Nouveau joueur dans le monde du livre : Québec Amérique et Leméac fondent Nomade Diffusion
Un nouveau joueur s’inscrira désormais dans la chaîne de diffusion du livre au Québec. Les Éditions Québec Amérique et Leméac éditeur s’unissent pour fonder Nomade Diffusion, une nouvelle société – entièrement québécoise – de diffusion commerciale du livre.
Les deux éditeurs indépendants Québec Amérique et Leméac s’unissent ainsi dans l’adversité, alors que la chaîne du livre est présentement en réflexion sur son avenir et sa diffusion commerciale, un aspect crucial de la vie du livre. On se rappelle que depuis l’an dernier, Diffusion Dimedia et les librairies Renaud-Bray sont en conflit généralisé, suite à des changements aux conditions commerciales entre les deux parties et que les éditeurs en souffrent depuis.
C’est donc sans surprise que ce nouveau gros joueur naît pour faire un contrepoids aux difficultés économiques que vit la chaîne du livre, bien que les deux maisons d’édition n’opéraient pas par Diffusion Dimedia. C’est en se rassemblant que l’influence des maisons d’édition pourra se faire sentir davantage. Ainsi, cette initiative vise, tout d’abord, « à assurer un développement commercial élargi et personnalisé dans la promotion des ouvrages et des auteurs publiés autant au niveau du réseau des libraires qu’auprès du milieu académique ou du réseau des bibliothèques ».
Le directeur commercial Philippe Duboé-Laurence explique le mandat de Diffusion Nomade : « Dans le contexte actuel, soumis aux changements constants des habitudes et des pratiques tout au long de la chaîne du livre, le soutien au réseau des libraires est essentiel : ils sont les acteurs privilégiés de la diffusion et de la promotion du livre. Notre mission sera notamment d’assurer une meilleure visibilité des titres diffusés et de multiplier leurs points de vente afin de garantir à nos éditeurs et à leurs auteurs le meilleur rayonnement possible. »
L’équipe de Nomade Diffusion est active dès maintenant, avec une équipe de cinq représentants, et proposera « une approche unique de la commercialisation du livre en collaboration avec l’ensemble du réseau des librairies ». Nomade Diffusion sera distribué par Prologue et diffusera les ouvrages de Leméac et de Québec Amérique, en plus de ceux des Éditions Cardinal qui se joindront à Nomade à compter de janvier 2016. Pour le moment, les titres des Éditions Cardinal – qui ont rejoint Québec Amérique plus tôt cette année – seront distribués par ADP jusqu’au 31 décembre 2015 et la distribution du fonds de Leméac Éditeur continuera d’être réalisée par Socadis jusqu’au 1er mai 2015, date à laquelle elle rejoindra celle de Québec Amérique chez le distributeur Prologue.
Lucien Bonnet
1 h ·
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SCIENCES NATURELLES ET SOCIALES
Plaidoyer pour la publication scientifique francophone
Le physicien Pierre Demers invite les chercheurs québécois à faire plus d’efforts pour leur langue
31 août 2015 |Laura Pelletier | Éducation
Le physicien centenaire Pierre Demers, qui s’est battu toute sa carrière pour la survie de la science en français, dénonce un « défaut d’intérêt » pour cette lutte chez les universitaires du Québec. Si les vulgarisateurs réussissent à remettre le français en avant, les chercheurs en sciences naturelles et sociales semblent emprisonnés dans les normes de publication scientifique anglophone de leur milieu.
« En science, la langue française [subsiste] par la vulgarisation, et de façon admirable. Il y a les manuels, les livres de base, qui sont également fort bons, reconnaît M. Demers. Mais il y a un défaut d’intérêt » chez les chercheurs qui entraîne un manque de publications scientifiques récentes dans la langue de Molière, dénonce-t-il.
« Plus on va vers les études avancées, à la fine pointe de la recherche, plus les lectures sont à un grand pourcentage en anglais », renchérit Louise Dandurand, présidente de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).
http://www.ledevoir.com/…/plaidoyer-pour-la-publication-sci…
PREFACE DE «HAITI QUE LA LUMIERE SOIT!»
PAR LE PHYSICIEN CENTENAIRE PIERRE DEMERS
A QUI JE TIENS A RENDRE HOMMAGE AUJOURD’HUI !
Monsieur Lucien Bonnet me demande d‘écrire une préface pour son ouvrage. Je le fais très volontiers. Connaissant M. Bonnet depuis une quinzaine d‘années, je sais la sincérité de ses efforts pour préciser et mettre sur papier ses idées sur la couleur noire et je ne peux que l‘encourager à s‘exprimer de la façon qu‘il a choisie. Ayant effectué moi-même un « virage vers la couleur » en 1974, j‘ai été de plus en plus séduit par le caractère multidisciplinaire et profondément humain de ce domaine. La couleur ne peut se comprendre qu‘en relation avec le sujet qui la perçoit. La couleur n‘existe pas dans les rayonnements ni dans les objets. Elle n‘existe que dans le sujet percevant, au moment où ce sujet peut déclarer : je vois rouge, vert ou autrement.
C‘est là un premier aspect. Par ailleurs, on l‘a graduellement compris, depuis deux ou trois siècles, la connaissance rationnelle de la couleur ne peut s‘approfondir qu‘en faisant intervenir toutes les sciences : chimie, biologie, physiologie, physique, mathématiques. Or, encore une fois l‘être humain intervient, il est à la fois le créateur et le porteur obligé de toute science : il est doublement vrai qu‘il n‘y a pas de connaissance rationnelle de la couleur en dehors de l‘humanité. Je viens de mentionner les sciences exactes et naturelles, mais la connaissance de la couleur requiert encore les disciplines des sciences humaines et celles des arts plastiques, et il faudrait ajouter la mode, le commerce et la publicité et, bien sûr, ce domaine technico-artistico-commercial qu‘est devenu la photographie. En définitive, la couleur importe dans presque tous les domaines où s‘exerce notre activité ou notre réflexion.
Cet aspect d‘universalité humaniste de la couleur que j‘ai cherché à mettre en évidence apparaît dans le présent ouvrage. M. Bonnet n‘a pu trouver mieux, pour exprimer sa pensée sur la couleur, que lui associer sociologie et politique d‘une façon tout-à-fait originale.
Il faut dire que sa pensée est orientée vers la couleur noire. Hérésie pour un physicien dès l‘abord, sans doute, mais qu‘importe ! Il est entendu qu‘il n‘y a pas de rayonnement correspondant à la couleur noire : pour un physicien, le noir résulte de l‘absence de tout rayonnement perceptible par la vue. Il ne s‘agit pas de rayonnement noir comme celui d‘une source d‘infra-rouge, ce qui, permettant la vision nocturne, fut si pratique à sa façon et si mortellement efficace dans la guerre contre l‘Iraq ; il ne s‘agit pas non plus d‘ultra-violet, de cette « lumière noire » suscitant des fluorescences dans l‘obscurité ; il ne s‘agit pas de ces innombrables rayonnements Hertziens totalement invisibles à nos yeux mais qui déterminent les couleurs de nos écrans dans nos récepteurs de télévision.
Il s‘agit, dans l‘ouvrage de M. Bonnet, de la couleur noire pour ce qu‘elle est et pour ce qu‘elle représente. Tous les marchands de peinture d‘art ou de bâtiment vous vendront du noir, et il en existe plusieurs dans les nuanciers. Les échelles savantes de la colorimétrie selon Munsell ou Oswald, l‘échelle des imprimeurs, contiennent le noir à l‘une de leurs extrémités. Le noir a droit de cité.
Le noir, ai-je écrit, mais quel noir ? Le noir, est-ce une perception visuelle, ou voulez-vous dire quelqu‘un ? Le sens ordinaire du mot est double en effet. À la question posée : « Que pensez-vous du noir » ? Monsieur tout le monde répliquera en demandant si vous voulez parler de la teinture de deuil, d‘ailleurs de moins en moins pratiquée, ou du monsieur aperçu au magasin.
Et là se situe la transition entre l‘aspect étriqué quoique déjà doublement humanisé du domaine abstrait couleur, et cet aspect autrement et profondément humanisé de la couleur que vit et expérimente toute personne de couleur, de couleur noire bien sûr.
Cette transition, cette jonction entre trois aspects humanisés de la couleur, M. Bonnet a le mérite d‘avoir tenté de la faire reconnaître, de la réaliser. En définitive, son œuvre est autant sinon plus sociologique et politique que scientifique. De toute apparence, M. Bonnet est le premier à concrétiser cette tentative.
Faut-il déclarer sa tentative touchante ? Certainement, lorsqu‘on connaît un peu des problèmes apparemment insolubles du peuple haïtien. Faut-il la déclarer profitable au point de vue scientifique, de la part d‘un photographe qui obtient de « beaux noirs » sur ses épreuves couleur ?
Un physicien pur et dur dira non. Un physiologiste sera peut-être moins catégorique, parce qu‘il sait que les plages noires, dans un paysage autrement pourvu de lumières, correspondent à un mode d‘excitation distinct.
Et j‘invoquerai la mémoire de Gœthe et celle de Bachelard. Si Gœthe revenait, lui qui a écrit un long Traité des couleurs, il serait sûrement attentif à la démarche contenue dans l‘ouvrage de M. Bonnet. Gœthe, dans son Traité de 1820, a constamment cherché des interprétations basées sur des apparences extérieures, ou sur des expériences humaines, refusant les doctrines du physicien Newton, qu‘il considérait comme un adversaire ; dans sa « controverse » ou plutôt sa critique contre l‘Anglais Newton, mort au siècle précédent, se mêlent des ressentiments politiques. À la vérité, s‘il est vrai que Newton a parlé de boules de lumière, anticipant de deux siècles sur la découverte des quanta par Planck et de Broglie, il faut reconnaître qu‘il n‘a nullement aperçu le caractère ondulatoire de la lumière, découvert seulement après lui et après Gœthe par Fresnel.
Plus près de nous, Bachelard a présenté une critique de la théorie de Gœthe, critique qui m‘a fait comprendre la raison de l‘opposition farouche qu‘entretiennent les physiciens d‘aujourd‘hui, les purs et durs à tout le moins, envers cette théorie. Gœthe plaçait les couleurs sur un cercle, qui fermait, dit Bachelard, les perspectives de l‘imagination et de la réflexion sur la nature des couleurs et de la lumière ; la théorie de Gœthe ne suggérait par suite aucune extrapolation, aucune possibilité de découvertes nouvelles. Au contraire, le spectre linéaire résultant de la décomposition de la lumière blanche par le prisme de Newton suggérait l‘exploration de part et d‘autre, vers l‘au-delà du rouge, vers l‘au-delà du violet, exploration qui en effet devait se montrer féconde, avec les rayons X, avec les ondes Hertziennes. Toutefois, malgré l‘opinion adverse de Bachelard, certains physiciens et biomathématiciens croient que la structure circulaire de Gœthe pourrait être pourvue d‘une fécondité potentielle pour l‘interprétation du monde physique.
Et voilà ce que j‘ai trouvé à écrire pour présenter l‘ouvrage de M. Bonnet. Je n‘ai guère développé l‘aspect politique, celui de la négritude, mais M. Bonnet s‘en charge. Pour conclure, je dirai vive la liberté de parole, vive la liberté de s‘exprimer et de chercher sa liberté politique, vive Haïti et surtout, vive ce sympathique Lucien Bonnet qui s‘est trouvé bien au Québec et vive son ouvrage qui saura vous intéresser autant que moi !
Professeur Pierre Demers,
Physicien (Université de Montréal)
http://www.contact-canadahaiti.ca
http://www.bombardopolis.ca
Plaidoyer pour la publication scientifique francophone
Le physicien centenaire Pierre Demers, qui s’est battu toute sa carrière pour la survie de la…
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(LucienBONNET)