Espace Libre: incursions dans la chambre à coucher et dans les communautés des Premières Nations
Bien ancré dans le quartier Sainte-Marie, Espace Libre a annoncé hier soir les douze spectacles qui composent sa saison théâtrale 2017-2018.
Le communiqué de presse à propos de la programmation précise ainsi les défis que se sont imposés les créateurs et créatrices pour cette prochaine saison d’Espace Libre: «explorer les défis éthiques soulevés par les progrès scientifiques ; sonder les transformations opérées par le numérique sur la pensée humaine ; aller à la rencontre de ceux que la majorité associe à la marge ; entrer dans les réserves autochtones ; aborder les réalités des exilés, des personnes vivant des situations de handicap ; s’interroger sur les normes sexuelles et culturelles de notre société, et raconter, dans le cadre des célébrations du 375eanniversaire de Montréal, une page de l’histoire du Québec au moment de son ouverture sur le monde.»
Le directeur artistique Geoffrey Gaquère lancera le bal avec Daniel Brière en août. Les deux hommes mettront en scène Camilien Houde, «le p’tit gars de Sainte-Marie», d’après un texte d’Alexis Martin autour de la vie de l’ancien maire de Montréal issu d’un milieu défavorisé. Du 22 août au 2 septembre.
Contes à rendre (Un interrogatoire), présenté par le trio Jean Asselin, Réal Bossé, Sylvie Moreau d’Omnibus, c’est l’histoire d’«une enfant et sa grand-mère cohabitent avec leurs paroles et leurs gestes dans l’unique corps d’une femme, Elle.» (12 au 23 septembre 2017)
Post humains, du 3 au 14 octobre, allie «théâtre documentaire, autofiction et performance, deux comédiens, un journaliste et une vidéaste s’immergent au cœur du mouvement cyborg et transhumaniste pour y mesurer leurs limites et celles du public.» Dominique Leclerc signe le texte, la mise en scène avec Édith Patenaude et y interprète un rôle.
Corrida présente Dans le champ amoureux du 7 au 25 novembre. «Elle est auteure/barmaid et lui, doctorant en philosophie/amateur de Timbits. Ils ont passé leur vingtaine ensemble. Cumulant autant les élans passionnés que les querelles et les infidélités, ils entretiennent une union singulière qui aujourd’hui échoue à les rendre heureux. Peu à peu, les mots se sont substitués aux corps et le langage a remplacé le lit double comme lieu privilégié des ébats. Mais ce soir, leur joute rhétorique les amène aux limites du champ amoureux…
Après le succès de Table rase qui explorait les confins de l’amitié, Catherine Chabot prend la plume en solo et pose son regard juste et acéré sur les pérégrinations de la chambre à coucher.»
Entrez, nous sommes ouverts du Bureau de l’APA, ouvrira l’année 2018 du 11 au 20 janvier. «Appuyer sur un bouton est un geste qui n’a de nos jours rien de mystérieux. Pourtant, c’est à chaque fois un acte de foi, l’ouverture d’un chemin électrique dont nous ignorons la plupart du temps l’existence, l’apparition d’un passage que nous ne comprenons pas très bien et qui engendre des conséquences qui ont tout du « magique », de l’ensorcellement.
À travers l’exploration de certaines notions numériques et de connexions électriques, de déclencheurs, de pitons, Entrez, nous sommes ouverts se veut une réflexion politique et sensible sur l’apparition des idées, l’engagement et notre disposition à la transformation.»
En 2018, il y aura aussi Dis merci, où «quatre personnes préparent une fête pour souhaiter la bienvenue à une famille de réfugiés arrivant prochainement au pays. L’organisation de l’accueil, empreinte de bonnes intentions, s’embourbe dans les préjugés et devient rapidement inadéquate.» (26 janvier au 10 février)
Black Boys, en codiffusion avec le Black Theatre Workshop, «est une exploration engagée, intime et contemporaine des identités noires, queer et masculines.» La thématique est certainement d’actualité suite au grand succès du film Moonlight. Ici, ce sera sous forme de théâtre, danse et spoken word du 13 au 17 février.
Philippe Ducros signe le texte et la mise en scène de La cartomancie du territoire, du 27 mars au 7 avril 2018. Le spectacle se veut un road trip avec une récolte de témoignages dans différentes communautés des Premières Nations. «Qu’en est-il aujourd’hui du pillage culturel et économique des Premières Nations ? De cette violence ?», se questionne-t-il.
Finalement, le NTE, Urbania et ICI ARTV proposent une pièce par et pour les spectateurs et qui se jumelle à une websérie interactive. Ça s’appelle Alpha et Omega et ça se passe du 24 avril au 19 mai 2018.
La LNI s’attaque aux classiques sera aussi de retour pour une troisième année du 28 novembre au 9 décembre. Une reprise de Dans la tête de Proust sera également à l’affiche d’Espace Libre du 21 février au 17 mars 2018.
Avec son Comité spectateurs, Espace Libre offre à ses voisins de quartier de découvrir sa programmation et de discuter des oeuvres pour une troisième année de suite. La comédienne Ève Landry est la marraine.