Nassim: entre le farsi et le français, il n'y a qu'un pas

Nassim: entre le farsi et le français, il n’y a qu’un pas

Pendant des années, l’Iranien Nassim Soleimanpour a fait voyager son œuvre sans lui, offrant ses textes à des acteurs différents chaque soir, sur les scènes du monde entier. Maintenant berlinois et autorisé à voyager, il s’amène au Carrefour international de théâtre avec sa pièce Nassim, touchante œuvre sur le pouvoir du langage, présentée dans un concept similaire en complicité avec des actrices de la Capitale. 

Parce que Nassim Soleimanpour n’avait pas fait son service militaire, l’Iran lui interdisait l’obtention d’un passeport. L’astucieux auteur dramatique n’a pourtant jamais laissé cette restriction brimer la circulation de son œuvre. Sa pièce Lapin rouge, lapin blanc, par exemple, a été jouée des milliers de fois partout dans le monde, et en particulier dans les pays anglo-saxons, chaque soir par un acteur différent qui découvrait le texte en même temps que les spectateurs. Pas de répétition, pas de mise en scène: seulement le pouvoir des mots et le vertige de la spontanéité. Au Québec, des comédiens tels que Fabien Cloutier et Monique Miller se sont prêtés au jeu, ainsi que des personnalités politiques comme Amir Khadir.

Le procédé, hors norme, lui permettait certes une critique de son pays, mais favorisait surtout le regard vierge de l’acteur et du public sur des situations d’endoctrinement proposées par son texte. Même s’il voyage aujourd’hui en chair et en os avec ses textes, Soleimanpour continue de solliciter dans chaque ville des acteurs locaux qui ont le courage de découvrir en direct leur partition par le biais d’un ingénieux système vidéo.

«Cette fois, dans une pièce qui a comme assise l’apprentissage d’une langue étrangère, le stratagème permet d’incarner le principe de l’apprivoisement, par étapes et à tâtons, de la culture de l’autre», explique Marie Gignac, directrice artistique du Carrefour international de théâtre de Québec. Séduite par le spectacle lorsqu’elle l’a vu à Dublin, elle a tout de suite imaginé proposer ce défi à des comédiennes de Québec – dont les noms demeurent secrets pour l’instant.

«La pièce montre à quel point les langues sont de formidables outils d’apprentissage et de puissants vecteurs de rapprochement, poursuit-elle. Quand on se donne la peine d’apprendre la langue de l’autre, le monde s’ouvre. Nassim est une grande fable philosophique s’opposant à la division des peuples et à un monde de ruptures entre les hommes.»

En filigrane, le texte dessine peu à peu une figure maternelle attachante, dans une pièce rendant hommage à la langue maternelle comme à la puissance des mamans.

Nassim
Texte: Nassim Soleimanpour

Interprétation: Nassim Soleimanpour et une actrice locale
En français et en farsi
Du 24 au 26 mai au Théâtre Périscope

Dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec