Le MAP présente cinq expositions d’art public à Montréal
Le Mouvement Art Public (MAP) vernissait hier soir quatre expositions d’art public à Montréal qui se tiendront au cours de la prochaine année, jusqu’à l’automne 2014, de même que Les Intouchables d’Erik Ravelo, une exposition intérieure et extérieure, ainsi qu’une exposition spécialement conçue à Los Angeles.
À l’Espace Yves-Poulin
Un nouveau lieu d’intervention photographique voit le jour officiellement dans Hochelaga-Maisonneuve en l’honneur d’Yves Poulin, un prêtre ouvrier et un pionnier de l’animation sociale dans Hochelaga-Maisonneuve. L’Espace Yves-Poulin accueille Historia del paraiso de Dulce Pinzón. La photographe mexicaine, qui travaille et vit à Brooklyn, a réalisé ces œuvres dans un musée d’histoire naturelle tout juste avant sa démolition. Elle a utilisé des animaux empaillés, les papiers peints de paysages idylliques et des peintures botanistes trompe-l’œil, et employé les accessoires abandonnés des dioramas comme éléments symboliques de ses compositions. Son travail porte sur la perception changeante de nos rapports à la nature, mais aussi sur notre aliénation à l’histoire. Pour amplifier son propos, elle a juxtaposé à sa mise en scène paradisiaque des personnages stéréotypés des années cinquante. Ce mélange adroit donne un indice clair et incite le spectateur à prendre conscience de ses propres conceptions du monde actuel, une perception qui est communément influencée par des sentiments sociaux à la mode.
À la Place Émilie-Gamelin
Les pamphlétaires, cinéastes et poètes Richard Desjardins et Robert Monderie appellent à la révolte à travers deux de leurs films – Trou Story, qui porte sur le drame minier canadien, et Le Peuple invisible, qui raconte l’histoire et dénonce les conditions de vie actuelle de la nation algonquine du Québec. Avec l’exposition J’appelle à la révolte, de tout mon coeur, le MAP a isolé des images tirées de ces deux documentaires qui témoignent de la désolation d’un peuple oublié et ignoré et d’une nature spoliée par la loi du « laisser-faire » et par l’indifférence d’une société trop libérale et insouciante de son libéralisme. Chaque image est d’une simplicité remarquable par sa force d’évocation de la bêtise humaine et de l’acharnement d’une société à minimiser l’homme et à détruire son environnement. L’exposition est accompagnée d’un texte de Richard Desjardins qui appelle à la révolte.
Pour mieux comprendre le commentaire et la force individuelle de ces photographies, le MAP, avec la contribution de l’ONF, a ajouté des codes-barres sur les vignettes de chacune afin de permettre au spectateur de situer l’image dans le contexte du film dont elle a été extraite et d’en saisir le sens véritable.
Au Marché Atwater
Wanda Koop est une artiste originaire de Colombie-Britannique. Elle habite et travaille maintenant à Winnipeg, où elle a ouvert l’Art City, un organisme qui vient en aide aux jeunes en difficulté ou démunis en leur proposant divers projets pour développer leur créativité et les sortir de leur inconfort routinier. Son talent de peintre et son implication communautaire lui ont valu d’être nommée membre de l’Ordre du Canada en 2006.
Les scènes de guerre, le langage télévisuel et les paysages industriels tels que représentés par Wanda Koop ont fait d’elle l’une des plus importantes peintres canadiennes. La série de peintures présentée par MAP, en collaboration avec Galerie Division et l’arrondissement du Sud-Ouest, explore plus en profondeur le rôle et la place que tiennent la technologie et les médias dans nos vies, et ce que l’on fait de notre environnement. Le travail de Wanda Koop en peinture reflète aussi son engagement social et artistique. L’exposition est une combinaison de photos de plusieurs de ses nouveaux tableaux et d’œuvres créées à divers moments dans la carrière de l’artiste.
Une rétrospective a récemment été tenue au Musée des beaux-arts du Canada et à la Winnipeg Art Gallery. Ses œuvres se trouvent au sein de plusieurs collections corporatives, privées et muséales au Canada et à l’international.
Boulevard Monk
En collaboration avec le Mois de la photo de Montréal et l’Arrondissement du Sud-Ouest
L’artiste montréalais Jon Rafman détient un baccalauréat ès arts en philosophie et en littérature de l’Université McGill (2004) et une maîtrise en arts visuels de la School of the Art Institute of Chicago (2008). Ses œuvres ont été exposées à travers le monde, entre autres au Contact Photo Festival (2012) et au Museum of Contemporary Canadian Art (2012), à Toronto; aux Rencontres d’Arles (2011); au New Museum à New York (2010); au Musée d’art contemporain de Rome (2010); et au festival Ars Electronica de Linz, en Autriche (2010). Rafman est représenté par la Zach Feuer Gallery à New York, la galerie Antoine Ertaskiran à Montréal, la Seventeen Gallery à Londres et la M+B Gallery à Los Angeles.
Il fait partie d’un noyau d’artistes qui créent à partir d’archives de Google Street View et de fonds d’images. Le titre de sa série, The Nine Eyes of Google Street View (2008), fait directement allusion aux neuf caméras installées sur chaque véhicule hybride envoyé par Google Maps pour répertorier le monde. Rafman choisit des images d’évènements bizarres captés en cours de route par l’appareil automatique soi-disant impartial. Les résultats ainsi obtenus donnent des photographies troublantes qui défient toute compréhension rationnelle du monde. Tout comme dans la vidéo You, the World and I (2011), le quotidien devient mystérieux, déstabilisant et étrange.
Erik Ravelo – Les Intouchables
À la Maison de la culture Maisonneuve jusqu’au 15 décembre
Au viaduc de la rue Berri à partir du 15 novembre
À la veille de la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre 2013, le MAP présente Les Intouchables, une série de photographies percutantes et dérangeantes créée par Erik Ravelo, directeur créatif à la Fabrica (école de recherche en communication du groupe Benetton), représentant différents actes commis par les adultes qui tuent l’innocence des enfants. Victime des intentions malsaines des adultes, l’enfant portera toute sa vie la lourdeur de ces actes, telle une croix sur son dos. L’artiste cubain y met très habilement en évidence les gestes qui mènent au vol de l’enfance et la nécessité de la protection des enfants. Ces images sont tellement perturbantes que Facebook les a censurées. La symbolique du crucifix suscite présentement un tel inconfort que le MAP a choisi consciemment de diffuser les œuvres de Ravelo dans un contexte où les débats autour des valeurs profondes des Québécois sont confrontés à des choix de société.
À Los Angeles depuis le 15 novembre
Le MAP poursuit sa mission d’origine en utilisant des espaces habituellement réservés à de la publicité pour faire la diffusion d’œuvres intégrées au milieu urbain, mais cette fois-ci à Los Angeles. Pour une deuxième occasion, en l’espace de quelques mois et avec la participation de la Ville de Los Angeles et de la fondation Do Art, MAP expose sur vingt bancs d’autobus le travail de deux artistes californiens reconnus depuis les années soixante-dix pour leur grande contribution à la photographie contemporaine, Andrew Bush et Michael Jang.