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Inferno : Party de robots

L’artiste Bill Vorn conçoit des performances où les participants font corps avec des exosquelettes…

Les robots qui envahissent le monde, l’intelligence artificielle qui conspire contre ses créateurs, les automates qui supplantent l’humain… Tout cela découle d’une vision très kitch du futur pour Bill Vorn, artiste et professeur en art robotique à l’université Concordia.

«Je vois mal les machines prendre possession de la planète, dit celui qui travaille avec des automates depuis les années 1990. Oui, nous avons besoin de la technologie, mais elle a aussi besoin de nous pour survivre.»

Selon lui, la vraie question est de savoir comment nous allons intégrer la robotique dans notre quotidien. Une réflexion à laquelle lui et son co-créateur Louis-Philippe Demers convient les spectateurs avec son installation/performance Inferno, une œuvre sur la proximité que l’on peut avoir avec la technologie.

«Le but, avec Inferno, c’était de rapprocher la machine le plus près possible du corps du spectateur, d’essayer de créer un rapport presque intime entre les deux.»

Pour ce faire, les artistes ont imaginé et fabriqué des exosquelettes — des structures robotiques que l’on installe normalement sur le corps d’une personne pour l’aider à soulever de lourdes charges ou se déplacer — qui dirigent les membres supérieurs des spectateurs pendant la performance. Obligés d’obéir à cette machine maître de leurs mouvements, les participants dansent au rythme effréné de la musique électronique de Vorn dans un éclairage éclaté signé Demers.

«C’est important pour nous d’inclure un aspect théâtral dans nos œuvres, explique Bill Vorn. Le sujet de notre travail ne porte pas seulement sur la machine : c’est surtout un contexte pour la présenter.»

Plongés ainsi dans l’univers d’Inferno, les spectateurs ont avantage à se laisser aller, à ne pas résister au système qui leur est proposé, pendant toute l’heure que dure la performance. Difficile de ne pas faire le lien entre leur œuvre inspirée de l’enfer et les technologies tyranniques souvent imaginées par la science-fiction. Et pourtant, c’est davantage un air de fête qui se dégage du spectacle.

«C’est une expérience paradoxale que de retirer du plaisir à se laisser dominer… C’est un système fasciste quelque part, parce que ça contrôle tout ce qu’on fait. Mais curieusement, c’est en cédant, en ne tentant pas de résister, que les gens arrivent à atteindre une certaine transe, une forme de fusion avec la machine.»

À la surprise de Bill Vorn, si ce rapprochement privé entre le spectateur et l’exosquelette est bien réel, c’est peut-être davantage les auteurs de l’œuvre et son public qui sont entrés en relation. «Il faut prendre le temps de leur montrer comment ça fonctionne, de les rassurer sur ce qui peut se produire pendant la performance, explique-t-il. C’est une expérience très différente de la création d’une installation où l’on monte l’œuvre et on s’en va. Ici, on voit tout de suite la réaction des gens et on doit leur apporter une assistance technique, du réconfort.»

Une autre preuve que la technologie contribue aussi à rapprocher les humains.

Productrice déléguée : Andrée Harvey // Hara Numérik
Directeur artistique : Daniel Mireault
Journalistes : Paul Blais et Charles Prémont
Réalisatrice vidéo : Émilie Ricard-Harvey // Mode Couleur
Directeur du projet : Michel Jolicoeur
Coordonnatrice : Geneviève Roy
Consultants : Raphaëlle Huysmans (Urbania) et Pascal Pelletier (Figure55)
Produit en collaboration avec la Ville de Montréal et L’inis.