Ego Death : Allier intimisme et flexibilité
Projet récent du musicien de Québec Joey Proteau, Ego Death présente des ballades aux couleurs folk, presque fantomatiques. Entretien avec l’auteur-compositeur-interprète derrière ces chansons vibrantes.
Issu d’une scène résolument plus punk avec le défunt groupe Modern Primitive, Joey Proteau évolue désormais sous un pseudonyme et un style bien différents : Ego Death. Adoptant sous ce nom une attitude beaucoup plus apaisée, il tisse désormais des compositions intimistes où la guitare acoustique côtoie une section de cordes qui vient ajouter une toute nouvelle dimension à ses idées musicales.
Le principal intéressé confie qu’il n’a toutefois pas eu à modifier beaucoup son approche de l’écriture et de la composition : « J’ai toujours été attiré par un son plus folk, par les ballades plus tranquilles. En fait, j’avais déjà enregistré ces chansons-là sur mon 4-track tout seul chez nous, pas nécessairement dans le but de les sortir. C’était plus un besoin de sortir quelque chose d’en-dedans. » Bâtissant d’abord ses chansons autour d’une guitare acoustique, de manière un peu instinctive, Joey les adapte ensuite à la formation qui les jouera. C’est donc dire que peu importe le style final de la pièce, il a toujours eu l’habitude de les construire de façon plus minimaliste.
L’avenue qu’il emprunte avec Ego Death était donc naturelle, presque pré-déterminée. « Il y a définitivement un parallèle à faire entre la musique punk que je faisais avant et celle-ci. C’est une question d’intention. Oui le son est différent, mais ça reste que ça sort de moi. J’y ai juste mis des couleurs qui allaient avec l’émotion que je voulais mettre de l’avant à ce moment-là. » L’idée est intéressante, quand on y réfléchit. Alors qu’une chanson peut être interprétée de manière très rock en groupe, ses composantes lui permettent également de se prêter à une instrumentation beaucoup plus minimaliste, voire à un soliste chantant et s’accompagnant à la guitare acoustique. La même oeuvre peut tout aussi bien se prêter à une version pour orchestre, à condition de bien réaliser les arrangements.
C’est après avoir fait écouter les versions démo de ces chansons inédites à son ami Simon Pedneault (qui a finalement co-réalisé le premier EP d’Ego Death, Grief) que le projet de Joey Proteau s’est mis en branle. Puisant dans cette petite enregistreuse quatre pistes, les deux comparses se sont attelés à la tâche de polir ces petites perles, les entourant d’arrangements pour cordes, livrant sur Grief un son unique. « Simon m’a donné un bon coup de main, il m’a aidé à vraiment aller chercher le plus de substance possible dans mes idées. Il a été comme un genre de pédagogue, réussissant à faire sortir le meilleur en poussant les arrangements le plus possible. »
Lorsqu’il travaille ses textes, Joey trouve d’abord les mélodies. Il s’assoit avec sa guitare, et quand la ligne de voix a pris forme, c’est la couleur de celle-ci et des accords qui le guide dans l’écriture. À force de chanter, les mots se forment d’eux-mêmes, se mutant lentement en phrases, jusqu’à ce que le tout soit cohérent. C’est une méthode qui donne place à des textes très personnels et introspectifs, puisque les mots coulent de son inconscient, presque mus d’une volonté qui leur est propre. « Bien qu’actuellement mes textes se rattachent à mon vécu, à ce qui est en-dedans de moi, j’ai envie d’aller ailleurs. Pour le prochain album, que je suis en train de composer, je me donne le défi d’aller m’inspirer dans des faits extérieurs. Je ne veux pas tomber dans des messages politiques, des grosses prises de position, mais je veux renouveler un peu ma manière d’écrire. »
En concert, l’idée de formation amovible s’applique également pour Joey. Bien qu’il essaie de faire le plus souvent possible les prestations avec un full band, il lui arrive de présenter les morceaux en solo, de manière plus intime. « J’aime avoir une approche assez flexible dans la mesure où si j’ai envie de faire un show tout seul, ça marche autant que quand on est full band. C’est vraiment plaisant quand tout le monde peut être là, mais il y a aussi le challenge personnel de me mettre à nu et de me livrer tout seul sur scène qui me plaît. Le matériel s’y prête, c’est intéressant de pouvoir jongler avec ça. »