Réseau des conservatoires en danger : Yannick Nézet-Séguin s’adresse à la Ministre Hélène David
Depuis quelques jours, la menace plane sur les conservatoires de musique et d’art dramatique, après que la Ministre de la Culture et des Communications Hélène David ait mis de l’avant une volonté de revenir au déficit zéro chez ces institutions. Le réseau des conservatoires présente un déficit d’une dizaine de millions de dollars et la rumeur actuelle met la hache dans l’organisation du réseau et son budget, remettant ainsi en question l’existence des conservatoires régionaux de Val-d’Or, Gatineau, Trois-Rivières et Rimouski (de l’Estuaire), en plus de questionner celle des conservatoires des métropoles de Montréal et Québec.
Bien que la porte-parole de l’opposition en matière de culture, Véronique Hivon, ait demandé à la Ministre David de s’engager à maintenir les conservatoires en région, aucune déclaration en ce sens n’a été faite.
Si l’OSE, à Rimouski, semble s’organiser pour mettre en branle des moyens de pression auprès du gouvernement libéral, d’autres directions de conservatoires emboîtent aussi le pas, de même que des musiciens issus du réseau des conservatoires. De ce nombre, le chef de l’Orchestre Métropolitain Yannick Nézet-Séguin a signalé son appui au réseau des conservatoires en envoyant ce matin une lettre à la Ministre de la Culture et des Communications Hélène David. Nous la reproduisons ici intégralement, telle que publiée sur la page Facebook du chef d’orchestre.
Montréal, le 17 septembre 2014
Madame la Ministre de la Culture et des Communications Hélène David,
Toutes sortes d’informations des plus inquiétantes circulent en ce moment au sujet de l’avenir du réseau des Conservatoires de musique et d’art dramatique du Québec. Permettez-moi, en mon nom et en celui de mes nombreux collègues et amis de l’Orchestre Métropolitain qui y ont, tout comme moi, reçu une formation d’une qualité exceptionnelle, de vous adresser ces quelques mots.
À l’instar de la population en général, nous sommes conscients et sensibles aux défis de nature économique auxquels le Québec est confronté actuellement. Mais quelle autre nation peut se vanter de ne pas faire face à de tels défis ? D’entrée de jeu, il faut reconnaître que le monde de la culture, notamment le réseau des Conservatoires a déjà fait, par le passé, l’objet de coupures importantes. Celles-ci ont eu pour conséquence de fragiliser une institution phare s’il en est une, qui a fait ses preuves et devrait, plutôt que de lutter pour sa survie, se concentrer sur son mandat premier, celui de former les musiciens et les comédiens professionnels de demain.
Inspirés des grands conservatoires européens, l’enseignement qui y est offert se caractérise – depuis sa fondation – par la sélection des candidats les plus prometteurs, la valorisation de la relation maître-élève et l’accompagnement personnalisé.
Vous savez tout comme moi que, ce réseau, qui s’étend de Val-d’Or à Québec, de Rimouski à Gatineau, en passant par Saguenay, Trois-Rivières et Montréal, a donné et donne encore au Québec un rayonnement exceptionnel, et ce, même au niveau international, grâce à des artistes tels que Karina Gauvin, Marie-Nicole Lemieux, Marie-Josée Lord, David Jalbert, Marc Hervieux, Angèle Dubeau, Jacques Lacombe, Alain Trudel, pour n’en nommer que quelques-uns. Peu importe l’endroit où ces grands artistes se produisent, ceux-ci se font le porte-étendard de cette grande institution qui assure, rappelons-le, une formation professionnelle continue, allant du niveau élémentaire à la maîtrise universitaire. Il faut aussi reconnaître que le milieu musical québécois est largement constitué d’artistes ayant eu le privilège de fréquenter l’un ou l’autre des Conservatoires; plusieurs y enseignent désormais et contribuent ainsi au renouvellement des musiciens professionnels de demain, toujours avec les standards de qualité uniques à l’institution, mais dans un contexte, reconnaissons-le, affaibli par les nombreuses coupures subies au fil des ans.
Madame la Ministre, nous sommes convaincus de l’importance capitale du réseau des Conservatoires pour le Québec. Il faut non seulement préserver et assurer la pérennité de cette grande institution, mais aussi lui permettre de se développer, de s’épanouir et permettre enfin à ses artisans de se concentrer sur autre chose que leur simple survie. Ils pourront ainsi rassembler leurs énergies et se concentrer ensemble sur l’essentiel : l’enseignement aux élèves.
La culture, c’est notre plus grand trésor. C’est notre futur qui se souvient de son passé. La qualité de vie de toute notre société est en jeu.
Yannick Nézet-Séguin et les musiciens de l’Orchestre Métropolitain
« À l’instar de la population général, nous sommes conscients et sensibles aux défis de nature économique auxquel le Québec est confronté actullement. » … Les termes « à l’instar » n’ont aucune place dans ce texte . Les termes « tout comme la population en général » aurait été plus avisé de la part de cet artiste qui vient encore une fois nous prouver qu’ils se croient en tout point meilleur que le reste de la population ,car c’est bien connu : il faut être un artiste/hippster pour être au fait des Finances publiques…
« À l’instar de » veut justement dire « Tout comme ». Cette personne se place justement au même niveau que l’ensemble des citoyens. Que vous reste-t-il à lui reprocher désormais ?
Je suis vraiment désolée de lire un commentaire comme celui de Maxime. De la projection peut-être?
Un rapport publié en 2014 par le CQPV indique qu’aucune formation en musique traditionnelle n’est dispensée dans les conservatoires de musique au Québec (pp. 74-76). Le mandat de la société d’État inclut pourtant en théorie cette esthétique, pratiquée par bon nombre de citoyens qualifiés. Cette situation pourrait en outre constituer un frein à la diversité culturelle ainsi qu’au développement du patrimoine immatériel au Québec, et instituerait, en l’absence de fonds ailleurs dévolus à l’enseignement de la musique traditionnelle, un forme de concurrence déloyale. Il est ainsi recommandé d’offrir des cours de musique traditionnelle du Québec au conservatoire et de soutenir adéquatement les organismes qui offrent une telle formation.
Pour représenter un très conservateur 1% de la formation musicale, « L’enseignement de la musique traditionnelle accuserait au Québec un manque à gagner de plus de 750 000$ en argent public par année ou son équivalent en ressources » (p. 75).
http://patrimoinevivant.qc.ca/wp-content/uploads/2009/10/Etat-des-lieux-du-patrimoine-immateriel-2.pdf
Bravo Monsieur Nézet-Séguin pour votre belle lettre d’indignation. Sauf que… Quand on rampe aux pieds des empereurs du fric comme Desmarais, on les cautionne, et alors, il faut arrêter de verser des larmes de crocodiles, quand les gouvernements qu’ils installent (Libéraux ou Conservateurs) coupent dans la culture subventionnée à grand coup de hache.
Pitoyable