24h de création littéraire Entre parenthèses : Audreyanne Marcotte remporte la mise avec Phobie chronique
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24h de création littéraire Entre parenthèses : Audreyanne Marcotte remporte la mise avec Phobie chronique

La 23e édition du Marathon d’écriture intercollégial se déroulait le 1er mars dernier et après une dure compétition livrée tout de même amicalement, c’est Audreyanne Marcotte, du Cégep Garneau, qui s’est mérité le premier prix, pour son texte Phobie chronique.

Sous le thème « Entre parenthèses », le Marathon d’écriture intercollégial débutait le vendredi 1er mars à 13 h 30 pour se terminer le samedi 2 mars à la même heure. Les participants étaient réunis dans quatre collèges : Cégep André-Laurendeau (Montréal), Cégep de Drummondville, Cégep de Rimouski et Cégep Garneau.

Voici donc le texte de la gagnante, reproduit intégralement :

Audreyanne Marcotte
Cégep Garneau
Phobie chronique

Étonnamment, ce sont les yeux que je réussis le mieux quand je tente un trait de crayon. C’est peut-être parce que mes pupilles ont fait couler trop de bains. C’est peut-être aussi parce que c’est la seule partie de mon corps que je n’ai pas peur de présenter au reste du monde. C’est peut-être parce que je suis terrifiée qu’on me reconnaisse dans un miroir. Je me regarde de dos et j’ai peur.
J’ai peur des téléphones cellulaires parce que ça donne des tumeurs au cerveau. J’ai peur du steak haché parce que ça te rend folle, parce que vache, tu l’es déjà. J’ai peur de me faire entendre parce que j’ai peur de crier. J’ai peur de lui dire. J’ai peur d’avoir envie de lui. J’ai peur d’aimer. Aimer, c’est la pire épouvante qui puisse arriver. Tu fonces tête baissée, sans possibilité de retour, dans un cul de sac qui t’écrase contre un lit.
J’ai peur de me relever. J’ai peur de me tenir debout. J’ai peur de me coucher parce que les jeux sont pipés. Long, court, gros, lèche, pas lèche, baise, mais pas moi. J’ai peur de me réveiller ou de ne plus jamais. J’ai peur de parler parce que sa langue s’enfonce au creux de ma gorge. J’ai peur de me noyer si je saute à pieds joints. Pourtant, ce dont j’ai le plus peur, c’est de ne plus avoir peur, parce qu’alors je vais devoir commencer à vivre.