Nelly Arcan Vs Guy A. Lepage: Nancy Huston s’explique
Voici un communiqué reçu ce matin de la part de Nancy Huston en lien avec l’affaire Nelly Arcan-Guy A. Lepage.
Montréal le 19 septembre – Suite à l’article paru dans le journal La Presse lundi le 12 septembre au sujet de Burqa de chair de Nelly Arcan, je tiens à préciser trois choses :
- je ne faisais pas allusion à « Tout le monde en parle » et à son animateur québecois, car je n’ai jamais vu l’émission en question, mais à une émission de la télévision française;
- s’il y a pu y avoir confusion, c’est que justement je n’ai cité le nom d’aucun journaliste ni d’aucune émission;
- j’ai explicitement demandé à Chantal Guy de ne pas inclure dans notre interview ce sentiment dont je lui ai fait part, concernant le rôle qu’ont pu jouer certains médias dans la détestation de soi de Nelly Arcan.
Étant en déplacement en Suisse quand cette « affaire » a éclaté la semaine dernière, je n’avais pas un exemplaire de Burqa de chair sous la main et ne comprenais pas comment la confusion avait pu se produire. Maintenant je comprends : c’est que j’ai lu Burqa de chair en manuscrit, et la petite notule de la page 93 précisant le nom de l’émission dont parle Nelly Arcan ne figurait pas dans le manuscrit. Je n’avais pas relu le livre depuis sa publication.
Je considère maintenant avoir apporté les précisions nécessaires et ne souhaite pour aucune considération revenir sur le sujet de cette malheureuse affaire.
Nancy Huston
C’est bien ça madame.
Une « malheureuse affaire » qui m’en dit long sur nos rapports avec nos écrivains atypiques.
Arrivée en ville à 17 ans,Nelly est allée plus tard s’inscrire en Lettres dans une de nos universités. J’ai lu « Putain » et « Folle », et il n’y a rien d’universitaire dans son écriture.
Même, je dirais que madame Arcan a gardé intacts dans sa manière, le langage et l’esprit de sa région d’origine, La Beauce.
Les Beaucerons, on le dit, ont la tête dure ,le verbe vif, l’esprit volage et récalcitrant devant les modes, comme nous l’ont bien montrés le Père Gédéon dans « La famille Plouffe » et les politiciens inclassables sortis de cette province d’un Québec par ailleurs plus enfirouapé que jamais dans ses grandes villes.
Mais je pense qu’avant toute chose, cette misérable émission de TLMEP où elle est mise en boite par d’habiles bonimenteurs, cela jette une lumière crue sur une vérité encore difficile à avaler en 2011. Écrivaine auto-didacte supérieurement douée, cette rebelle magnifique à l’écriture nulle autre pareille a déchainé les passions pour une raison fort simple: une intelligence supérieure. Une intelligence vaccinée à vie contre les diplômes de belle écriture et autres sottises radio-canadiennes. C’est très déplaisant, l’intelligence qui a du sexe, dans les romans de Nelly Arcan!!!
Monsieur Bourdonnais,
Je partage votre sentiment! Nelly Arcan a fait cadeau d’une voix unique à la littérature québécoise. Ses œuvres en constituent une très intéressante contribution. Je ne doute pas qu’avec le recul de l’histoire, on en arrivera à les juger marquantes et essentielles à notre jeune littérature.
Sa différence créait et crée encore le malaise, ce qui augmente d’autant l’intérêt de l’œuvre et la personne. Hélas, au lieu de se pencher sur les intéressants paradoxes qu’elle nous propose, divers médias ont choisi la facilité et la vulgarité avec une lourdeur accablante. Le ton a changé. Trop tard.
Ceci dit, et bien que je n’aie absolument rien contre les voisins de la Beauce, Lac-Mégantic fait bel et bien partie des Cantons de l’Est. Cette petite ville d’où je viens est bien sise au fond de l’Estrie.
Si vous aviez lu Burqua de chair, monsieur Bourbonnais, vous constateriez que c’est cette même dame qui a rédigé cette lettre présentée ici, soit Nancy Huston, qui fait la préface du livre de Nelly Arcand.
De mémoire, elle vante les mérite d’Arcand, celle de donner voix aux femmes et elle lui reconnait la valeur philosophique de son écriture, en en faisant ressortir son nihilisme.
Bref, une préface qui établit bien le noble statut d’écrivain à l’auteure et son apport littéraire à la société.
J’ai souffert avec Nelly Arcan lors de son passage à Tout le monde en parle. Je l’ai écrit dans un billet qui soulignait sa mort tragique. Permettez-moi de me citer : « À sa première présence à l’émission, Guy A. Lepage se moquait de son accent. « Où avec-vous pris ça ? », lui a-t-il demandé de façon méprisante. À sa seconde apparition, il l’a ridiculisée à cause de sa robe trop élégante selon lui pour la circonstance. « En voyez-vous beaucoup dans le studio avec de telle robe », lui a-t-il fait remarquer. C’est sans compter Martin Matte, assis à côté d’elle, qui se mirait effrontément dans le corsage de l’invitée. »
http://me.voir.ca/paul-proulx/2009/09/26/mourir-de-detresse/
Guy-A. Lepage et Dany Turcotte se montrent très béotiens avec certains invités. Ce fut aussi honteux de voir Dany Turcotte s’en prendre à la regrettée Andrée Boucher, mairesse alors de la ville de Québec. Il la traitait de la « Poune » municipale. Cette dernière lui a fait savoir le désagrément de son intervention. Ce ne fut pas mieux avec Janette Bertrand en lui disant que son jambon cuit avec du foin n’était pas bon. Qu’un invité ridiculise le repas de son hôte manque de savoir-vivre. Pas mieux avec Pierre Curzi afin de savoir s’il avait encore des érections à son âge. Je me demande pourquoi ne s’ingurte-t-on pas contre ces animateurs qui malmènent souvent leurs invités. Même si certains reçoivent un accueil bienveillant, d’autres, par contre, sont carrément insultés.