L’histoire du spectacle du Cirque du Soleil Kurios, Cabinet des curiosités, se déroule à la fin du 18e siècle : une période marquée par l’arrivée d’une multitude d’inventions et d’innovations comme le gramophone, la télégraphie sans fil et le cinéma. Pour le metteur en scène Michel Laprise, toutes ces inventions ont un point en commun : elles rapprochaient les gens. «Ça devait être formidable de vivre à l’époque des Méliès, suppose-t-il. En créant leurs films, ils en inventaient la grammaire.» Pour lui, adapter Kurios en réalité virtuelle ou VR (virtual reality), c’était l’opportunité de créer à son tour le langage d’un nouveau médium.
Le producteur et chef du studio numérique de Cirque du Soleil Média, André Lauzon, avait été complètement séduit par le potentiel du VR en vivant l’expérience Strangers with Patrick Watson, un des premiers projets en VR de Félix & Paul Studios. «Je me suis bien aperçu que Félix (Lajeunesse) et Paul (Raphaël) sont les meilleurs en VR dans le monde, autant pour leur approche technologique que conceptuelle.»
André Lauzon s’est vite rendu compte que la réalité virtuelle pouvait offrir une nouvelle façon de traduire l’expérience du cirque à l’écran, tout en y appliquant la «poudre magique» du Cirque du soleil : «La proximité avec les artistes, c’est quelque chose que tu ne peux pas avoir dans un spectacle.»
Pour établir un rapport intime entre le spectateur et les acrobates du Cirque, il fallait donc réadapter complètement l’œuvre originale et tailler l’expérience pour un seul observateur. Pour guider les artistes, Michel Laprise les invitait à imaginer la caméra comme une personne qu’ils connaissaient, qui a besoin d’amour, de joie, d’être divertie. «Tout le monde la regardait d’une façon très personnelle. Il y avait une diversité de rapports… C’est comme si le spectateur est une nouvelle curiosité, et c’est son tour d’arriver dans le laboratoire.»
Les pionniers de la réalité virtuelle Félix et Paul n’en sont pas à leur première expérience immersive. «Au début, c’était des grandes installations où on utilisait des techniques comme l’holographie et la stéréoscopie, puis on a migré vers la réalité virtuelle», raconte le cofondateur Félix Lajeunesse. «Au début 2013, on a commencé à créer les outils dont on avait besoin, parce qu’il n’y avait rien de ça qui existait il y a quelques années encore.»
La mise en scène du tournage devait se faire en un seul plan, dans toutes les directions à la fois. Mais Félix est habitué à ce niveau de complexité : «Le protocole est assez différent du cinéma. C’est un peu comme du braille. Il faut que tu t’habitues pour que ça devienne intuitif.»
Aujourd’hui, la réalité virtuelle est une chose très naturelle pour Félix. Selon André, l’expérience de Kurios démontre que cette technologie est là pour rester, qu’il faut l’accueillir à bras ouverts et se l’approprier.
Productrice déléguée : Andrée Harvey // Hara Numérik
Directeur artistique : Daniel Mireault
Journalistes : Paul Blais et Charles Prémont
Réalisatrice vidéo : Émilie Ricard-Harvey // Mode Couleur
Directeur du projet : Michel Jolicoeur
Coordonnatrice : Geneviève Roy
Consultants : Raphaëlle Huysmans (Urbania) et Pascal Pelletier (Figure55)
Produit en collaboration avec la Ville de Montréal et L’inis.