C’est avec stupéfaction que nous apprenons ce matin, 25 septembre, la mort de Nelly Arcan. Dans un communiqué bref, émis au milieu de la nuit, les Éditions Coups de tête annonçait la nouvelle, sans donner de détail sur les circonstances de sa mort. Depuis quelques heures cependant, le mot suicide circule abondamment sur la Toile.
Nelly Arcan, née en 1973, venait de terminer l’écriture d’un roman intitulé Paradis clef en main, à paraître cet automne aux Éditions Coups de tête.
Notre plus belle main d’écriture se serait donnée le mort…
C’est effrayant…impensable…
« …L’étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins;
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l’homme saigné noir à ton flanc souverain. »
(Rimbaud)
Quelle tristesse!
Jusqu’à nouvel ordre, je ne crois pas au suicide…
Avez vous lu ses textes?
Si oui, vous savez trop bien que le suicide est plus que probable…
Cette nouvelle m’attriste. Une écrivaine pleine de talents. Une femme brillante qui s’est fait elle-même. Son dernier roman traite du suicide justement. La douleur de vivre devait être trop grande.
Je n’aimais pas Nelly Arcan. En fait, je me faisais un plaisir de pester contre elle lorsqu’elle se pavanait en entrevue, faisant mine de ne pas aimer l’attention qu’elle s’efforçait pourtant d’attirer…
Non, je n’aimais pas cette blonde intelligente qui pourtant jouait les nunuches pour s’octroyer une quelconque notoriété.
En fait, je ne l’aimais pas du tout. Ce n’est pas son écriture que je n’aimais pas, mais les contradictions personnelles. Cette façon de ne pas assumer ce qu’elle dégageait. Je ne la jugeait pas, je ne faisais simplement que réagir à ses propos.
Mais ce matin, en apprenant la nouvelle de sa mort, des larmes ont coulées. J’ai été sincèrement attristée de savoir que la fausse bimbo blonde que j’aimais tant détester est partie, surtout dans les circonstances de sa mort. Elle qui avait tant apporté à la littérature québécoise, au jet set et au grand public québécois qui était friand d’elle. Elle aurait pu continuer, des années encore, à nous éblouir, ou a nous offusquer, mais elle savait faire naître en nous des sentiments puissants et palpables.
De plus, elle nous laisse devant un questionnement, une problématique inconcevable: si Nelly en finit comme ça, que nous reste-t-il à espérer, nous jeunes femmes et jeunes hommes de notre société québécoise? Une réflexion reste à faire, des informations restent à cueillir. Mais pour l’instant, une tristesse naît en moi.
Je ne peux que dire: repose en paix, petite Nelly…
J’ai écouté le 98.5 ce matin et son éditeur a expliqué que dans son livre Folle, la narratrice se suicide et que son livre, qui n’est pas encore publié, parle de suicide. Tout laisse croire que Nelly Arcan a passé plus d’un message dans ses livres mais en vain… Je n’ai jamais lu ses livres et je ne l’aimais pas vraiment mais il y a toujours moyen de trouver de l’aide. Je comprends que ce n’est toujours évident de détecter ça chez quelqu’un mais il y a tellement de ressources mais bon, on n’y peut rien. C’est qui est fait et fait.
@ Charles-Olivier Laplante : je lis très rarement les romans, je n’ai lu que quelques extraits de ses écrits; mais j’ai lu son commentaire à propos du décès de Réjean Thomas. La façon avec laquelle elle a abordé ce deuil me porte (portait) à croire que ce n’était pas quelque chose qu’elle envisageait pour elle-même…
Ceci étant dit, je viens de discuter avec des amies sur le sujet, et il se pourrait que son départ ait été effectivement planifié. Il faisait peut-être même partie intégrante de son projet de roman à paraître.
Ma vision des choses n’est peut-être pas populaire, je crois qu’un suicide est un meurtre prémédité contre soi-même, ce n’est pas un coup de tête… Une planification, sans « rollback » possible, est nécessaire pour forcer l’ego à accepter le sacrifice, à passer à l’acte.
Comme le dit Stéphanie Alcaraz, quel est le message? Quels sont les espoirs pour ceux et celles qui mènent le même combat de vie? Pour ceux et celles qui croyaient en elle!?
L’exemple à ne pas suivre…
Une réflexion profonde à faire sur l’avenir de notre société, sur ses valeurs en fait…
@ Rachel Dumais
Effectivement, il faut savoir qu’un écrivain révèle son identité dans ses écrits. Son empreinte digitale s’imprime dans les mots; même dans les fictions les plus abstraites, elle reste présente entre les lignes.
Je tiens à souligner que je ne crois pas que Nelly Arcan puisse être jugée coupable de son geste. La société (nous) l’est : pour ce que Nelly Arcan a vécu et souffert, et pour ce que cette société laisse faire (scandales, drogue, prostitution, $$$, etc).
Pour ma part, c’est Nelly Arcan, l’écrivaine, que je n’aimais pas.
J’ai détesté Putain. J’avais alors l’impression qu’elle faisait, bien en vain d’ailleurs, sa psychothérapie sur le dos du lecteur. Elle ressassait encore et encore, sans parvenir à déboucher sur quoi que ce soit. J’avais le désagréable sentiment de regarder un hamster courir dans sa roulette. J’ai vite conclu que j’avais mieux à faire de mes soirées.
J’ai tout même voulu lui donner une seconde chance et j’ai jeté un coup d’œil à Folle, que je n’ai pas mieux apprécié. Son malaise demeurait toujours aussi aigu et sans issue. Je ne suis donc pas vraiment étonnée d’apprendre qu’elle a mis un terme à sa vie.
Non, je n’aimais pas Nelly Arcand, l’écrivaine; mais je n’avais rien contre sa personne qui était, de toute évidence, profondément malheureuse. Je suis sincèrement désolée qu’elle n’ait pu identifier un moyen moins radical pour enfin accéder à la paix.
Il ne faut pas banaliser l’impact et les conséquences que le suicide d’une personnalité publique telle que Nelly Arcan peut avoir.
http://raymondviger.wordpress.com/2009/09/26/deces-de-nelly-arcan-suicide-et-detresse-d-une-personnalite-publique-impacts-et-consequences/
Je ne connaissait pas Nelly Arcan. À vrai dire, je n’ai qu’entendu son nom quelque fois, par ci par la. Ce qui me boulverse avec tout ca, c’est que je me reconnais à travers ce que j’ai lu sur elle, sa vie.
Tout ca porte à réfléchir sur la vie, sur ce que l’on est, sur notre monde et la façon dont on le percoit, lui et les êtres qui y vivent. On voit ce que l’on veut bien voir, mais parfois le vrai nous échappe.
Il faudrait peut-être tirer une leçon de tout ca…en tout cas, j’en tire une moi-même.
Nelly Arcan
Exploitée par le système, elle a explosée. Dans sa tête les idées s’entrecroisaient pêle mêle.
Paradis clée en main qui traîte d’euthanasie est d’une actualité désarmante.
Tu penses quoi de la haut, lorsque tu regardes cette humanité qui t’a fait plier l’échine.
En valions nous la peine.
Salut Nelly.