Une femme en guerre: le cinéma islandais à son meilleur

Une femme en guerre: le cinéma islandais à son meilleur

Après un passage remarqué sur le circuit des festivals de cinéma à travers le monde, Une femme en guerre arrive sur les écrans le 29 mars prochain. Le film de Benedikt Erlingsson, qui porte sur le thème contemporain de la lutte environnementale, prendra l’affiche au Cinéma du Parc et au Cinéma Beaubien. 

Une femme en guerre raconte l’histoire d’Halla, une femme dans la cinquantaine qui mène une vie en apparence très tranquille. Elle enseigne le chant et a tout récemment appris qu’elle allait adopter une petite fille d’origine ukrainienne. Nul ne pourrait soupçonner qu’elle est la désormais célèbre «femme des montagnes» qui souhaite protéger les Hautes Terres d’Islande en commettant des actes de terrorisme écologique contre l’industrie locale de l’aluminium.

Halla est un personnage féminin comme on en voit encore trop peu. Femme de son temps, célibataire, heureuse et sur le point de devenir mère, elle n’hésite pas à incarner ses idéaux jusqu’au bout. Elle prend des risques et n’en fait qu’à sa tête même si elle s’est embarquée dans une histoire qui dépasse sa propre existence. Dans ce rôle, l’actrice Halldóra Geirharðsdóttir livre une performance remarquable qui lui a valu le prix de la meilleure actrice lors de la dernière édition du Festival du Nouveau Cinéma en 2018.

Loin de la morale

Bien sûr, impossible de faire fi du sujet principal, la préservation de l’environnement et la lutte contre une forme de capitalisme qui nuira aux générations futures. Si le propos peut paraître lourd sur papier, il n’en est pourtant rien sur écran. Une femme en guerre s’inscrit sans difficulté dans la comédie, et le sujet y est amené avec doigté et légèreté. Réalisateur et coscénariste, Benedikt Erlingsson (à qui l’on doit l’excellent Des chevaux et des hommes) s’assure de laisser parler les actions des personnages sans avoir recours à un ton moralisateur.

La musique comme personnage

D’un esthétisme à couper le souffle, la mise en scène travaillée vient ajouter une sorte de surréalisme qui ne manque pas de faire sourire. Tout au long du film, l’orchestre qui interprète la trame sonore apparaît régulièrement à l’écran. À certains moments, un chœur ukrainien se joint à la scène, ajoutant une touche de folklore qui ne rate pas sa cible. Tantôt enjouée, tantôt théâtrale, la musique s’immisce dans l’univers du film tel un narrateur sans mots. Son rythme contribue grandement au rythme et à l’atmosphère du film, qui est parfois tendue mais jamais dramatique.

Une femme en guerre agit telle une fenêtre sur l’imaginaire cinématographique islandais, que l’on voit peu à l’international. Bien que les actes commis par le personnage d’Halla ne fasse pas l’unanimité, on se surprend à prendre son parti peu importe nos allégeances politiques. Est-elle réellement extrémiste ou est-ce que ses gestes sont justifiés? Lorsqu’il est question de violence liée à une cause humanitaire, comment savoir où tracer la ligne? Chose certaine, c’est au spectateur de faire la part des choses puisqu’aucun des deux côtés ne sera démonisé.