Journées de la culture : Ariane Moffatt et un orchestre de laptops
C’est ce vendredi que sonne le coup d’envoi de la 20e édition des Journées de la culture. Comme chaque année, la programmation compte des dizaines et des dizaines d’activités partout sur le territoire québécois.
Du nombre, on aura droit à Montréal à un concert peu commun où se fusionneriont musique avant-gardiste et pop plus mainstream. Effectivement, le Musée d’Art Contemporain sera vendredi le 30 septembre prochain le théâtre d’un mariage entre la musique d’Ariane Moffatt et les explorations numériques du CLOrk, mieux connu sous le nom de Concordia Laptop Orchestra.
Cet orchestre nouveau genre, dirigé depuis maintenant six ans par le Dr Eldad Tsabary, fait partie du cursus scolaire obligatoire des étudiants en Électroacoustique à l’Université Concordia. Formé d’un nombre d’étudiants qui varie d’année en année, le collectif utilise une panoplie d’outils digitaux pour créer des univers sonores uniques et évolutifs, mêlant improvisation et direction musicale.
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Lorsqu’il a été approché par l’organisation des Journées pour produire un concert au MAC, le Dr Tsabary a tout de suite voulu faire quelque chose d’un peu différent : « On m’a dit que ce pourrait être intéressant d’en faire une collaboration. Quelque chose avec un nom connu, histoire de rendre un peu plus accessible ce que nous faisons, qui est à 100 % dans l’avant-garde. Je n’ai pas eu à y réfléchir bien longtemps; Ariane s’est immédiatement imposée dans ma tête non pas comme une possibilité, mais comme LA personne avec qui je désirais que l’on travaille. »
Approchée peu après, l’artiste a tout de suite accepté avec enthousiasme. Dès la première rencontre, la chimie s’est installée entre les deux parties, l’ouverture musicale notoire d’Ariane Moffatt y étant pour quelque chose. S’est alors amorcé le processus créatif; en partant de quelques chansons contrastantes du répertoire de la musicienne, l’orchestre s’est attelé à la tâche délicate d’adaptation de ce matériel à une performance basée sur des boucles d’échantillonnages, des synthèses variées et un sens improvisationnel aigu.
« C’était un défi de taille, car il fallait ne pas tomber dans un compromis entre deux univers, mais plutôt dans la création de quelque chose de nouveau alliant les forces de ces deux univers, explique le Dr Tsabary. Nous avons donc utilisé les trois chansons choisies comme une genre d’ancre. Ce ne sera pas un concert du style chanson-arrêt-chanson. L’interprétation finale devient une seule longue oeuvre, où l’orchestre improvisera entre les compositions… C’est un peu dans un esprit prog-rock, de ces albums où l’on peut entendre des moments plus ambiants et imprécis entre les chansons. »
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Comment font les musiciens pour orchestrer ces moments d’improvisation live sans se perdre? La réponse est plus simple que l’on pourrait s’y attendre, comme le confie le Dr Tsabary : « Puisque nous avons déjà les yeux rivés sur des ordinateurs, ce n’est pas plus compliqué d’y ajouter une fenêtre de chat de groupe. Nous communiquons ainsi tout au long de la performance, et c’est donc beaucoup plus facile d’amener de nouvelles idées en temps réel pour chacun des étudiants. Autrement, il faudrait se communiquer par signe, et la nature complexe du matériel que l’on utilise rendrait certainement ces simagrées plutôt ridicules! »
Il faut donc comprendre qu’il y a une grande part d’inattendu qui se glissera dans les trois représentations subséquentes de la performance collaborative. Un des éléments centraux de la musique électroacoustique est non pas le son en soi, mais la façon dont on le traite. C’est ces traitements, effectués en direct par le collectif, qui donneront tout leur sens aux version retravaillées des chansons d’Ariane, qui participera d’ailleurs activement au digitalisme grâce à une station spécialement créée pour elle pour l’occasion.
L’orchestre a énormément évolué depuis son arrivée en 2010, et le rôle du Dr Tsabary y a changé conséquemment. « Ce qui était au départ une idée de cours stimulante est réellement devenu un laboratoire créatif et démocratique. Je le « dirige », dans un certain sens, mais tous les changements et nouvelles idées viennent directement des étudiants. C’était d’ailleurs intéressant de voir à quel point Ariane avait de la facilité à accepter des idées complètement différentes de celles contenues au départ dans le matériel musical. Elle fait preuve d’une écoute phénoménale et n’a jamais semblé dénigrer l’idée d’un étudiant d’une quelconque façon. Je pense que le choix de travailler avec elle était la meilleure idée possible! »
Le CLOrk et Ariane Moffatt seront également accompagnés de trois VJ qui manipuleront de l’imagerie en direct d’une manière tout autant improvisée. Le public pourra se promener librement au beau milieu des performeurs, qui seront installés en cercle. Le Dr Tsabary définit ainsi l’expérience auquel l’audience aura droit : « Ce qui est bien, c’est que je ne sais pas exactement à quoi m’attendre. Évidemment, les répétitions m’indiquent à croire que ce sera un concert excellent, mais outre cela, l’expérience finale dépendra tout autant des idées naissant sur le moment que de celles qui ont été intégrées inflexiblement. »
Pour le programmation complète des Journées de la culture à Montréal, c’est par ici!
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CLOrk : 22h22 – Ariane Moffatt et le Concordia Laptop Orchestra
Vendredi 30 septembre
Trois performances de 30 minutes : 18 h – 19 h – 20 h
MAC – Salle Beverley Webster Rolph