Le web, le corps policier et la police du corps
Le web réagit originalement à la bienveillance policière et à l’acharnement médiatique sur le corps des femmes: et c’est très drôle.
Il y a quelques semaines, la New York Police Department avait décidé d’utiliser le hashtag #myNYPD dans une tentative de relations publiques qui s’est avérée, finalement, désastrueuse. Le corps policier avait anticipé des séries de photos sur le réseau social Twitter dans lesquelles les citoyens pouvaient exprimer leur amour pour leurs protecteurs en uniformes. Or, il en était tout autrement: le mot-clé a plutôt servi à dénoncer massivement la brutalité policière dont sont victimes de nombreux citoyens new-yorkais.
L’ironie du sort aura voulu que ce soit la police elle-même qui ait donné le point de rassemblement virtuel pour ses critiques les plus virulentes. La réaction officielle du corps de police? Conversation démocratique saine et nécessaire.
Ensuite, au Maryland, la police de Prince George s’est placée au centre d’une controverse lorsque celle-ci a décidé de tweeter en temps-réel les arrestations liées à la prostitution, faisant ainsi publiquement honte aux prostituées et à leurs clients, en diffusant leurs photos sur Twitter.
L’initiative fut plutôt mal reçue puisque de nombreux commentateurs y percevaient une humiliation injuste: en quoi y a-t-il des degrés de hontes à des crimes, faisant en sorte qu’on diffuse certaines infractions sur Internet et que d’autres se font de manière complètement anonyme? En plus de condamner le geste de PGPDVice comme étant humiliant, les internautes y voyaient aussi une non-solution: la diffusion en temps réel d’une arrestation n’allait pas éliminer le problème.
Sex work isn’t inherently violent but police profiling & mistreatment often makes it so. #PGPDVice Stop shaming sex workers #RightsNotArrest
— Sean Carlson (@itsthatseanguy) 7 Mai 2014
Police officers should treat everyone with dignity including sex workers. #PGPDVice: Broad stings, public photos are inhumane.
— Frank Vaca (@DarthVaca) 7 Mai 2014
En s’éloignant du corps policier, mais en restant dans le domaine de la réappropriation des internautes, il existe en ce moment une tendance assez simple et hilarante qui tente de dédrématiser l’emphase que les médias mettent sur les corps des femmes, plus particulièrement des célébrités.
Suivant l’exemple de Vagenda Magazine, une publication anglaise féministe, des internautes changent les titres d’articles sensationnalistes qui se concentrent sur l’esthétique de célébrités, comme Rihanna, Jane Fonda ou Jennifer Garner. Le résultat est drôle, mais dévoile aussi l’importance incroyable qui est attribuée à l’apparence des femmes dans les médias. Après l’initiative de Vagenda, c’est l’Internet qui a pris le contrôle!
- De la peau! Surprenant!
- Vous préparez-vous pendant trois heures avant d’aller chercher un café?
- Jane Fonda vieillit.
- Bref, à l’époque du contrôle des médias traditionnels et de l’hyper-surveillance, voici quelques exemples citoyens qui continuent de rendre hommage à la culture de remix/réappropriation qui a fait du web ce qu’il est aujourd’hui. Intéressantes alternatives aux discours dominants!