Musique

Tout s’achète, même les Loco Locass?

Un débat fait rage sur les blogues, Twitter et Facebook depuis la parution dans La Presse d'un article d'Hugo Dumas critiquant l'intégrité de groupe rap Loco Locass.

«Situation délicate pour le trio Loco Locass. Dimanche soir, Biz, Chafiik et Batlam participeront au spectacle-bénéfice que concoctent les lock-outés du Journal de Montréal au cabaret La Tulipe pour souligner leur première année complète sur le trottoir. Et quelques minutes plus tard, ils chanteront l'hymne de la ville de Québec en direct de l'auditorium de Verdun pour le début de l'émission phare de TVA, La série Montréal-Québec…

«Peut-on oser le mot opportunisme, ici, surtout que ce groupe a, par le passé, critiqué assez férocement les empires médiatiques québécois? Et suis-je le seul à ressentir un léger inconfort avec ce dédoublement?»

Membre du trio hip-hop, Biz n'a pas mis de temps à répondre via le nouveau blogue du journaliste indépendant Éric Parazelli.

«Disons qu'il faudrait vraiment nous chercher des poux pour nous reprocher de gagner notre pain en respectant nos valeurs. La série Montréal-Québec un concept québécois original, qui veut ramener la musique francophone dans les arénas. On trippe sur le hockey. On vient de Québec. On nous propose de faire une toune pour galvaniser l'équipe de Québec et rendre hommage à notre capitale. Yé où le problème?»

Le point de vue d'Hugo Dumas me semble tout à fait juste. Il s'agit bien d'une situation délicate pour les Loco. Les artistes fortement engagés doivent constamment mesurer la portée de leurs gestes. Ne cherchez pas pourquoi ils sont de moins en moins nombreux au Québec. Plus ils prennent position, plus leur comportement est scruté à la loupe. Tout faux pas est vite médiatisé, analysé et dénoncé.

De toute cette histoire – qui tombera dans l'oubli la semaine prochaine – je retiens une chose: "l'ouverture d'esprit" de Québécor qui n'hésite pas à engager un groupe, même si ce dernier a l'habitude de critiquer l'empire avec véhémence. Il serait donc possible d'appuyer les lock-outés sans se mettre tout Québécor à dos.