Musique

Comment un album s’est retrouvé en nomination à l’ADISQ avant même son lancement

En lice pour le Félix de l'Album ou DVD de l'année – Humour lors de l'Autre Gala de l'ADISQ lundi soir, le disque Stevenson aime Jean Clôde de l'animateur de radio et humoriste Marto Napoli s'est retrouvé en nomination trois jours avant même son lancement.

«Ça n'a pas été trop dur de berner l'ADISQ», explique celui qui anime l'émission du retour à la maison sur les ondes de Radio X2, à Québec. «Un peu avant la fin des inscriptions au printemps dernier, mon chum Jean-Claude et moi avons pris des feuilles de papier pour fabriquer les pochettes des 12 copies nécessaires au recensement. On a fait quelque chose de vraiment cheap, des petits dessins au crayon de plomb et aux marqueurs. On a utilisé 12 CD vierges sur lesquels nous avons gravé quelques sketchs et des chansons humoristiques, puis on a envoyé ça à l'ADISQ, spécifiant que l'album avait été lancé le 1er janvier 2010.»

Non-membre de l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo, Marto Napoli a soumis son album avec l'aide de Christian Noël de Batchef Communications, membre en règle de l'ADISQ, qui s'occupe notamment de la carrière de Pépé et sa guitare et des Batinses.

Désireux de pousser la blague, Marto décidait d'organiser un lancement d'album le 17 septembre dernier. 250 copies ont été produites pour donner à ses fans et amis. Or, trois jours avant l'événement, l'ADISQ annonce que Stevenson aime Jean Clôde est finaliste dans la catégorie Album ou DVD de l'année – Humour.

«L'ADISQ n'a jamais rien vérifié avant de mettre le disque en nomination. Les gens du scrutin possédaient les seules copies existantes de l'album. C'est complètement ridicule», poursuit Marto qui s'est moqué de la situation sur les ondes de Radio X2.

Quitte à défendre l'ADISQ sur ce point, que l'association accepte tous les albums soumis dans le cadre de son recensement, même les plus artisanaux, m'apparait louable et tout à l'honneur du regroupement de producteurs. Mais qu'il n'y ait pas de vérification avant de confirmer la mise en nomination d'un album témoigne d'un manque de sérieux flagrant dans le processus.

«Le jury a peut-être écouté et même aimé mon album parce que l'ADISQ l'a rendu disponible sur le site Poste d'écoute (trois pièces sont toujours en ligne), mais je me demande combien de disques ont été recensés dans la catégorie pour que Stevenson aime Jean Clôde fasse son chemin jusqu'au Gala.»

Mise au courant que Marto Napoli se vantait en onde d'être tellement bon humoriste que l'ADISQ nommait son album avant même sa parution, l'association a contacté l'animateur pour obtenir des preuves que le compact avait été lancé le 1er janvier 2010 comme spécifié sur le formulaire d'inscription. À ce sujet, Marto avoue avoir falsifié des documents. «J'ai reculé la date de mon ordinateur à septembre 2009 et j'ai produit une affiche de lancement fictif en plus de réimprimer, avec la nouvelle date, la facture pour la production des 500 copies de l'album. L'ADISQ m'a dit que tout était en règle.»

Si Stevenson aime Jean Clôde est passé de 250 à 500 copies produites en cours de route, c'est que sa mise en nomination a fait grimper la demande, preuve qu'être finaliste à l'ADISQ demeure un excellent argument de vente, malgré la facilité avec laquelle y arrivent certains albums. «Les 500 copies se sont écoulées. Impossible de trouver le disque en magasin. De toute façon, il n'avait même pas de code-barres.»

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