n’échappent pas à la crise qui sévit. Malgré tout, quelque part dans le quartier Saint-Henri, des citoyens se préparent à réveillonner et les chants de Noël réchauffent les cœurs que le froid de décembre ne parvient pas à glacer… Onze voix, sous la direction musicale de David Leboeuf, habiteront l’espace scénique, nous invitant à découvrir un Montréal d’une autre époque… Une production du Théâtre Exaltemps, qui allie avec bonheur théâtre musical et histoire…
L’année 2015 s’ouvrira à la Salle Fred-Barrysur Mademoiselle Molière, texte et mise en scène de Hubert Fielden, présentée par La Dérive, une jeune troupe originalement constituée de quatre filles et cinq garçons, diplômés du Conservatoire d’art dramatique de Montréal depuis mai 2014. Grâce à l’Office franco-québécois pour la jeunesse, Mademoiselle Molière a été présentée dans trois villes en France en 2013. Dans la pièce qui se déroule à Paris, en 1700, Armande Béjart, veuve de Molière et comédienne de sa troupe, va s’éteindre à l’âge de 58 ans. Dans des moments de lucidité, elle se remémore et revit les différentes étapes de sa vie à travers l’œuvre de Molière : sa rencontre avec lui, son ascension comme comédienne sous le nom de Mademoiselle Molière, son mariage à vingt ans avec le grand dramaturge qui en a quarante, ses moments les plus heureux comme les plus sombres et les plus répréhensibles de son parcours. À voir du 14 au 30 janvier 2015.
Attendue en première nord-américaine la saison dernière après 650 représentations en France, la pièce Victor Hugo mon amourd’Anthéa Sogno tiendra le haut de l’affiche du 11 au 28 février 2015. La mise en scène a été confiée à Léo Munger. C’est à partir d’une monumentale correspondance – 23 650 lettres en 50 ans d’amour – entre Victor Hugo (Hugo Giroux) et Juliette Drouet (Catherine Bütikofer), qu’Anthéa Sogno a écrit cette pièce qui illustre les grands moments de leur vie amoureuse, littéraire et politique. La production québécoise est montée par le Théâtre de la Tartigou et les Productions Mistral.
Présentée du 4 au 21 mars, Chatroom du dramaturge irlandais Enda Walsh est une histoire puissante, qui témoigne de la rébellion adolescente. Dans un cyberespace, sept jeunes se retrouvent sur un site de clavardage dont les discussions tournent autour de sujets coriaces. Comédie acide aux dialogues courts et rythmés, Chatroom nous plonge dans une spirale de manipulation alimentée par l’ennui et la frustration de ces adolescents. La pièce est traduite par Étienne Lepage et mise en scène par Sylvain Bélanger. Avec Simon Beaulé-Bulman, Anne-Marie Binette, Catherine Chabot, Olivier Gervais-Courchesne, Elisabeth Payeur, Antoine Rivard-Nolin et Maude Roberge-Dumas. Un spectacle du Théâtre La Combine.
Du 25 mars au 11 avril, le roman à succès Javotte de Simon Boulerice, paru en 2012, sera porté à la scène grâce au Collectif Les Casseroles et à Jean-Guy Legault qui signe l’adaptation et la mise en scène. On assiste ici à l’antépisode du conte de Cendrillon, façon 21e siècle, du point de vue de Javotte, sa demi-soeur. Dans cette fable moderne, notre anti-héroïne aux grands pieds, qui navigue entre éveil sexuel, aversion pour ses semblables et goût pour le risque, devra accepter ses imperfections et focaliser sur l’essentiel : réaliser ses fantasmes pendant qu’il en est encore temps. Le style corrosif, la désillusion de Javotte, son profond désespoir et sa chute sont abordés avec humour, sensibilité et inventivité. Avec Valérie Dumas, Caroline Gendron, Marc-Antoine Larche, Lyne Lefort, Émilie-Lune Sauvé et une autre comédienne.
Enfin, le Théâtre Denise-Pelletier clôturera sa saison avec le rendez-vous annuel des mots et des imaginaires adolescents : les Zurbains, qui atteignent leur majorité ! La 18e édition, présentée du 5 au 15 mai, apportera des créations exceptionnelles pulsées à même la plume de jeunes auteurs sélectionnés à Montréal et à Québec, et celle d’un auteur professionnel. Le tout sous la direction de Monique Gosselin. Une production du Théâtre le Clou en collaboration avec le TDP et Les Gros Becs.