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La nouvelle ancienne radio

Ainsi, Neil Young considère la radio comme dépassée et estime que « le piratage est la nouvelle radio ». On présume qu’il parle de radio musicale. Neil Young aurait eu raison il y a dix ans. J’étais à l’époque moi-même grand siphonneur de musique illégale. Compulsif même. À tel point que j’avais téléchargé les plus grands succès d’Adamo, simplement pour agrandir ma collection, en me disant qu’un jour, cela me servirait.

Ce jour n’est jamais arrivé et j’ai sacré aux vidanges (à la récupération, pardon), la totalité de mes CD-ROM remplis de MP3. C’est que n’en déplaise à Neil Young, il existe maintenant une offre légale de musique en ligne à des prix alléchants. Des services comme Rdio et Spotify (pas encore disponible ici) permettent d’accéder à une immense bibliothèque musicale pour environ 10 dollars par mois. Bon, on n’y trouve pas tout (surtout côté francophone), mais presque.

Reste à voir si ça peut être payant pour l’artiste, ce qui ne semble pas être tellement le cas. On peut espérer que lorsque ces services seront plus « grand public », les tarifs pourront être ajustés et le catalogue se diversifiera.

Il s’agit d’outils efficaces pour faire de nouvelles découvertes musicales du fait qu’ils intègrent des mécanismes de réseautage social. On peut y partager des listes de lecture, découvrir ce que nos amis écoutent ou encore les derniers palmarès compilés par les utilisateurs. Surtout, on peut ajouter tout ce que l’on veut à notre bibliothèque sans avoir à télécharger de fichiers puisque tout se fait par « streaming ».

Ce qui m’amène à l’avenir de la radio parlée. Je ne sais pas ce que Neil Young en pense, mais ce plus grand accès au « streaming » (ce serait quoi en français mettons ?) rendu possible par des réseaux de plus en plus rapides appelle peut-être à la fin du concept de baladodiffusion. En effet, pourquoi télécharger et transférer des émissions de radio à écouter en différé si on peut y accéder n’importe où et n’importe quand (sauf dans le maudit métro où la 3G n’est pas dispo) en un tournedoigt ? Il existe quelques applications pour Android et iOS qui permettent de s’abonner aux baladodiffusions d’émissions de radio afin de les écouter en « streaming ».

On ne parle pas de remplacer ici la radio que vous écoutez en mangeant vos toasts au beurre d’amande, mais plutôt des émissions ou des segments d’émissions qui s’écoutent bien de façon asynchrone. Le genre d’émission qui ne donne pas la météo et la circulation aux dix minutes. Plusieurs émissions de Radio-Canada et des segments du 98,5FM (qui a d’ailleurs un drôle de système de fils RSS qui changent quotidiennement) en sont de bons exemples.

Il y a aussi les émissions uniquement disponibles sur le Web. Il y a d’ailleurs épidémie par les temps qui courent de professionnels des médias qui se lancent sur le Web. Les Justiciers Masqués le font depuis quelques mois. Jean Pagé tente lui aussi de faire revivre 110% avec une émission d’après-match mettant en vedette Jean Perron et le délicieux Gabriel Grégoire. Même l’humoriste Mike Ward donne dans la baladodiffusion avec un calque du WTF de Marc Maron, qui, aux États-Unis, discute avec des humoristes de leur métier et de l’industrie qui le chapeaute (je dois avouer que ce n’est pas mauvais, d’ailleurs).

Le récepteur radio deviendra sans doute une application iPhone qui regroupe vos émissions préférées. L’avenir de la radio passe par le streaming et il me semble que celui de la musique aussi, et non pas par le piratage.