Ratatat : Se réinventer sans le chercher
Ratatat a enfin lancé la suite de LP4, Magnifique, en juillet dernier. Quelques jours à peine avant le passage du groupe à Montréal, Evan Mast m’a accordé quelques minutes au téléphone.
Le duo brooklynois RATATAT sait se laisser désirer. En effet, il aura fallu un peu plus de quatre années d’attente avant que les fans de la formation aient la chance d’entendre du nouveau matériel après l’excellent LP4. La suite a donc finalement pris la forme de Magnifique, un album enregistré dans pas moins de quatre studios différents, de la Jamaïque à New York.
« Nous avions commencé à travailler sur Magnifique pendant la tournée pour LP4, explique Evan Mast, mais ce n’était que des esquisses. On a volontairement pris un peu de recul et de temps pour souffler après les années intenses qu’on été la période LP3/LP4. Le temps que ça a pris pour finaliser cet album est autant dû à ça qu’au fait que nous avons réfléchi longuement sur la forme que nous voulions qu’il prenne. »
Sage décision s’il en est. Force est d’admettre que le groupe, bien qu’il soit tout à fait reconnaissable à travers les quatorze pistes du nouvel album, a su explorer des recoins moins habituels dans sa musique. « On n’a pas pris la décision consciemment de nous réinventer. Le but était tout simplement pour nous de continuer à faire ce qu’on faisait auparavant, mais en raffinant certains éléments. On a épuré l’instrumentation comparé aux deux albums précédents, mais inévitablement quand on se met ensemble, ça finit toujours par sonner Ratatat. On a pas besoin d’essayer de faire en sorte que ça arrive, ça nous vient naturellement. »
Pour ce qui est de la composition, le duo passe beaucoup de temps à réfléchir aux harmonisations de guitare plutôt que de se lancer dans de longs jams, mais c’est tout de même lorsqu’ils se mettent ensemble que la magie passe. S’étant isolés quelques temps en Jamaïque, ils ont eu l’opportunité de se débrancher du monde « normal » et d’essayer de trouver la direction finale que l’album allait prendre.
« Ce n’est pas là-bas que le plus de musique s’est créée, on a passé pas mal de temps à se baigner et à relaxer. Mais ça a tout de même été un moment clé de la création de Magnifique, car on s’est concentré sur la vibe plutôt que les sons et instruments. Les Caraïbes ont définitivement teinté l’album, particulièrement dans les chansons plus calmes ou le slide-guitar est mis de l’avant. Je pense que ma pièce favorite de l’album est Drift, un morceau beaucoup plus tranquille que ce que l’on a l’habitude de livrer. »
Pour ce qui est de se présenter sur scène avec du nouveau matériel à livrer, Evan est content d’y revenir. « Il arrive un point quand tu es en tournée depuis plus d’un an à jouer les mêmes chansons où tu ne voudrais rien de plus que de revenir avoir une vie normale à la maison, mais on a vraiment pris le temps de prendre une pause. Ça fait énormément de bien d’être de retour sur la route. Nous revenons à peine de deux semaines en Europe, où nos concerts avaient l’habitude d’être beaucoup plus petits qu’aux États-Unis; mais là, on a fait des gigantesques festivals là-bas. C’était extrêmement épuisant, mais c’était un sentiment incroyable de sentir que notre dernier album a réellement eu un gros impact là-bas. C’est toujours stressant d’arriver en concert avec des chansons que les gens connaissent moins, mais jusqu’ici la réponse du public est incroyable. »
Ratatat promet à son public un tout nouveau concert. « On est reparti à zéro pour tout ce qui est du visuel des performances. Les vidéos des anciens morceaux ont été revus, et on a créé de nouvelles animations pour toutes les nouvelles pièces du set. Nous sommes très impliqués au niveau du visuel de nos performances, c’est important pour nous que l’expérience soit intense de différentes façons pour le public. Ah! J’allais oublier. On a maintenant un paquet de lasers, c’est assez extrême. Y’a du monde qui trouve les lasers cheesy, mais personnellement j’adore ça! »
Ils seront toutefois encore seulement deux sur scène, sans musicien invité. Leur position là-dessus est claire : « Dès que tu engages des musiciens pour venir jouer live pendant une tournée, ils voient nécessairement ça comme un emploi. Pour nous, qui sommes très personnellement impliqués dans la musique qu’on livre et sa diffusion en concert, ça ne peut pas coller avec des gens externes au projet. On est tout simplement trop passionnés par ce qu’on fait pour y introduire des personnes qui ne seraient que de passage le temps de quelques concerts. »
Bien que rien de concret ne soit encore dans les plans, Evan confie qu’ils ont déjà commencé à travailler sur du nouveau matériel qui pourrait se trouver sur un éventuel sixième album. D’ici là, Magnifique devra satisfaire les amateurs du groupe, qui sera en prestation devant une salle comble le 1er septembre prochain, au Métropolis de Montréal.