Une nouvelle installation pour Banksy : le Walled Off Hotel
Faisant de la controverse sa signature, l’artiste revendicateur Banksy dévoile maintenant une toute nouvelle œuvre massive au message très fort. Après avoir peint de nombreuses fresques sur le mur séparant le territoire palestinien d’Israël, il lance aujourd’hui sa plus récente installation : un hôtel tout à fait fonctionnel avec la «pire vue au monde». Situé en plein Bethléem, tout près du fameux mur, son Walled Off Hotel offre toutes les commodités d’un hôtel traditionnel, en plus d’être un message politique très clair. Quelle vue, tout de même :
L’ouverture de l’installation, qui fait suite au très populaire Dismaland de l’an dernier ([youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=1Vu-aAH66u8″]notre collaboratrice Maude Beaupré y était d’ailleurs allé[/youtube]), arrive juste à temps pour le début du centenaire de la prise de contrôle par les britanniques de la Palestine qui a selon l’artiste «aidé à déclencher un siècle de confusion et de conflit» dans cette région. Le projet a été entièrement monté et financé par Banksy lui-même, et le site web de l’hôtel insiste sur le fait qu’il n’est pas sponsorisé par quelque mouvement politique ou groupe de pression quel qu’il soit. Le but de l’artiste est simplement de «raconter l’histoire de la Cisjordanie de tous les angles possibles et de donner l’opportunité aux visiteurs de la découvrir de leur propre vécu.»
En ce qui a trait aux chambres elles-même, plusieurs options sont offertes aux plaisanciers. Dans le bas de l’échelle de prix, on pourra y loger pour la modique somme de 30$, ce qui donnera accès à une chambre «budget» contenant du matériel provenant de casernes militaires israéliennes. Tout en haut de la même échelle, on retrouve une suite présidentielle permettant à 6 personnes de vivre confortablement. Celle-ci contient, selon le concierge de l’hôtel, «tout ce dont pourrait avoir besoin un chef d’état corrompu, d’un cinéma maison à un jardin sur le toit en passant par une fontaine crée à l’aide d’un réservoir d’eau troué de balles. »
Mais l’attraction réelle demeure sans contredit les chambres créées spécialement par des artistes. Jusqu’ici, on en compte trois : une réalisée par Banksy lui-même, une par Sami Musa ainsi qu’une troisième conceptualisée par l’artiste montréalaise Dominique Pétrin. Les artistes ont voulu, avec leurs chambres, créer de véritables environnements où l’on a l’impression de vivre dans une œuvre d’art. D’autres artistes devraient s’ajouter à la liste dans les prochains mois.
L’idée derrière le projet est réellement d’engager une réflexion sur le dossier plus qu’épineux qu’est celui de la présence de ce mur entre les deux territoires. Banksy mentionne qu’il espère particulièrement y attirer de nombreux jeunes israéliens. De plus, il précise que l’art qui est exposé partout dans l’hôtel est un don à la communauté et à son combat. Toute personne tentant de voler ou de vandaliser celles-ci se verra arrêté et transporté au poste de police de Ramallah où elle sera jugée selon la loi locale. Banksy mentionne au passage qu’«aucun acte de fanatisme quel qu’il soit ne sera toléré sur les lieux»
Le Walled Off Hotel comprend également un musée dont la collection a été choisie par le Dr Gavin Gridson de l’Université d’Essex ainsi qu’une galerie présentant des œuvres sélectionnées par le Dr Housni Alkhateeb Shehada qui seront ouverts aux passants. En plus de tout cela, on pourra aller déguster des cocktails au piano bar à thématique coloniale de l’hôtel, où un piano automatisé jouera des «concerts pré-enregistrés» de 3D (Massive Attack), Trent Reznor et Atticus Ross, Flea, Hans Zimmer et plusieurs autres, chaque soir à partir de 21h. Voyez ci-dessous un extrait de la performance à distance, en direct, qu’Elton John y a présenté le soir de l’ouverture.
Les réservations pour demeurer au Walled Off Hotel débuteront dès le 11 mars, et le plan de Banksy est de le garder ouvert pour toute une année. Le site web de l’installation cite l’auteur et philosophe Aldous Huxley : To travel is to discover that everyone is wrong about other countries.