Musique

Retour: Du Osheaga aux Francos

En se
levant hier matin, nous fantasmions déjà à l'idée de voir les Stooges, Malajube
et Wolf Parade dans la même soirée. Montréal, c'est toi ma ville!

Comme environ 13 000 mélomanes selon
les organisateurs, nous
nous sommes présentés avec entrain au parc Jean-Drapeau pour assister à la
première journée du festival Osheaga. Les
mauvaises langues auront beau dire que l'événement n'amène rien de neuf sous le
soleil, hier, nous étions fort heureux de déambuler de scènes en scènes au son
de différents groupes de tout acabit. Le temps passe vite au Osheaga. En un peu
plus de six heures, nous avions vu:

Beast (en remplacement
de Foals qui a annulé à la dernière minute)

La Patère Rose (qui a
donné un meilleur concert qu'aux Francos, moins ampoulé)

N.E.R.D.
(un rap'funk'n'roll plus démonstratif que convainquant)

Spiritualized
(super concert intense et sonique)

Duchess
Says
(la chanteuse Annie-Claude n'a pas mis de temps à se rouler dans la boue)

Le Husky
(sa nouvelle formule trio intime risque de l'aider à mieux maîtriser la scène)

Cat Power (calme,
un brin monotone, mais idéale pour manger peinard sur la colline)

Les Stooges
se sont enfin pointés sur scène vers 20h15. Avec les fans de la première heure
en tête, Iggy Pop, qui ressemble encore plus à une iguane qu'à l'époque, s'est
lancé dans un récital faisant la part belle aux vieux succès joués plus
rapidement que sur disque (I Wanna Be Your Dog, Search&Destroy, 1969, No
Fun
). Survolté malgré ses 61 ans, Iggy a passé le concert à sauter partout comme
un disjoncté. Annie-Claude des Duchess et lui s'entendraient à merveille. «Everything
is bullshit in rock'n'roll», a-t-il hurlé avant d'inviter les spectateurs à
monter sur scène pour chanter et danser avec lui pendant No Fun. Que ce type
soit encore capable d'une telle énergie, et d'une telle voix, malgré une vie d'excès
nous sidère. Chapeau!

Dès le
concert terminé, direction FrancoFolies pour attraper la fin du spectacle 20
ans, dans les dents. Arrivé au milieu du concert de Karkwa, nous ne regrettions
pas d'avoir abandonné les Killers. Louis-Jean Cormier et sa bande sont solides,
expérimentés et inventifs. Les arrangements de piano du dernier album mettent
tout le talent du claviériste Frank Lafontaine à l'avant-plan, sans doute l'arme
la plus redoutable du groupe. Professionnel et sans faux pas.

Ce qui ne
semblait pas être le cas de Malajube en début de concert. Mais on les aime
brouillon ces jubes, et on peut comprendre l'inconfort de se retrouver sur une
grosse scène aux Francos, devant les caméras de la SRC/TV5, alors qu'on vient de
passer sept mois à travailler sur un nouvel album. La formation nous a bien sûr
présenté quelques nouvelles pièces qui ne s'éloignent guère de son registre
explosif. C'est d'ailleurs ce son rentre-dedans qui nous séduit tant chez Malajube,
cette symbiose lourde menée par la guitare en distorsion, les claviers
enveloppants et cette batterie martelée. Le commentaire le plus entendu pendant
le concert: «T'as vu, Julien Mineau s'est fait couper les cheveux, ça lui donne
un look plus sage!»

Vers 23h,
nous nous croyions en mesure d'attraper quelques chansons de la prestation de Wolf
Parade au Métropolis, mais nous sommes plutôt arrivées à temps pour entendre le
dernier accord de la dernière pièce… Dommage, nous n'avions pas prévu que,
sorti de son Mile-End, un groupe pouvait terminer ses concerts à l'heure où il
les commence généralement…