Céramique contemporaine : contexte et créativité
Le centre de céramique Bonsecours propose une rare plongée dans les mystérieux et fascinants processus de création de cinq des plus importants céramistes québécois.
Quels chemins créatifs mènent Léopold Foulem à détourner une théière pour la transformer en un nouvel objet singulier? Comment s’y prend Gilbert Poissant pour créer des œuvres sur tuile de céramique en utilisant des procédés numériques? Quels processus fondent le travail de céramique et de sculpture de Denise Goyer, Pascale Girardin et Laurent Craste? Posant ces questions et bien d’autres, La genèse d’une œuvre est une véritable immersion dans la tête des créateurs.
«Il n’est pas fréquent que soient à ce point mis en parallèle et en dialogue les œuvres et les propos de ces sommités», s’enthousiasme Yves Louis-Seize, commissaire de l’exposition La genèse d’une œuvre, qui se prépare à animer une table ronde avec ces artistes dont les démarches le passionnent. «Je suis fasciné depuis toujours par le processus créateur, précise l’artiste et professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQÀM. Comprendre par quel chemin émerge une idée et comment elle construit une œuvre me passionnera toujours. À une question simple, « quel est votre processus de création? », on obtient toujours des réponses complexes et uniques à chaque artiste, qui sont autant de fenêtres ouvertes sur le fonctionnement de la psyché et de l’esprit créateur.»
Motivé par cette grande quête, le commissaire et cofondateur du centre Circa a d’abord imaginé une exposition mettant en valeur le travail de ces cinq artistes chéris de la scène montréalaise, puis une grande conférence et une séance d’échange avec le public où chacun pourra raconter la genèse de son œuvre, et finalement un programme de projections et d’autres contenus complémentaires.
Une occasion de mieux cerner les démarches interdisciplinaires actuelles en céramique: désacralisation à la manière Laurent Craste (il faut voir ses vases en porcelaine perforés d’un coup de hache!), sophistication et sobriété à la manière Goyer-Bonneau, installations sculpturales d’inspiration asiatique à la façon de Pascale Girardin, détournements d’objets kitsch à la façon de Léopold Foulem et mariage précis de matériaux à la manière Gilbert Poissant.
En arrière-plan, les théories d’Anton Ehrenzweig (L’Ordre caché de l’art) et de Didier Anzieu (Le corps de l’œuvre) permettent à Yves Louis-Seize d’organiser le chaos du processus créatif et d’en nommer les circonvolutions. «Ces théoriciens suggèrent des approches du processus de création en 3 moments clé ou en 5 phases, précise-t-il. Je suis d’avis qu’il ne faut pas trop baliser les processus et en respecter le caractère profondément libre, mais ces penseurs peuvent néanmoins nous aider à faire de l’ordre dans notre réflexion.»
La genèse d’une œuvre
Exposition à la galerie du Centre de céramique Bonsecours du 11 avril au 3 mai
Conférence le samedi 13 avril à 14 h