Gawker, YouTube et Popular Science : La fin du commentaire?
À l’ère de la grande conversation virtuelle, Gawker, YouTube et Popular Science ré-évaluent la place du commentaire sur leurs sites web.
À l’ère de la grande conversation virtuelle, Gawker, YouTube et Popular Science réévaluent la place du commentaire sur leurs sites web.
Le troll n’est pas nouveau. Déjà, dans les films de Kevin Smith, Ben Affleck se moquait des commentateurs sur Internet qui critiquaient systématiquement toute décision créative dans le monde de la bande dessinée américaine. Délicieuse ironie, le même acteur sera au centre d’une avalanche de désaccords manifestés publiquement après l’annonce qu’il interprètera Batman dans la suite de Man of Steel.
[youtube]NI7As3rOogo[/youtube]
Entre les deux événements, à peu près rien n’a changé dans le monde virtuel: Internet restait un lieu où toute initiative ou article pouvait être critiqué ou insulté avec la plus grande virulence et le racisme le plus ouvert.
Certes, les abonnés sur Facebook peuvent bien mettre des restrictions sur les possibilités de riposte dans leurs statuts et photos, mais en général, le web a été pris d’un engouement envers le commentaire tel que, souvent, il semble être une extension malsaine et anonyme du contenu original qui en affecte même l’interprétation initiale.
Il semble que le paradigme soit en train de changer: tandis que Mathieu Charlebois appelait à la responsabilisation de HuffPost Québec envers ses commentateurs sur Facebook, on a pu comprendre que c’était la stratégie de nombreux médias qui ne voulaient pas nécessairement limiter leur expansion dans cette ère de la grande (supposée) conversation virtuelle 2.0: limiter et modérer la section des commentaires sur leurs sites, mais laisser le chaos et la rage déferler sur le réseau social de Mark Zuckerberg.
Gawker, de son coté, a décidé de changer la donne concernant les commentaires en y attribuant des options qui font des commentateurs des utilisateurs actifs: ils peuvent cacher un utilisateur désagréable ou mettre en vedette un internaute qui se distingue du lot grâce à des contributions intéressantes. C’est une façon de personnaliser non seulement le contenu qu’on reçoit via nos abonnements et nos réseaux sociaux, mais aussi les réactions que ce contenu engendre sur une base quotidienne.
[youtube href= »http://www.theverge.com/2013/9/24/4766758/youtube-introduces-radical-redesign-of-comments-tied-to-google »]YouTube a décidé de prendre une route assez similaire[/youtube]: on peut soit voir tous les commentaires en ordre chronologique, comme c’est déjà le cas, soit filtrer avec des utilisateurs vedettes ou des conversations jugées intéressantes. La nouvelle fonctionnalité, possible grâce aux informations d’utilisateurs fournies par Google+, en est à ses balbutiements, et pourra potentiellement changer l’expérience d’utilisateur sur le fameux site web de partage de vidéos.
Le site web de Popular Science a pris une décision plus drastique: c’est la fin du commentaire. Pour la directrice du contenu en ligne de Popular Science, Suzanne Labarre, le traitement médiatique traditionnel accordé à la science en est partiellement responsable. Les faits scientifiques les plus avérés et démontrés sont traités comme de simples croyances par certains médias, laissant présager que ces faits scientifiques ne sont qu’opinion et donc libre à interprétation populaire. Ce n’est pas le cas, et pour mettre fin à la démagogie anti-scientifique qui affligeait le site web, on a tout simplement décidé d’en retirer l’option.
Il s’agit peut-être de la fin de la lune de miel entre les médias et leurs auditeurs. La participation citoyenne a peut-être atteint sa limite raisonnable tandis que trop d’abus langagiers ont contribué à réduire considérablement la qualité de l’expérience virtuelle.
Il s’agit d’une décision administrative prise par la direction de chacun de ces médias. J’ai l’impression qu’il est plus facile de mettre en place un système de commentaires que de le surveiller. S’il y avait du personnel, dont la tâche serait d’appliquer la nétiquette, la qualité des textes serait augmentée. Malheureusement, les médias semblent laisser fonctionner cela tout seuls, probablement par manque d’intérêt ou manque de personnel. On passe d’un extrême à l’autre en essayant de transformer un site grand public en un site réservé à une élite.
Vous ne mentionnez pas le site du voir.ca : difficile de trouver plus interactif.
Pourtant l’absence de commentaires sur la plupart des articles, comme c’est le cas du vôtre, laisse entrevoir un autre genre de problème aucunement relié aux trolls. Plus près de nous, la Revue de théâtre Jeu, administrée par un ancien chroniqueur du Voir, a semblé prendre la même décision en cessant de publier des commentaires suite aux articles sur son site internet bombardé par des robots (messages automatiques).