Jamais je n’aurais pensé qu’un jour j’aurais à défendre ce qui me semble éternel. Des années 1980 à aujourd’hui, j’ai été socialisé par diverses institutions dont notamment Radio-Canada.
D’un petit cul qui a grandi avec la chaîne d’un État qui n’est pas le mien, j’ai été formé au niveau médiatique par des journalistes talentueux qui ont façonné mon rapport à la nouvelle, mais plus encore, ma curiosité insatiable envers les phénomènes sociaux. D’autres institutions se sont chargées de me rendre critique; ma famille, l’école, et mes ami(e)s. Du petit gars qui venait d’entrer au baccalauréat en science politique, j’ai moi-même prêté des intentions fédéralistes à Radio-Canada, j’ai aussi accepté l’appellation Radio-Cadenas tant appréciée par feu Pierre Falardeau. Puis j’ai vieilli, cheminé dans le domaine de la connaissance (un mot qu’Yves Bolduc n’est pas capable de prononcer) en ayant à mes côtés ces journalistes, autant de la radio que de la télévision, qui étaient présents à chaque jour pour me raconter à leur façon le cheminement de cette grande Histoire. Des « crinqués » de La soirée est (encore) jeune, à la oh combien brillante Marie-Louise Arsenault, en passant par la talentueuse Céline Galipeau, le vulgarisateur Gérald Filion ou la courageuse Marie-Ève Bédard, aucune autre chaîne privée canadienne comme québécoise n’est à même de rivaliser avec le professionnalisme et le rapport critique de Radio-Canada.
Aujourd’hui, je suis complètement dérouté devant l’avenir de cette chaîne télévisuelle et radiophonique, inquiet de savoir ce qui se passera avec mon grand frère par la bande. Je suis triste d’assister à la désubstantialisation de ce diffuseur public, amère de voir cette privatisation de tout et de rien, ces nombreuses coupures dans les programmes sociaux, d’un État qui est contrôlé par les grandes corporations et déçu d’assister à la grande mascarade des politiciens pantins d’un système qui court à sa perte. L’histoire nous jugera.
Chose certaine, Radio-Canada ne sert pas à légitimer le pouvoir en place et cela a déjà causé bien des tracas à notre grand ami Pierre-Elliott Trudeau et bien d’autres par la suite. Le rôle de ce diffuseur public est de transmettre la nouvelle, de la traiter avec des prétentions objectives, journalistiques et critiques. Qu’est-ce que l’administration d’Hubert Lacroix ne comprend pas dans le terme public? Est-ce que cela veut dire communiste? Non. Quand on engage des technocrates pour gérer une institution, on ne doit pas s’attendre à plus. Achetons des F-18, faisons la guerre et sabotons l’information. Dans le fond mon Stephen, tu répètes la même logique que ton chum Poutine. Elle est où la conservation dans le programme des conservateurs?
Un jeune professeur de sociologie qui désire que ses futurs élèves puissent profiter de la qualité informationnelle de Radio-Canada.
D’accord pour l’information. Radio-Canada n’a pas les contraintes de rentabilité que connaissent les médias privés et grâce à cet aspect incontournalble qui les distingue, je souhaite aussi que la SRC continu de s’efforcer de nous offrir un bon service de nouvelles.
Le problème c’est que la grenouille est devenu plus grosse que le boeuf. Après RDI, Artv, tou.tv, Expora en plus des radios, Radio-Can s’est lancé dans la convergence pour suivre le rythme imposé par les aglomérats. Maintenant on est ailleurs.
Les coupures actuelles sont le fruit de la gourmandise de Radio-Canada avec les années plutot qu’une volonté politique du gouvernement en place. Les libéraux ou le NPD auraient eux aussi fait face à des choix entre couper dans les croquettes du chien noir de l’auberge et un nouveau sarrau pour Charles Tisseyre.
La fête est fini dans les médias ces temps-ci surtout pour les indépendents, le VOIR doit en savoir quelque chose.
La SRC n’a pas eu de fiche parfaite à leur renouvellement devant le CRTC. Presque pas de contenu ou très peu pour les enfants. Une représentativité francophone qui dépasse rarement les frontière du Québec, voire jusqu’à Ottawa.
Nous sommes des êtres émotifs, ça a été très bien repris d’ailleurs dans le cas du costumier de Radio-Can. Il faut malheureusement être aussi rationnel. Les dépenses en rebranding est plus gros exemple de la gourmandise de Radio-Can. La SRC s’est imposée comme média dominant sans trop se préoccuper de la réalité des autres médias qui souhaitent offrir à leur tour une diversité médiatique ou simplement exister sans dépendre des fonds de l’état. C’est d’ailleurs le cas de la plus recente station de télé ICI. Un service télé ethnique qui aura eu le malheur de s’enregistrer aux entreprises et au CRTC sous le nom de ICI. Il faut avoir du front de la part de Radio-Canada d’envoyer ses avocats à cette station emmergente à grands frais Peu de chroniqueurs en ont parlé. Voici un lien, d’autres recherches sont possibles:
http://www.lapresse.ca/arts/television/201312/12/01-4720298-ici-sur-les-rails.php
Alors non, pas de pleurnichage pour moi. Je suis aussi nostalgique du bon vieux Société Radio-Canada qui était plus terre à terre qu’aujourd’hui. Les coupures actuelles sont nécessaires, il s’agit maintenant faire les bons choix dans les coupures et revenir au mandat d’une société d’état.
chapeau