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Anatomie d’un disque, les photos

À lire cette semaine en couverture de Voir, le guide des instruments utilisés par Ariane Moffatt pour la composition et l’enregistrement de son nouvel album MA, un disque bilingue et plus électro.

En complément de lecture, voici quelques photos de la quincaillerie d’Ariane.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Guitare électrique Supro Dual Tone

«Je me suis acheté cette guitare un peu avant ma performance aux Victoires de la musique il y a deux ans, se souvient Ariane Moffatt. Je l’appelle “le bat de baseball” à cause de son manche très épais.»

Modèle blanc et noir datant du milieu des années 70, la Dual Tone d’Ariane s’apparente aux guitares Supro utilisées par Jack White. «Elle est parfaite pour jouer du rock plus abrasif. Je l’ai utilisée sur MA pour aller chercher un tone un peu bluesy et très sombre. Branchée dans mon petit ampli (un Vox AC4TV), elle donne un super beau son juste assez saturé, une distorsion naturelle, riche et chaleureuse. On l’entend très clairement dans la chanson Rules of Legal Love qui s’ouvre avec un riff évoquant ceux des Black Keys. La Supro donne de l’attitude à l’album.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roland Jupiter-6

Datant du début des années 80, le Jupiter-6 (et ses 111 boutons, excluant les touches) est un synthétiseur analogique à la surface de programmation plus étoffée que les premiers Moog. «Il est tellement lourd, c’est un mastodonte, lance Ariane. Dan Thouin me l’a vendu alors que j’enregistrais Le cœur dans la tête, mais je ne m’en étais jamais vraiment servie. J’ai commencé à explorer avec ce synthétiseur pour MA et j’y suis devenue dépendante. C’est l’acteur principal de l’album. Il y amène cette touche années 80 et m’a permis de beaucoup jouer avec les ambiances. Inspirée par le récent Portishead, j’ai grandement utilisé son arpégiateur, un outil me permettant de rapides séries de notes successives. Toutes les mélodies de clavier et les nappes plus vaporeuses entendues sur le disque proviennent du Jupiter.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maschine de Native Instruments

«Le côté électro de l’album n’était pas nécessairement prévu au départ. Il s’est plutôt imposé à travers le mode de production. En solitaire dans le local, il m’était plus naturel d’utiliser des beats électroniques que ma vraie batterie.»

Programme informatique animé par un contrôleur évoquant l’interface du célèbre MPC2000 d’Akai, le Maschine d’Ariane bat la mesure de MA. «Il lui donne un côté tribal. Je cherchais l’hypnotisme de la répétition. Lorsque tu produis ton disque seul, tu entres vraiment dans une bulle. J’étais dans un flow créatif énergisant, un état d’ivresse. Je souhaitais que l’album sonne “fait maison”, mais je ne voulais pas de petits bricolages électro à la CocoRosie. Il fallait que MA puisse exploser dans les oreilles comme s’il avait été super produit. Il devait avoir des couilles, et ça passait par des rythmes axés sur les basses fréquences. Apparat et Herbert fournissent des sons pour ce programme.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roland SH-101

«C’était la guerre entre Alex McMahon et moi pour savoir qui de nous deux allait acheter ce petit clavier rouge d’un technicien de son à Radio-Canada. Puisque McMahon avait déjà le même modèle, mais en bleu, c’est moi qui ai gagné.»

Monophonique (impossible d’y jouer plus d’une note à la fois), le SH-101 fait office de bass-synth sur MA. Autant prisée par les bidouilleurs électro que par les musiciens pop en quête de perspective sonore, la basse-synthétiseur offre un équilibre entre les sonorités râpeuses et enveloppantes. «On obtient à la fois ce bizzzzzzz omniprésent dans la note et une forte basse fréquence. Ça me permet de créer des lignes mélodiques bien perçantes et jamais trop caverneuses. Cette définition sert bien mes chansons. Marie-Pierre Arthur l’a beaucoup utilisé en tournée avec moi.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Piano droit Yamaha U1

Pratiquement absent de l’album, le piano droit d’Ariane est tout de même mis en valeur à l’endos de la pochette. Sur une intrigante photo prise dans le monte-charge de l’immeuble où pratique la musicienne, on le voit dénudé, sans son panneau frontal. Vêtue d’un long manteau foncé, Moffatt y martèle un accord avec l’intensité d’une forcenée. «Les pistes de piano ont été enregistrées à l’Hotel2Tango pour profiter de la réverbération de l’endroit, mais j’ai quand même tenu à me servir de mon piano dans cette mise en scène qui illustre mon côté hystérique et déjanté. Je n’ai jamais voulu avoir l’air de la fille sympathique qui aime tout le monde. J’ai commencé ma carrière dans un univers pop, mais j’ai l’impression de m’en affranchir avec le temps. J’ai envie de montrer d’autres aspects de ma personnalité, les moins beaux et parfaits. Mon album hip-hop s’en vient!»