Fishbach: musique spontanée
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Fishbach: musique spontanée

Un son assumé, une voix unique et une présence presque schyzophrénique caractérisent Fishbach, cette jeune auteure-compositrice-interprète française qui fait actuellement un tabac chez nos cousins de l’outre-Atlantique. Discsussion avec une musicienne qui ne fait pas de compromis. 

Tout droit descendue des Ardennes (plus précisément de Charleville-Mézières), Fishbach livre depuis quelques années déjà une synthpop colorée et teintée de rock aux saveurs multiples. C’est toutefois sur le tard que la musicienne s’est mise à jouer: «J’ai essayé de faire l’école de musique quand j’étais toute petite, mais j’ai détesté ça! Tu sais, les professeurs c’était des connards. Ils ne donnaient pas envie aux jeunes de jouer, ils rendaient ça ennuyeux et lourd. Si j’avais eu des bons profs, probablement que j’aurais débuté plus tôt. Mais non, donc j’ai laissé tomber ça et ce n’est que vraiment plus tard, vers mes 17 ans, que j’ai recommencé à jouer.»

À ce moment, c’est le déclic. Elle a rencontré un musicien de métal et est tombée amoureuse. Peut de temps après, les deux tourtereaux ont fondé un duo synthpunk, avec Flora (Fishbach) aux synthés. «Il était un peu fou, Baptiste. Il voulait démarrer des projets avec des gens qui ne jouaient pas du tout de musique, c’est ça qui le faisait kiffer tu vois. Alors voilà, au début j’étais un peu timide mais lentement j’ai pris de l’assurance. C’était brut, deux accords par morceau, tout ça. Après un an, on avait assez de compositions pour faire un concert, et c’est là que tout a changé, quoi. Je suis montée sur scène, et j’ai compris que c’était ça que je voulais, que c’était là que je me sentais enfin moi-même, complètement.»

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Après quatre ans, le duo s’est séparé, Flora visant à jouer partout alors que Baptiste souhaitait plutôt continuer à faire ses projets de son côté. Le hic, c’est que c’est lui qui possédait le matos. Elle s’est donc retrouvée sans instrument, mais la technologie lui a permis de poursuivre son évolution vers ce qui deviendrait le Fishbach qu’on connaît. «J’avais seulement un iPad avec Garage Band, mais je voulais pas manquer la musique, tu comprends? Alors je me suis mise à écrire seule, tout ce qui me venait en tête. Au bout d’un moment, j’ai fait entendre à des gens et j’ai tout de suite senti que ça plaisait.»

C’est en 2013 que Fishbach a livré son premier concert sous ce nom, dans un vernissage pour une de ses amies. À partir de ce moment-là, l’escalade s’est faite graduellement jusqu’à aujourd’hui, et on peut dire qu’elle est montée bien haut. «Tu vois, moi, j’ai quitté l’école à 15 ans, après ça je travaillais, j’errais dans la vie, quoi. Maintenant, je vis tellement de belles choses. J’avais jamais pu vraiment voyager, et là c’est la musique qui me fait visiter des endroits comme ici, j’ai maintenant un appartement à Paris, c’est surréel!»

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Dans sa composition, Fishbach est complètement spontanée. Elle se laisse guider par son besoin profond d’extirper d’elle-même la musique qui l’habite, plutôt que de se donner des lignes directrices. «Ça me vient d’une nécessité, en fait. Certaines personnes ont besoin de faire du sport pour se sentir bien, moi, je fais de la musique. Ça part de ma vie, d’histoires d’amour un peu compliquées. Une chanson c’est un peu comme le texto que t’as jamais osé envoyer au final… Tu règles cette histoire, tu en fais le deuil à travers la musique. Grâce à elle, je transmets plein de choses. C’est l’émotion qui me pousse à faire un texte.»

D’ailleurs, pour elle, la musique ne fait pas nécessairement préséance au texte, ni l’inverse. Quand elle compose, c’est dans l’instant, dans l’immédiat. «Pour moi, il n’y a aucune règle. Ça peut venir tout autant d’une mélodie qui me tourne dans la tête que d’un nouvel instrument. D’autre fois, je vais avoir des phrases en tête que je mets en musique. Là, tu vois, je viens d’avoir de nouveaux instruments virtuels, comme un sitar et un Mellotron et ça me motive à fond, comme un enfant qui découvre un jouet et qui essaie de l’exploiter le plus possible!»

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Alors que sa musique est décrite partout comme étant «80’s», ce qui semble un peu facile et généraliste, Flora ne cite pas d’influences directes venant de cette période (ni d’aucune d’ailleurs). Créant pour le plaisir pur de créer, elle ne s’inspire pas de ce qui l’entoure, c’est une spontanéité pure qui guide sa main lors de la composition. «Tu sais, pour moi, c’est normal que les gens cherchent des étiquettes pour décrire la musique, mais je n’essaie jamais consciemment d’appartenir à un courant ou à un style. Pour moi, la seule influence qui me vient des années 80, c’est la musique de GTA Vice City. Je l’ai rincé de chez rincé, ce jeu! Alors bon, peut-être que quelque part ça s’est glissé dans ce que je fais, mais ce n’est pas du tout volontaire.»

Conséquemment, le style bien défini qui caractérise sa musique est venu assez tôt dans le processus. Ne se mettant jamais de barrière et faisant ce qu’elle veut depuis le tout début, son identité musicale a découlé directement de cet esprit de liberté absolue dans la création. Menant le bateau elle-même et créant tout du texte aux accords en passant par les arrangements, elle se permet de simplement laisser sortir ce qui est en elle. «Puisque j’ai toujours été seule à tout faire, ma direction est venue dès le départ. Bon, maintenant, je me suis amélioré, j’ai raffiné les techniques et tout, mais tout était là. Là, je pense au prochain album, et je sais que de toute façon je ne resterai pas dans le même style. Ça se peut qu’on ne parle plus des années 80, tant mieux, ou peut-être que si, je ne sais pas! C’est ça le plaisir que j’ai, de simplement me lancer dans ce qui me fait envie.»

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Sur scène, Flora entre presque en trance. Habitant la scène de ses mouvements hypnotisants et de son œil complètement captivant. Visiblement née pour performer, on l’y sent en parfaite symbiose avec sa musique. Comme dans sa composition, toutefois, c’est l’instant présent qui guide l’artiste et son corps. «Je ne voudrais jamais avoir de chorégraphie. Je me laisse simplement porter par ce que je ressens, j’incarne ce qui se joue entre mes musiciens et moi. De leur côté, je leur donne des indications, mais jamais de mouvements prédéfinis. Je leur dicte plutôt des ambiances, des émotions, et ils se laissent aller là-dedans.»

Pour son premier passage au Canada, Fishbach sera d’ailleurs accompagné de ses musiciens habituels, et on peut donc s’attendre aux même genre de concerts qui lui valent actuellement un succès fulgurant en France et un peu partout en Europe. Finalement, comment décrirais-t-elle en une phrase ce qu’elle livre sur scène? «C’est de la musique sentimentale, très énervée, et multiple.»

Ne manquez pas Fishbach ce soir le 15 juin au cercle à Québec ainsi que le 16 juin à 22h sur la scène siriusXM des francofolies et le 17 juin à 19h30 à l’Astral.