A Tribe Called Red : Échos des ligues majeures
Musique

A Tribe Called Red : Échos des ligues majeures

Où le trio électro ontarien aborde racisme, festivals… et Kanye West.

Alors que plusieurs mélomanes s’avouaient épatés ou encore déçus par le fameux Yeezus de Kanye West, une poignée d’utilisateurs de réseaux sociaux lançait – certains à la blague, d’autres sérieusement – que Black Skinhead, le premier single de l’oeuvre, semblait inspiré d’Electric Pow Wow, brûlot retrouvé sur l’album homonyme de la formation ontarienne A Tribe Called Red qui, l’année dernière, surprenait le Canada – d’une rive à l’autre – avec une livraison combinant habilement rythmiques dubstep et culture musicale des Premières Nations. «Oui, j’ai vu passé ces tweets. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on l’a inspiré, mais je crois comprendre que ce ces gens veulent dire. C’est vrai que les chants aigus de sa chanson ressemblent un peu à ce qu’on pourrait entendre dans un pow-wow», fait valoir Ian «DJ NDN» Campeau.

Voir : Que ça soit vrai ou non, des gens croient qu’A Tribe Called Red a inspiré Kanye West. Vous en êtes là!

Ian Campeau : Je ne voulais pas en faire un cas, mais oui. C’est très flatteur!

Black Skinhead

Electric Pow Wow

L’allégorie du pont

Plus tôt cette année, les compères dévoilaient Nation II Nation, un deuxième jet qui a été aussi bien accueilli que le premier, voire mieux. Exclaim lui a donné la note de 9 sur 10 alors que, du côté du Voir, Laurent K. Blais l’a qualifié de «pont interculturel qu’on recommande de franchir le plus souvent possible». Et la métaphore suscitée par le collègue Blais est plutôt juste à en croire des propos de Campeau retrouvés dans les pages du Ottawa Citizen où il abordait l’aspect visuel de certaines prestations du groupe où on projette des images hyper clichées des Premières Nations glanées ici et là.

Pour se justifier, le producteur avait confié que ces représentations étaient tellement stéréotypées que le public présent réalisait qu’elles étaient, en fait, racistes. «On tente de “changer la lentille” en projetant ces vidéos dans ce contexte. Une fois qu’on a leur attention, on glisse notre pied dans une porte entrebâillée pour qu’elle ne se ferme pas. On veut que ça se discute», avait-il lancé en juin. Des semaines plus tard, Campeau en rajoute. «Un changement de paradigme s’opère, en effet. Par exemple, de moins en moins de personnes se pointent à nos soirées avec des peintures de guerre au visage. On doit expliquer de moins en moins souvent pourquoi c’est «mal» d’en porter. C’est un travail de longue haleine.»

De nouveaux joujoux 

Malgré les attentes élevées – leur disque précédent a été considéré pour le prix Polaris, récompense remise au meilleur album canadien, quand même! – la tribu dit avoir gardé la tête froide en abordant Nation II Nation. Mieux encore, les beatmakers se sont amusés avec de nouveaux jouets. «On s’est associé à Tribal Spirit Music, une étiquette qui se spécialise dans la musique de pow-wow. Celle-ci nous a prêté son catalogue entier en échange de musique remixée. Plutôt que passer deux années à rassembler assez de rythmiques de tambours pour se lancer dans un nouvel album, on avait soudainement un catalogue entier!»

Au cours de l’été, on pourra voir A Tribe Called Red au Festival international de Jazz de Montréal, au Festival d’Été de Québec, au Bluesfest d’Ottawa ainsi qu’à Osheaga alors que la bande poursuivra sa tournée nord-américaine. Interrogé sur le modus operandi de la troupe qui alterne entre les concerts en tête d’affiche et les prestations lors de festivals, DJ NDN y va d’une image vieille comme le monde, mais qui s’avère quand même efficace : laisser parler la musique. «Lorsque nous participons à un festival, on se dit que les gens qui demeurent devant notre scène sont venus voir A Tribe Called Red. On joue donc nos propres pièces. Lorsqu’il est question de concerts où nous sommes le centre d’attention, on préfère plutôt faire la fête avec les gens. On joue donc notre matériel en plus d’inclure des pièces dansantes d’autres artistes. Vous savez, avant d’être A Tribe Called Red, nous étions DJs alors on doit toujours trouver un moyen de faire danser les gens. Toujours!»

En concert le 2 juillet au Club Soda dans le cadre du FIJM, puis le 9 au Festival d’été de Québec, le 10 au Ottawa Bluesfest puis le 2 août à Osheaga.

atribecalledred.com

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