La Traviata à l'Opéra de Québec : célébrer l'amour

La Traviata à l’Opéra de Québec : célébrer l’amour

Festive, immersive et tournoyante, la mise en scène de La Traviata par le Québécois d’origine catalane Oriol Tomas débarque à l’Opéra de Québec après avoir été créée et applaudie en Islande en mars dernier. Voilà l’occasion rêvée de s’initier à la brûlante et mythique histoire d’amour de Violetta et Alfredo et d’aborder l’un des opéras les plus accessibles du répertoire.

Oriol Tomas est une fierté nationale encore méconnue. Le metteur en scène trentenaire, qui devient peu à peu l’une des figures internationales les plus prisées dans le monde opératique, s’est fait un plaisir d’accepter l’invitation de l’Opéra d’Islande (Reykjavik). L’équipe de concepteurs québécois qui l’a suivi en Islande est maintenant de retour au bercail; tous sont fébriles de présenter en octobre prochain le fruit de leur travail au public de la Vieille Capitale. «Les collaborations entre l’Islande et le Québec sont peu fréquentes, précise Oriol, mais la sauce a vraiment bien pris entre nous. Ce sont deux pays qui se ressemblent énormément! Les Islandais, pour moi, sont comme des Québécois d’Europe.»

Un léger décalage temporel

L’histoire de Violetta (Marianne Fiset) et d’Alfredo (Rocco Rupolo) est un grand drame amoureux intemporel, que les artistes de toutes les époques se plaisent à réinterpréter en les adaptant à la leur. L’opéra de Verdi situe l’action vers la fin du 19e siècle. Oriol Tomas déroge juste un peu à cette vision et campe l’amour interdit entre cette courtisane et ce jeune bourgeois quelques années plus tard, au début du 20e siècle.

«Je souhaitais que le premier acte se déroule dans le Paris de 1900, lors de l’exposition universelle, à un moment où Paris est la vitrine des nations, explique-t-il. C’est une année magique, dans une ambiance de fête foraine et au cœur d’une incroyable effervescence artistique. On reproduit cette époque de manière suggestive, jamais trop réaliste. Le bordel dans lequel travaille Violetta est un espace de fantasmes et d’illusions, après tout. On a imaginé un décor voluptueux, sans ligne droite, qui s’inspire de l’art nouveau et des courbes féminines, en intégrant de la végétation et un petit quelque chose d’animal.»

La fête ne peut pas durer éternellement

Quand Violetta et son bel amant se réfugient à la campagne lors du deuxième acte, changement de ton. «J’adore la manière dont cette pièce impose de forts contrastes, commente Oriol. Violetta se retrouvera peu à peu séparée de son amant par les lois d’une époque qui lui interdit cet amour hors de son rang. Le spectacle redevient alors festif, mais dans un autre registre. La courtisane se retrouve à nouveau en pleine débauche; or l’envie n’y est plus. Son environnement l’oppresse. Elle est submergée par un univers de fête et de drogues qui l’aliène.»

Grâce aux images immersives créées par Félix Fradet-Faguy, de Normal Studio, la mise en scène reflète ce tournoiement festif avec maestria, autour d’une Violetta de plus en plus lasse.

L’amour triomphera certes, mais trop tard! Violetta meurt dans les bras de son amant. Chantées par une soprano et un ténor, les mélodies unissant les voix des deux amoureux sont parmi les plus célèbres au monde; elles résonnent de manière particulièrement sentie dans la mise en scène d’Oriol Tomas et sous la direction musicale de Pedro Halffter.

La Traviata
Production originale de l’Opéra d’Islande
Sur la scène du Grand Théâtre de Québec du 19 au 26 octobre 2019