Bien que peu de précisions aient filtré sur les circonstances du drame, nous savons que la police traite la mort de Nelly Arcan comme un suicide.
Plus tôt, son éditeur français, le Seuil, émettait le communiqué suivant:
La jeune romancière canadienne Nelly Arcan s’est donné la mort hier à Montréal. Elle avait 35 ans. En trois livres, elle avait su imposer une des voix les plus singulières et les plus radicales d’outre-Atlantique. Son premier roman Putain, paru en 2001, brassait dans un lyrisme flamboyant tous ses thèmes de prédilection : la dictature planétaire de l’image, l’impossibilité d’un rapport innocent à soi-même, la pulsion de mort qui anime souterrainement les sociétés modernes. On évoqua Lautréamont, et l’on craignait une œuvre-météore, mais elle publia encore deux livres au Seuil (Folle, À ciel ouvert). Nelly Arcan se mettait en danger dans chaque texte. Le suicide était au cœur de son œuvre et de sa vie violente.
Je crois que nous avons tous bien hâte d’en savoir d’avantage à ce sujet. C’est une page de notre histoire qui vient de se tourner, des mots vivants et brusques qui n’auront d’échos que la mort, et celle aux yeux de ciel nous aura tenu en haleine jusqu’au bout. Sa mort, si c’est bel et bien un suicide, sera à l’image de sa vie: ambigüe et contradictoire. Le fait de sembler rayonner et pétiller de vie aurait été une façade pour cacher le mal de vivre? Sa beauté maquillée et mise de l’avant une tricherie pour dissimuler la laideur qui se trouvait derrière?
S’il y avait une laideur derrière, elle est le reflet d’une facette de notre société impossible à maquiller, facette sur laquelle nous continuons à fermer les yeux ou à baisser les bras, à laisser prendre du terrain…
Je l’ai lue, rencontrée, échangé quelques mots avec cette personne si délicate, si sensible, à fleur de vie. Elle ne jugeait pas les autres, son regard sur l’autre (sur moi) était limpide.
Je passe par toutes les émotions ce matin, la plus intense est de réaliser que le thème qui lui était si cher, l’apparence versus l’être, eh bien … il n’y a pas eu de réconciliation. J’aurais aimé lui dire que je l’aimais. Je suis atrocement gênée de penser à certains moments télévisuels où elle a eu à défendre son être vis à vis son paraître.
Tu as mon estime et mon admiration, Nelly Arcan.
Je suis sous le choc, ça passe difficilement. Il va être difficile de lire son dernier « Paradis clef en mains ». Je m’encourage en me disant que c’est son message, c’est donc le plus grand hommage que je puisse lui faire que de la lire avec passion et intensité. Elle prônait le droit au suicide, je lui accorde, il y a le droit au deuil, je me l’accorde.
La mort de Nelly Arcan me boulverse. Pour l’avoir lu et parfois croisé sur l’avenue du Mont-Royal, mais sans vraiment la connaître bien entendu.
Il y a des êtres pour qui les douleurs ou injustices de la vie sont trop lourdes à supporter.
Tout dépend de quelle côté on la regarde cette vie. Si je la vois lumineuse, je peux comprendre que certains puissent vouloir l’éteindre.
Sois en paix Nelly Isabelle
J’en ai dit du mal, souvent. À mes yeux elle avait tout, tout ce que j’avais toujours voulu. Reconaissance littéraire, beauté, gueule et confiance en soi. En fait j’étais jalouse. Profondément, salement. Voilà que tout ce que je lui enviais ne lui a pas suffit. Le mal de vivre l’a happée, dans toute sa puissance.
Belle Isabelle, je te demande pardon.
Le bonheur ce n’est pas d’être reconnue ou belle. C’est ailleurs. Ce qui est le plus difficile, c’est de trouver où est cet ailleurs. Je te remercie de me rappeler de le chercher.
Chère Nelly,
Jespere que tu vois enfin cette grande lumiere et quelle apaise les blessures,les déceptions,le mal interieur et les traces qui noircissait ta vie.
J’espere que tu trouvera enfin la paix pour qu’elle thabite a jamais. Je pris p…our que ton esprit trouve le réconfort…la sérénité…..J’oublirai jamais la force que j’ai vue dans tes yeux……..La force d’une combattante,et le courage d’une guerriere……Tu as si souvent bien dit les mots parfait que parfois j’avais l’impression que tu rentrais dans le mirroir de mes yeux et de mon âme.Repose en paix Nelly.
Désolation extrême et triste fiction
Nous perdons une femme malheureuse qui, bien au-delà de l’image et des mots, tentait de se tailler une place légitime dans ce putain de monde. Elle aura été avalée dans sa quête de pureté. Si seulement elle s’était acceptée comme nous l’acceptions dans sa sublime fragilité. Nous l’aimions dans sa transparence réelle: qu’elle le sache à ciel ouvert. Puisse la Folle du logis garder ses clés à jamais dans la paix!
Nelly Arcan a trouvé la paix éternelle. On ne juge pas la suicidée, on la laisse reposer enfin comme elle l`a souhaité.