Musique

Retour: Rémy Girard enchansonne Claude Gauvreau

Nous étions sceptiques mercredi soir en nous rendant à l'Usine C pour voir la première de Rémy Girard enchansonne Claude Gauvreau. Après le passage de Rémy Girard à Tout le monde en parle, nous nous demandions si le spectacle allait nous offrir davantage qu'un simple chanteur, qui n'en est pas un, se lançant dans l'interprétation d'onomatopées sur des rythmes emprisonnés dans la décennie 80.

Quelques minutes après le début de la représentation d'une heure et demi sans entracte, nous étions soulagés, déjà sous le charme de l'œuvre de Claude Gauvreau. Car oui, le poète s'est illustré en jouant avec la sonorité et le rythme de la langue, mais le signataire du Refus global ne s'est jamais gêné non plus pour contester l'emprise du catholicisme sur la société québécoise.

Cette importante facette des écrits de l'artiste radical et visionnaire teinte agréablement le spectacle grâce aux lectures de Rémy Girard, dont la passion contagieuse pour Claude Gauvreau met peu de temps à transporter l'auditoire.

Certaines chansons de Jean-Fernand Girard (frère de Rémy, il signe les musiques) demeurent effectivement prises dans des carcans rock-funk et jazz-fusion qui ont mal traversé les années 90 et 2000, mais lorsque le compositeur travaille avec finesse sur des pièces plus classiques (piano / violoncelle), le résultat rend justice à la beauté des textes de Gauvreau.

Portant le spectacle sur ses épaules, Papa Bougon a pris un grand risque en choisissant la chanson comme principale véhicule d'expression, mais ses multiples sourires adressés à la foule et à ses musiciens relativisent le concept. C'est d'ailleurs en s'amusant avec les mots lancés par le public, sur un fond de musique reggae, que Rémy Girard arrive à nous faire comprendre toute la magie derrière l'écriture automatisme. Au fond, l'acteur ne se prend pas pour un véritable chanteur, mais plutôt comme le porteur d'une pensée qui, en 1940, a ébranlé les consiences tranquilles.

À voir pour le plaisir de s'immerger dans le monde de Claude Gauvreau, et non pour la richesse des arrangements musicaux.