Osheaga Jours 2 et 3 : retour sur les concerts mémorables!
Musique

Osheaga Jours 2 et 3 : retour sur les concerts mémorables!

JOUR 2, par Valérie Thérien

Samedi après-midi, en arrivant sur le site, j’ai eu envie d’une journée axée sur les découvertes alors j’ai suivi mon amie Nadine sur un coup de tête. Sales a été notre premier arrêt à la jolie scène des arbres Perrier. Le duo américain (bonifié d’un batteur en concert), a commencé sa performance tout doucement, de la pop-rock aux accents dreamy. La vibe était légère, appellait la chaleur (le groupe vient d’Orlando) et ça donne aussi parfois des chansons plus de type college rock ou atmosphérique quelque part entre Best Coast et Beach House. Très bien et super cute dans l’ensemble, mais ça manquait un peu de cran en début de concert. 

Petite pause avant d’écouter le guitar hero Bill Dess, connu sous son nom d’artiste Two Feet. L’Américain est un guitariste hyper talentueux qui s’entoure d’un seul multi-instrumentiste en concert (aux beats, pads, percussions). Souvent, les chansons n’ont pas trop besoin de paroles, tout est dans l’atmosphère sensuelle, blues et/ou r&b, avec de la bass bien sentie. Par moments, l’énergie faisait penser à Darkside, duo formé par Nicolas Jaar et Dave Herrington. Pas mal, sans être vraiment mémorable.

Le clou de la journée revient à la fabuleuse Janelle Monae. La chanteuse aurait vraiment mérité une place dans les têtes d’affiche d’Osheaga tellement son spectacle réglé au quart de tour est parfaitement énergique, positif, coloré, puissant. J’étais pas très loin de la scène pendant le spectacle et le professionnalisme de l’Américaine et de son équipe – toutes des femmes noires sauf un guitariste – était impeccable. Juste. Parfait. Merci. 

Janelle Monae, photo Mihaela Petrescu

Après un court arrêt pour voir Beach House (quoiqu’on les voit pas vraiment puisque le band préfère l’obscurité sur scène…), statique mais très efficace, on prend position dans une foule moins compacte qu’on l’aurait cru pour les têtes d’affiche The Chemical Brothers. Cette fin de soirée en compagnie du duo électro anglais nous a vraiment ravis. La qualité des vidéos et projections (robots ou formes plus abstraites) était vraiment top et la musique nous a fait danser pas à peu près sans trop virer dans la nostalgie.

JOUR 3, par Olivier Boisvert-Magnen

On a amorcé notre épopée du dimanche après-midi au son des synthés planants de CRi, l’un de nos meilleurs producteurs et DJs électroniques. De plus en plus décontracté sur scène, le Montréalais a livré une vibrante prestation sur la petite scène de l’Île devant une foule assez nombreuse, généralement attentive.  

Direction scène des Arbres pour FouKi, qui a sans aucun doute surpassé les ambitions des organisateurs en attirant un raz-de-marée de gens. L’année prochaine, evenko gagnerait d’ailleurs à donner une plus grande place aux têtes d’affiche locales, surtout quand elles bénéficient d’une popularité aussi manifeste et indiscutable que FouKi. Accompagné d’une troupe de danseurs, et de ses fidèles QuietMike et Vendou, le jeune rappeur a offert un spectacle dynamique et efficace, comme à l’habitude.

FouKi, photo Mihaela Petrescu

Belle découverte en fin d’après-midi avec Normani, chanteuse R&B originaire de La Nouvelle-Orléans qui se produisait sur la scène de la Montagne. Très à l’aise, l’interprète de 23 ans n’a peut-être pas encore de grandes chansons dans son répertoire, mais sa voix a du coffre, de la couleur et du potentiel.

Changement de cap de l’autre côté, sur la scène de la Rivière, avec le maître slacker Mac DeMarco. Proposant une formule plus soul que d’habitude, à l’image de son plus récent album Here Comes the Cowboy, l’Albertain n’a pu s’empêcher de lâcher des cris impromptus ici et là, question d’entretenir son personnage.

Mac DeMarco, photo Mihaela Petrescu

Autre découverte, moins mémorable cette fois : Bea Miller, autrice-compositrice-interprète de 20 ans qui a déjà deux albums à son actif. Sa pop-rock assez conventionnelle, livrée avec précision (on doit l’admettre), a toutefois fait très bonne impression auprès d’un parterre conquis d’avance sur la scène des Arbres. 

Pas très loin de là, la sensation reggae jamaïcaine Koffee a enjolivé notre début de soirée avec un concert chaleureux et convivial sur la scène Verte. Peu importe votre genre musical de prédilection, il semble difficile de résister au charisme de cette chanteuse, guitariste et DJ à l’énergie débordante et contagieuse.

Koffee, photo Mihaela Petrescu

Côté révélation, on a beaucoup apprécié la performance de Tierra Whack, qui a suivi celle de Koffee sur la scène de la Vallée. À 23 ans, la rappeuse de Philadelphie au flow imperturbable a montré que l’engouement qu’elle génère depuis la sortie de son premier album Whack World l’an dernier avait sa raison d’être. 

De retour dans le feu de l’action, sur la scène de la Montagne, pour la prestation très attendue de Tame Impala. Le groupe australien, qui fait le tour des festivals les plus courus cet été, n’a montré aucun signe de fatigue, et a brillé par son exécution parfaite et son setlist éprouvé, qui a culminé avec l’épique Apocalypse Dreams. Seul bémol: des projections à l’esthétique psychédélique un peu trop intenses, répétitives et convenues. 

Tame Impala, photo Mihaela Petrescu

Enfin, le clou du festival. À 21h35, Childish Gambino a prouvé qu’il était beaucoup plus qu’une seule chanson. Torse nu, le rappeur au regard perçant a fait preuve d’une générosité sans pareille avec ses fans, se promenant comme bon lui semble dans le corridor de sécurité, où il a accumulé les selfies et les accolades. La caméra documentaire suivait ses moindres faits et gestes – comme si on assistait à la représentation télé du concert. Acteur et réalisateur de profession, Donald Glover sait assurément comment se mettre en scène. 

De la spectaculaire entrée, marquée par les puissantes Atavista et Algorythm, jusqu’à la tendre Redbone, en passant par l’immanquable bombe This Is America (un sérieux finaliste au titre de la chanson de la décennie), Gambino a prouvé qu’il était l’une des plus grandes bêtes de scène de sa génération. 

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