BloguesLe cheval de Troie

La force de Parizeau

Le jour s’est levé sans ses gros rayons d’or. Après le départ de Pierre Falardeau en 2009, puis celui de Michel Chartrand l’année suivante, voilà que c’est au tour de Jacques Parizeau de nous quitter. Classe sociale à part, le discours de ces trois grands personnages de la vie politique québécoise fut marqué par un message clair et rempli d’espoir à l’égard d’un peuple pataugeant encore dans une mer trouble.

 

Loin de moi l’envie de refaire ici son parcours historique, je parlerai plutôt de la vision prométhéenne du peuple québécois chez Parizeau. Comprenons prométhéen comme cet esprit d’idéal et de foi dans la condition humaine. Nous pourrions aussi parler d’un homme qui défendait la dignité du peuple québécois, car on sentait très bien chez celui que l’on surnomme « Monsieur » l’importance de faire comprendre aux Québécois qu’ils ne sont pas nés pour un petit pain. Qui plus est, Parizeau tenait à activer cette grande masse en lui proposant un projet de société qui allait conduire à la fortification du sens commun et du lien social ; celui de l’indépendance du Québec et non d’une pseudo souveraineté-association. Parizeau n’était pas lâche, il ne baignait pas dans le confort et l’indifférence, il avait une haute estime de son peuple et c’est pourquoi il a tenu corps et âme à défendre ce projet. Certes, il était quelque peu intransigeant, peut-être trop direct et impatient, mais n’est-il pas normal d’agir ainsi lorsque l’on tente de convaincre la majorité d’embarquer dans un projet si porteur ? Perdez-vous parfois patience lorsque vous tentez d’expliquer quelque chose qui vous semble être d’une évidence désarmante et que l’autre devant vous ne semble pas trop comprendre ce que vous dites? Peu importe nos allégeances politico-économiques, l’indépendance ne pourrait pas nuire en aucun point. Pour celles et ceux qui continuent de proclamer que le Québec s’effondrerait en cas de séparation, je n’ai peu de choses à dire outre que la peur n’alimente que de piètres rêves, banals, lâches, et aliénants. Il en va de même pour notre économie qui semble inébranlable aux yeux d’une grande majorité de gens alors que cette dernière pourrait être complètement refaçonnée sur une génération pour ainsi devenir minimalement équitable pour tous.

 

Si en général, je n’aime pas trop la bourgeoisie, cette classe sociale qui n’existe pratiquement plus aujourd’hui, je dois dire que Parizeau fut un très bon bourgeois qui avait à cœur l’émancipation de son peuple. Dans cette ère du décisionnel-opérationnel, nous venons de perdre un des derniers mohicans osant parler d’un projet de société sans interpeller les divins chiffres de la finance. Étonnant venant d’un économiste réputé qui aura consolidé plusieurs grandes institutions québécoises. Vraiment ? Non, cela s’appelle un bon politicien. Pour une certaine génération, ce dernier est considéré comme un homme d’État exceptionnel, pour la mienne, j’espère qu’il sera perçu comme un politicien intègre, cultivé, critique, ayant comme idéal l’autodétermination de sa nation.