En réaction au projet NOISE lancé par le Service de Police de Montréal, une opération qui permet aux forces constabulaires de remettre des amendes encore plus salées aux bars et salles de spectacles bruyantes du Plateau Mont-Royal, le DJ et producteur Poirier s'adresse une fois de plus au maire Gérald tremblay dans une lettre publique.
MONTRÉAL : NIVELER PAR LE SILENCE
Monsieur Gérald Tremblay, maire de Montréal,
Monsieur Luc Ferrandez, maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal,
Monsieur Stéphane Bélanger, responsable du projet NOISE,
Le temps d'un week-end je suis allé jouer à Londres au Notting Hill Carnival – une gigantesque fête de quartier qui attire près d'un million de personnes en deux jours avec des défilés et des dizaines de haut-parleurs qui diffusent de la musique à haut volume dans les rues -, et quand je suis revenu à Montréal, j'ai découvert que le projet NOISE venait de prendre vie. Le jour et la nuit.
De quoi en retourne-t-il? C'est simple. Limpide. « Depuis la semaine dernière, un établissement qui laisse entendre de la musique hors de ses murs s'expose à des amendes allant de 1000 à 12 000 $ : c'est 10 fois plus que le tarif qui s'appliquait jusque-là aux personnes morales comme aux particuliers. » [I1]
Et pour encore mieux comprendre le contexte : « Le nouveau règlement contre le bruit a été adopté au milieu de l'été. La police du quartier (le PDQ 38), avec son projet NOISE, veillera à son application. L'augmentation des amendes pour les bars, restaurants et commerces fautifs est la mesure la plus sévère. » [I2]
Comme mesures on a rarement vu plus répressif. Vous êtes carrément en train de tuer le poumon musical de Montréal. Vous devez en être très fier.
Je ne souhaite pas déménager hors de Montréal, comme plusieurs de mes collègues musiciens/DJ l'ont fait (oui, l'exil artistique existe…), mais force est d'admettre que vous semblez m'y pousser.
C'est avec de telles mesures et amendes que vous comptez faire de Montréal une métropole culturelle?
Ghislain Poirier (Poirier – DJ/producteur)
[I1] Annabelle Nicoud (La Presse), « Le Plateau veut dormir tranquille », 1er septembre 2010
[I2] Ibid.
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