Douleur et gloire : le film miroir d'Almodóvar

Douleur et gloire : le film miroir d’Almodóvar

Huit ans après La piel que habito, Pedro Almodóvar retrouve Antonio Banderas, qu’il a révélé au cinéma en lui confiant cinq rôles dans les années 1980. 

Le réalisateur espagnol a choisi l’un de ses acteurs fétiches pour tenir le rôle principal de son nouveau film Douleur et gloire. Mission remplie pour Antonio Banderas qui excelle tellement dans son jeu que le jury du dernier Festival de Cannes lui a décerné le prix d’interprétation masculine, sa récompense la plus marquante en plus de 30 ans de carrière.

Dans Douleur et gloire, Antonio Banderas incarne d’une puissance à la fois sobre et pudique Salvador Mallo, un cinéaste dépressif au corps vieillissant et pétri de douleurs qui l’empêchent de travailler. Malgré le succès qu’ont connu ses films, Salvador vit reclus dans son appartement madrilène peuplé de toiles d’art contemporain.

Entre passé et présent

En reprenant contact avec un comédien qu’il a dirigé 30 ans plus tôt dans un film, Salvador découvre l’héroïne. Il se replonge dans son enfance passée sous le chaud soleil de la campagne espagnole auprès d’une mère aimante, superbement interprétée par l’actrice Penélope Cruz. Des premières années marquées par la pauvreté, dont il s’est émancipé en parvenant à intégrer un séminaire.

Il se remémore également sa découverte du cinéma lors de projections de films en plein air l’été, revit ses premiers émois homosexuels éveillés par la vue du corps dénudé d’un jeune maçon de son village et retrouve un ancien amour de jeunesse toxicomane qui a marqué sa vie. Un voyage entre hier et aujourd’hui qui va inspirer Salvador et lui redonner le désir de créer.

Un film en forme d’autoportrait

Sans être autobiographique, même si l’appartement de Salvador est identique à celui de Pedro Almodóvar, ce film relève de l’autofiction. Le réalisateur âgé de 70 ans a fait du personnage de Salvador son double, rappelant Huit et demi du cinéaste italien Federico Fellini. Dans ce chef d’oeuvre datant de 1963, Marcello Mastroianni incarne un réalisateur déprimé et fatigué qui revisite ses souvenirs.

Avec Douleur et gloire, Pedro Almodóvar livre brillamment un film intime, parfois cocasse et toujours émouvant, qui achève une trilogie entamée avec La Loi du désir (1987) et La Mauvaise Éducation (2004). Douleur et gloire (Dolor y gloria) est distribué au Québec par Métropole Films International.

En salle à partir du 18 octobre.