Kaël Mercader: le Vélasquez de Microsoft Paint
Kaël Mercader s’inspire de la culture pop de champ gauche, de l’histoire de l’art et de la littérature pour réaliser des oeuvres décalées sur Paint. Oui, le logiciel pour PC permettant des créations de 24-bit.
« Je suis vraiment nul en informatique. Paint me semblait être ce qu’il y a de plus user friendly. […] Au début, je dessinais avec ma main droite sur la souris même si je suis gaucher. Mais à Noël, on m’a donné une tablette graphique. C’est vraiment là que j’ai pogné un autre niveau. »
Fils du caricaturiste José Mercader (à l’emploi du quotidien El Caribe à Santo Domingo en République Dominicaine), Kaël a pourtant développé sa pratique humoristique et politiquement engagée sur le tard. Drop-out du DEC en arts visuels, il a d’abord voulu « être plus sérieux » que son géniteur.
C’est au printemps 2012 qu’il trouve finalement sa voie qui, pourtant, aurait pu sembler tracée d’avance. Engagé dans la lutte étudiante, il commencera à créer des oeuvres sur Paint pour contribuer à la prise de parole des carrés rouges. Dirait-il aujourd’hui que c’est la politique qui l’a amené à son épanouissement en tant qu’artiste? Il hésite, puis répond: « L’actualité est une mine d’or de sujets drôles. Il suffit d’avoir un regard amusé au lieu d’être déprimé par l’élection de Philippe Couillard, par exemple. »
Enfant de la Basse Ville, et grand amoureux de Québec, Mercader entretient aussi d’étroits liens avec la scène musicale locale. Habitué du Pantoum, il y a même déjà exposé des oeuvres sur les murs du salon principal de ce grand loft servant aussi de salle de spectacle. Des oeuvres réalisées au feutre en noir et blanc.
Mais, attends, Kaël : fais-tu encore des dessins au feutre ou avec d’autres médiums plus traditionnels? « Oui. Hier, par exemple, j’ai fais une peinture à l’acrylique. Mais je trouvais ça frustrant parce que les cases ne se remplissaient pas toutes seules contrairement à Paint où je n’ai besoin que d’un clic. […] Je pense quand même m’y remettre. Après la victoire des libéraux, mardi, je suis allé m’acheter du matériel d’artiste pour me remonter le moral. »
Ses prochains projets: réaliser lapochette du prochain album Dragos et, espère-t-il, se remettre à la musique par la guitare et les synthés. « J’aimerais aussi faire des affiches de concerts et des expos. »
L’appel est donc lancé.