BloguesLe cheval de Troie

Souveraineté et campagne électorale

 

Le 5 mars, contre aucune attente, le déclenchement des élections fut annoncé par le clan PQ. S’appuyant sur ces damnés sondages, les stratèges de Pauline Marois ont décidé que le temps était venu de convaincre les mous de la CAQ de se ranger derrière le projet phare du PQ, la Charte des valeurs. À cette annonce électorale, il n’en fallait pas plus pour que Stephen Harper appelle ses homologues des provinces canayennes pour discuter avec eux d’un éventuel résultat électoral favorable au PQ. Les trouble-fête souverainistes sont une menace pour l’unité canadienne! Pour emprunter à Monon’c Serge, les souverainistes s’imposent dans le chemin des chevaliers de la lumière (les fédéralistes). Puis, le 9 mars, les Jérômiens allaient avoir toute une surprise : au lever du soleil, se pointa à l’horizon un être incarnant l’orgueil, l’avarice, l’envie, la colère, la luxure et peut-être la gourmandise, mais pas la paresse. J’ai nommé Pierre-Karl Péladeau. Devant ce qui porte à la réflexion et ce qui suscite le débat d’idées, les chiens de Pavlov n’ont su sortir de leur conditionnement. Les médias de masse n’ont pas flairé les questions de société entourant la candidature d’un tel type. Bref, le train avance. Le 11 mars, le «douze pack» d’indépendantistes ont appuyé, par l’entremise d’une lettre, le candidat PKP, en soulignant ses talents d’homme d’affaires. Ça oui, PKP il s’y connaît en affaires. Il s’y connaît en plus-value, en exploitation des travailleurs, en congratulation des scabs et j’en passe. Le 12 mars, après pratiquement vingt ans sans avoir parlé concrètement sur la place publique de l’article numéro 1 de la plateforme du PQ, voilà que Marois évoque l’idée de conserver le dollar canadien et de garder une frontière ouverte si jamais la souveraineté advenait. Le 13 mars, les Québécois(es) ont reçu la bénédiction de Justin Trudeau. Celui-ci textant sur son fil Twitter : «les Québécois(es) décideront du résultat de l’élection provinciale». Perspicace le fils de celui qui est adulé de tout bon fédéraliste, celui qui qualifiait le peuple Québécois de «mangeux d’hot-dogs». Parfois, la haine engendre la haine.

 

Revenons à nos moutons (attribuez le sens que vous voulez). Le 17 mars 2013, Philippe Couillard déclare, en haranguant sa meute en liesse : «les Québécois doivent reprendre l’initiative de la discussion en vue de réintégrer la Constitution». Le 17 mars 2014, ce qui sort de sa bouche en est tout autre : «Je n’initierai pas de démarche constitutionnelle». Il est mignon monsieur Couillard, il est méchant monsieur Lamoureux. Il a une belle tête de vainqueur. La classe mondiale…peut-être même le champion du monde ! Vous avez vu Le dîner de cons ?

 

Continuons dans cette lancée ! En entrevue, toujours le 17 mars, François Legault n’a pas voulu dire s’il était fédéraliste ou souverainiste en expliquant que les deux options constitutionnelles se valent. Certainement François. Ça c’est un peu comme quand tu passes par New York pour te rendre à Gaspé en partance de Montréal. Ça se vaut comme chemin, mais c’est plus long, tu vas payer plus cher de gaz, tu as plus de chance de t’engueuler avec ton copilote, tu arriveras plus tard à destination et ton char va peut-être lâcher en route. Et puis quand tu y arriveras mon François, tu vas probablement réaliser que tu aurais dû prendre l’autre chemin.

 

En ce qui concerne Québec solidaire, qui n’a absolument rien à perdre à s’affirmer clairement sur le sujet, il faudrait revoir la formule vide de sens, qui ressemble malheureusement à celle de Legault, et tant mise de l’avant par Khadir : l’indépendance «si nécessaire, mais pas nécessairement». On veut être indépendant, mais dépendamment de la situation, on optera pour une ligne de parti indépendante des partis dépendant du capital.

 

La suite de ce billet viendra sous peu, je n’ai pas dit mon dernier mot…