Le Goncourt à Lydie Salvayre et le Renaudot à David Foenkinos
Si la plupart des prédictions donnaient le Goncourt à David Foenkinos pour Charlotte (Gallimard), c’est finalement Lydie Salvayre qui l’a emporté avec Pas pleurer (Seuil), et Foenkinos s’est, quant à lui, mérité le Prix Renaudot. Les deux prix étaient remis aujourd’hui, au restaurant Drouant, à Paris.
Lydie Salvayre, avec Pas pleurer, raconte la guerre civile d’Espagne et ses révoltes, par l’entremise de deux voix qui s’entrelacent dans ce récit, celle de Georges Bernanos et celle de Montse, mère de la narratrice. Deux paroles pour deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée. Avec Pas pleurer, Lydie Salvayre signe son grand retour au roman.
Née en 1948 d’un couple de républicains espagnols exilés dans le sud de la France, Lydie Salvayre est l’auteure d’une quinzaine d’ouvrages et l’une des romancières françaises les plus reconnues de sa génération. Elle a obtenu le prix Hermès du premier roman pour La Déclaration (1990), le prix Novembre (aujourd’hui prix Décembre) pour La Compagnie des spectres (1997) et le prix François Billetdoux pour BW (2009). Elle est l’auteure d’une vingtaine de livres qui ont été traduits dans une vingtaine de langues et certains ont fait l’objet d’adaptations théâtrales.
Charlotte, de David Foenkinos, retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d’une œuvre picturale autobiographique d’une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C’est toute ma vie.» Portrait saisissant d’une femme exceptionnelle, évocation d’un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d’une quête. Celle d’un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
Né en 1974, entré en littérature en 2001 avec Inversion de l’idiotie : de l’influence de deux Polonais (Gallimard, prix François Mauriac), David Foenkinos s’est fait une spécialité des comédies douces-amères (Entre les oreilles, Gallimard, 2002; Le potentiel érotique de ma femme, Gallimard, 2004; En cas de bonheur, Flammarion, 2005). La Délicatesse (Gallimard, 2009) s’est vendu par centaines de milliers d’exemplaires, avant d’être adapté au cinéma par lui-même et son frère Stéphane. Les Souvenirs (Gallimard, 2011), quant à lui, sera bientôt transformé en film par Jean-Paul Rouve.