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Langage-toi

Vous ne me verrez jamais à Star Académie.

Voilà, c’est dit. Remarquez, je pourrais bien changer d’idée. Peut-être un jour je devrai accepter l’offre de Julie et devenir professeur à l’Académie. Surtout si c’est pour enseigner l’audace. Dans cette usine à chanteur préfabriqué, je me verrais bien donner un cours de personnalité. Ce jour-là, j’avouerai sans gêne être un vire-capot comme Biz qui, j’imagine par principe, proclamait jadis que les Loco Locass n’iraient jamais à Star Académie. Faute avouée est à demi pardonnée.

Vous ne me verrez jamais à Star Académie.

Voilà, c’est dit. Remarquez, je pourrais bien changer d’idée. Peut-être un jour je devrai accepter l’offre de Julie et devenir professeur à l’Académie. Surtout si c’est pour enseigner l’audace. Dans cette usine à chanteur préfabriqué, je me verrais bien donner un cours de personnalité. Ce jour-là, j’avouerai sans gêne être un vire-capot comme Biz qui, j’imagine par principe, proclamait jadis que les Loco Locass n’iraient jamais à Star Académie. Faute avouée est à demi pardonnée.

Les défenseurs du rappeur ont raison. Sa volte-face ne se compare en rien à celle d’une Nathalie Normandeau, mais malgré son caractère anecdotique, elle porte un coup à l’image Loco Locass dans la tête de nombreux fans qu’on a tendance à vite discréditer sous prétexte qu’ils s’insurgent pour des pacotilles.

Un peu comme eux, peut-être m’étais-je trompé, croyant naïvement que les valeurs nationalistes du trio et sa lutte pour la langue française sous-entendaient une soif de justice sociale et d’équité. À écouter Biz en entrevue avec Éric Parazelli sur son Blogue média TV, ces préoccupations et les contradictions qu’elles pourraient générer face aux agissements de Quebecor ne sont jamais intervenues dans le processus décisionnel. Puisque Star Académie encourage la chanson francophone, Biz a cru bon de sauter dans le train pour faire une différence de plus. Et parce que Biz apparaît sur papier comme l’un des meilleurs professeurs d’oralité qu’une bande d’apprentis chanteurs puisse avoir, il a bien fait. D’ailleurs, après l’arrivée de Michel Rivard et Biz, si Star Académie souhaite davantage gagner en crédibilité, il faut virer Marc Dupré et embaucher Olivier Langevin pour réaliser l’album des finissants.

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Voilà maintenant huit ans que Loco Locass n’a pas lancé d’album. Le groupe n’est pas mort. Étonnement, il survit plutôt bien à cette disette grâce aux succès de chansons isolées comme Le But ou l’Hymne à Québec de la série Montréal Québec. Cette première collaboration avec l’empire Quebecor avait d’ailleurs fait sourciller. Le trio l’avait constaté: difficile d’être un groupe engagé. Vos actes doivent suivre vos paroles, et plus ils sont nombreux à croire en vous, plus la situation devient exigeante. Ça doit être humain. Les donneurs de leçons doivent s’attendre à en recevoir. Ainsi, la tempête Karkwa / Coke n’est pas de la même fibre, car la troupe de Louis-Jean Cormier ne s’est jamais affichée publiquement contre le capitalisme sauvage.

Interrogé récemment sur ses curieux fricotages avec PKP par Patrick Lagacé aux Francs-Tireurs, Biz avouait être ami avec l’homme. Ils ont des liens familiaux. Plus tôt dans l’entretien, l’artiste soutenait qu’en choisissant de chanter en anglais, Pascale Picard faisait reculer la cause de la langue française. Partant de ce raisonnement, le chanteur d’un groupe rap engagé fait reculer la gauche en se disant ami avec notre pire référence populaire du «patronat sans vergogne».

Ça ne m’empêche pas de dormir, Biz peut faire ce qu’il veut, mais pour faire avancer la cause du français, il aurait pu choisir un moyen nettement moins controversé que de s’associer à Star Académie. La simple parution du troisième disque des Loco Locass aurait suffi. Parce que le rare succès populaire d’un groupe rap francophone articulé, libre et singulier m’inspire davantage que celui d’un concours de chansons francophones formatées qui se portait déjà fort bien sans Biz.