La poésie comme « professeure » de liberté

La poésie comme « professeure » de liberté

Les sœurs Véronique et Gabrielle Côté se réunissent à nouveau en mettant en scène Je me soulève, présentée au Trident dès le 23 avril. Comme la poésie est le lieu de rencontre par excellence, elles font vivre la parole de 35 poètes et poétesses québécois à travers la voix d’une vingtaine de comédiens et comédiennes. 

Venant toutes les deux du monde théâtral, Véronique et Gabrielle proposent, avec Je me soulève, un projet de poésie mis en scène avec les outils du théâtre, dans lequel elles partagent «le même cerveau et le même imaginaire dans le temps de la création». Après Attentat, leur création commune en 2014, les deux comédiennes et metteuses en scène poursuivent cette mission de faire découvrir la poésie québécoise au plus grand nombre.

«C’est que pour nous, la poésie est une forme de courage transmissible, c’est quelque chose qui nous aide à vivre, déclare Véronique Côté. C’est aussi une forme littéraire qui est méconnue à notre avis, malgré le fait qu’il y ait une grande vitalité dans la production poétique au Québec, mais ça reste un peu underground. Là, on emmène la poésie sur une grande scène et on la rend accessible.»

Les deux créatrices portent en elles depuis maintenant deux ans les textes qui constituent le corpus du spectacle. Elles ont lu, absorbé les mots de ceux qui façonnent notre imaginaire contemporain. L’instinct a joué une grande part dans la sélection, de même que les enjeux sociétaux. «On est influencées par ce qui se passe actuellement dans la société, par les questionnements qu’on se pose sur l’avenir, ce qu’on a envie de léguer aux générations futures, ce qu’on a envie de dire sur la manière de prendre position, de prendre acte par rapport au futur qu’on a envie de construire», affirme Gabrielle Côté.

La poésie pour tous

Les acteurs de la distribution de Je me soulève sont courageux, selon Gabrielle Côté, car ils ont pris à bras le corps un projet qui est resté longtemps incertain. «C’est aussi des gens dont on a senti que la poésie résonnait à un endroit en eux, ça nous semblait juste, profond, et faire partie de leur nature de porter ce genre de parole», souligne-t-elle.

Et cette parole leur appartenait déjà, peu importe leur contact récurrent ou non avec la poésie, nuance Véronique Côté. «Quand on parle d’un spectacle de poésie, on dirait qu’on pense que ça s’adresse à des gens qui connaissent déjà ça ou à un genre d’élite intellectuelle. Et c’était important pour nous de mettre ça au clair avec les acteurs qui ont été choisis. Leur avis nous intéressait. Leur avis en tant qu’humain et citoyen.» Comme la poésie est un objet profondément collectif, il était naturel que l’évolution du spectacle soit un échange commun.

Liberté de forme

La célébration qu’est un happening littéraire, surtout poétique, permet aux deux sœurs d’explorer quelque chose de libérateur. «Ça nous donne une grande liberté de travailler la poésie, car c’est un matériau ouvert, mentionne Gabrielle Côté. On décide d’apposer certaines images, mais je pense que l’interprétation des textes appartient aux spectateurs dans la salle.»

Cette matière que sont les mots est faite de creux et d’espaces permettant aux créatrices d’y investir leurs propres images, devenant ainsi complices des auteurs, selon Véronique Côté. Et dans Je me soulève, elles tentent «d’être à la hauteur de ce geste artistique libre». «On essaie que la liberté qui est déployée sur scène soit aussi grande que celle qui est déployée dans les textes», précise Véronique Côté.

Je me soulève
Le Trident
23 avril au 18 mai