FIJM : Gregory Porter, soul vérité
On le décrit comme l’héritier de Nat King Cole et de Marvin Gaye, des influences totalement assumées. Champion poids lourd du jazz soul, Gregory Porter revient groover avec nous au FIJM.
Faut-il remercier le Destin pour cette blessure accidentelle à l’épaule qui a obligé un jeune Gregory Porter à renoncer à la carrière de footballeur qu’il avait choisie pour plutôt embrasser une vie de jazzman? Bercé par le gospel dès la tendre enfance, vite découvert par le pianiste et saxophoniste Kamau Kenyatta puis par le flûtiste Hubert Laws, le chanteur californien a connu une ascension fulgurante notamment grâce à un succès retentissant en Europe. « C’est assez incroyable, l’accueil que mes disques et mes concerts ont reçu en France, en Angleterre, en Hollande dès mes débuts, » se rappelle-t-il avec un petit rire dans sa voix de stentor. « Dans le milieu, on m’avait dit : si ça décolle pour toi là-bas, ton avenir sera assuré. Mais je n’avais jamais imaginé que ça marcherait si fort! »
De part et d’autre de l’Atlantique, les critiques l’ont apparenté tour à tour à Nat King Cole et à Marvin Gaye (lui-même disciple du grand Nat). La réflexion sur ces influences, Gregory Porter l’a manifestement faite. «Nat King Cole ne m’a pas plus marqué que Marvin; on retrouve son influence partout. J’ai écouté le plus récent disque du guitariste et chanteur George Benson (Inspiration. A Tribute to Nat King Cole) et c’est quand même fou que Benson et moi, qui appartenons à des générations pas si proches, puissions puiser autant de choses chez Cole. » Et quand je lui demande d’élaborer sur ce qu’il a hérité du pianiste et crooner californien, incarnation du cool, Porter répond sans hésiter. «Cette manière qu’il a de s’investir émotionnellement dans le texte d’une chanson, même une bluette, d’en faire quelque chose de vécu, de personnel, de sincère. C’est une grande leçon, qui n’a rien perdu de sa validité. »
Aux États-Unis, Porter a d’abord triomphé sur les planches, notamment au sein de la distribution de la comédie musicale It Ain’t Nothing But the Blues présenté devant des salles combles et enthousiastes de Washington D.C. et de Broadway au tournant du siècle. Grâce à cette expérience théâtrale, le signataire des albums Water et Be Cool prétend avoir acquis « une certaine assurance sur scène, une meilleure projection. et une manière plus vraie d’incarner une histoire, un propos. »
Cette sincérité, qui est la marque des grands artistes, il l’admirait beaucoup chez Bill Withers, autre grande figure logeant au carrefour de la musique jazz et de la soul, à qui on a souvent comparé Gregory Porter. « Vous savez, ça m’a toujours un peu gêné que mon nom côtoie celui de géants de ce calibre dans une même phrase. Mais ce qui me vient des Cole, Gaye, Withers et compagnie, c’est la volonté d’utiliser la chanson pour exprimer des choses vraies sur notre vie de tous les jours, notre spiritualité. C’est ce qui m’inspire au fond. Je veux pouvoir chanter des choses vraies qui se marient tout naturellement aux ambiances que mon groupe distille en musique.»
À VOIR
Le 1er juillet au Club Soda dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal
À ENTENDRE
Be Good (Lion’s Song) de Gregory Porter http://www.youtube.com/watch?v=9HvpIgHBSdo
À ÉCOUTEZ SI VOUS AIMEZ
Nat King Cole, Marvin Gaye et Bill Withers