Musique

Radiohead illumine Montréal

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(par Marie Hélène Poitras)

En me dirigeant vers le Parc Jean-Drapeau ce soir 6 août, je
cherche en vain les arc-en-ciel entre les nuages gris-mauve et les parcelles de
soleil. Le dernier album de Radiohead s'intitule In Rainbows, ça serait bon pour mon billet…

De retour au grand parc quelque 3 jours après qu'Iggy Pop
ait cassé la baraque (il fait bon vivre à Montréal quand on est mélomane) avant
de se faire piquer son stock, je constate qu'il y a pas mal plus de monde cette
fois, au moins 20 000 têtes de plus, pour patauger dans la bouette avec moi.
Plus difficile de se frayer un chemin dans la marée humaine.

Déjà résonnent les premières mesures de 15 Step. Vite vite. « Sorry About the Rain » s'excuse
d'emblée Thom Yorke. Ah bon, voilà qui explique bien des choses… Sous un
ciel plombé d'une beauté chargée, le fabuleux groupe d'Oxford entonne There
There
, avec un sono impeccable, il faut dire que Radiohead a le tour pour ça, pas
besoin bouchons, on entend les moindres modulations. Dans un contexte de show
extérieur, ce détail est apprécié.

Ensuite, le chanteur s'assoit au piano pour Morning Bell
sous un éclairage rougeoyant. Il faut dire que la scéno est assez médusante. De
longs tubes descendent du « plafond » et des jeux de couleur sur ces bandes
auront lieu tout au long du show, une belle idée.

All I need suit au moment où un nuage choisit de passer
devant le croissant de lune parfait, sur la gauche de la scène. Et puis Nude, et on
croirait que les longues banderolles se sont transformées en stalactites. Elles
deviennent ensuite de petites bougies comme décor à Weird Fishes/Arpeggi, l'une
des plus belles chansons d'In Rainbows. Une chute verte suit et The Gloaming.
Place à quelques morceaux plus rock; Thom Yorke devient épileptique. Comme le
groupe l'avait fait il y a deux ans à la Place-des-Arts, avec ses antennes Radiohead capte
un poste de radio au hasard : Gilles Proulx et ses lignes ouvertes (!) servent
d'intro à The National Anthem. Quelques feux d'artifices éclatent. Viennent
ensuite Reckoner, Like Spinning Plates, Jigsaw Falling Into Place, Lucky, Optimistic,
Idiotheque et Bodysnatchers en finale. À ce moment, Radiohead livre un combat
d'éclat et de couleurs aux feux d'artifices déchaînés.

Les pieds dans la boue et la tête dans les couleurs : les
voilà les arc-en-ciel, comme si Radiohead nous les avait offert pour se faire
pardonner les ondées. Il n'a que peu plu durant tout le spectacle. Un petite
bruine fine, presque qu'agréable.

Le rappel (généreux) commence avec Faust Arp. À ce moment
c'est la finale des feux d'artifices, et les détonations de ceux-ci plaqués sur
cette chanson plus douce jurent un peu, ce qui fait rire Thom Yorke – qui
n'hésite pas à ajuster ses paroles en conséquence.

Videotape, Pananoid Android et Karma Police suivent et au
moment où on quitte, les notes de la très tendre House Of Card s'élevent
dans le ciel indigo au-dessus des éclairages roses et turquoise. État de grâce.
Rien à voir avec les néons du métro bondé qui nous attendent. Dur retour au
réel après cette envolée extatique… Rendez-vous dans deux ans?