6 web-découvertes gratuites et hors-contexte
Société

6 web-découvertes gratuites et hors-contexte

Un peu de divertissement virtuel gratuit et de qualité et surtout, relié d’aucune manière aux publicités pendant le Super Bowl.

1. Clips: Barbie Doll

Si le Basic Bitches de Candy Ken suinte d’amateurisme et de mysognie maladroite, on peut quand même y voir la graine de quelque chose d’intéressant, mais encore brut. Avec la série de clips Barbie Doll et Candy Crush, Candy Ken m’a fait découvrir un univers incroyable. En gros, j’appellerai ça une suite jouissive et agressante de dissonnances cognitives. La dernière fois qu’un artiste a eu un tel impact sur moi, c’était lorsque je découvrais Die Antwoord tardivement, en 2011. Bref, au début, on peut essayer de repousser ce contenu du revers de la main à cause du personnage principal, qui semble être la version vieillie du petit wigger agressif dans le très bon Smokin Aces. Mais le propos, la réalisation, le montage même crient au génie. Regardez ces deux vidéos une à la suite de l’autre et vous rentrerez dans un monde auquel on n’a pas assez souvent accès: une créativité immorale de qualité. Merci à Jay St-Louis (dit-on encore « le ce ») pour la découverte!

 

2. Dessins animés: Rick and Morty

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Mon gros coup de coeur animé depuis Bojack Horseman. La première et unique saison (pour le moment) de cette excellente série est disponible gratuitement sur Adult Swim. Morty est un enfant passablement idiot et nerveux dans une famille ordinaire, sauf que son grand-père est une génie scientifique (un peu hérité de Doc dans Back to The Future, mettons) qui invente sans cesse des gadgets futuristes et qui entraîne Morty dans des mésaventures intergalactiques. Le dialogue est rapide et efficace, les enjeux finissent tous par être humains et touchants, le discours scientifique est rigoureux, et on a en Rick un des personnages les plus intéressants à la télévision: intelligent, immoral, égoiste, alcoolique, impatient, brillant et drôle. Ça se regarde bien, ça se regarde vite. Allez, t’arrêtes pas de dire que tu cherches une nouvelle série à regarder. C’est celle-là. (Ndlr: j’avais mélangé les noms des personnages de cette excellente série. C’est corrigé maintenant!)

 

3. Documentaire local: Gaston Miron, un homme revenu d’en dehors du monde.

C’est à se demander pourquoi le dicton « Né pour un petit peuple » peut continuer à survivre, avec ce grand documentaire Télé-Québec. Sans en être l’exemple exclusif, Gaston Miron brille d’humanité et d’ambition dans ce documentaire savamment réalisé, avec un minimum d’explications socio-politiques mais un maximum de références poétiques du géant du verbe. Les altercations entre la police et les manifestants nous rappellent que les luttes sociales nous forgent et se répètent constamment, tandis qu’un homme essaie de comprendre qui il est et d’où il vient. Un peu obsédé par le concept de la nation à mon goût, mais bon, moi je suis obsédé par Batman et les documentaires sur les prisons américaines, alors qui peut vraiment juger les centres d’intérêt des grands poètes?

 

4. Documentaires de prison: Serving Life

J’ai récemment développé une obsession pour les documentaires sur les prisons. Face au mal inévitable de l’homme, la prison est un mal nécessaire, mais dans sa version moderne, elle semble particulièrement kafkaesque (niveau d’arrogance littéraire: over 9000), bureaucratisée, et contre-productive, la prison devenant souvent une sorte d’université du crime. Mais bon, en plus de cet excellent reportage de Vice qui présente la méditation dans une des plus grandes institutions du genre, ou ce long reportage de MSNBC qui nous présentent des guerres ethniques courantes au sein de prisons américaines, ou bien même cette petite capsule explicative sur les statistiques inquiétantes d’une industrie de plus en plus privatisée, j’ai senti un énorme coup de coeur pour Serving Life (disponible sur Netflix): des prisonniers avec des sentences lourdes se portent volontaires pour travailler dans l’hospice de la prison, ce qui veut dire, en gros, qu’ils doivent soigner des vieux prisonniers jusqu’à leur mort certaine. Touchant, probant, difficile, émouvant, ce documentaire s’est taillé une place dans mon coeur sensible, une enième preuve accablante que de l’abjecte peut jaillir le sublime.

 

5. Facebook: Murphy Cooper

Si sa transformation estivale était maladroite et relevait parfois du malaise malgré l’énorme succès viral de certaines de ses entreprises (Fleuvegate, anyone?), Murphy Cooper a réussi à créer un personnage loufoque et étrange en temps réel, peut-être une première dans ce webqcjeu. Il divise, évidemment, mais il fait en sorte que son mur est devenu un pôle d’attraction de malaise, d’incompréhension collective, et d’idôlatrie du mode de vie #CONNULIFE d’un personnage mystérieux qui répond à tous les commentaires sur sa page, insulte les consommateurs de viande et les gens de région, et s’amuse avec sa barbe comme s’il venait de découvrir les plaisirs sensoriels de la vie. Il hérite un peu de l’aura du Roi Heenok et d’Oliva Zeline, à savoir qu’il semble y avoir peu d’écarte entre le personnage et son créateur, et ça, c’est un merveilleux malaise. La prochaine à surveiller, à mon avis? Sandrine Farina.

Si vous en voulez encore plus, voici ma rencontre avec Murphy Cooper pour le Trouble!

 

6. Instagram: Sara Hini

Ses photos de voyage un peu partout en Amérique du Sud représentent mes seules petites évasions d’un hiver froid et difficile à Montréal. Je vis par procuration à travers les yeux de Sara Hini. J’ignore qui elle est, ou comment elle a fini dans mon fil d’actualité Instagram. Mais elle me fait rêver.

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