Des faits surprenants sur l'histoire du taïko

Des faits surprenants sur l’histoire du taïko

Le 25 février prochain, la troupe de tambours japonais TAO reviendra faire vibrer les fauteuils de la Place des Arts avec son nouveau spectacle. Afin de mieux profiter de ce que l’énergique troupe aura à présenter, voici un petit retour sur l’histoire et les grands principes de cette tradition toute nippone qu’est le taïko.

Un art japonais, d’origine chinoise et coréenne

Originaire de la Chine et de la Corée, le taïko (qui désigne aussi bien l’instrument que sa pratique) s’est frayé un chemin jusqu’au Japon dès le 6e siècle av. J.-C..  On pouvait l’entendre accompagner des batailles, mais son emploi était surtout marqué par la spiritualité: pour rythmer des processions, éloigner les mauvais esprits ou encore remercier les dieux après de bonnes récoltes.  On le retrouvera ensuite dans différentes sphères de la culture japonaise, y compris au sein du théâtre Kabuki.

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S’il était principalement joué seul, c’est en 1951 que le batteur jazz Daihachi Oguchi inventera le kumi-daïko, c’est-à-dire le taïko joué en groupe.  Cette forme recrée une sorte de batterie à échelle humaine, en incorporant des chorégraphies pour faciliter le maintien de la rythmique.  Cette avancée permet au taïko de s’inscrire dans une certaine modernité, et c’est grâce à son disciple, Seiichi Tanaka, que cette nouvelle forme atteindra l’Amérique vers la fin des années 60.  On peut d’ailleurs entendre son travail au début du film Rising Sun.

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Se donner corps et âme à son instrument

La pratique et l’entraînement du taïko sont guidés par un sensei, privilégiant une forme physique où la force et l’endurance sont mises de l’avant à travers le rapport spirituel du corps et de l’esprit. Bien plus qu’une  simple performance, la maîtrise du taïko devient une expérience philosophique et pour certains, un mode de vie.

Pour ce faire, quatre grands principes doivent s’emboîter; l’attitude, la forme, la technique musicale et l’énergie.

L’interprète se doit d’épouser une posture d’humilité et de respect (de son tambour, de soi et des autres).  Le travail d’équipe pourra ensuite s’épanouir grâce à l’écoute et la courtoisie. Le batteur développera une meilleure conscience de la relation de son corps avec l’espace, notion nécessaire à l’apprentissage des chorégraphies.

Ensuite, une grande importance est donné à la forme, laquelle se construit à travers les katas.  Comme dans les autres arts martiaux, ces positions assurent une unité de mouvements sur laquelle s’appuie la maîtrise de la technique musicale. Il faudra être solide sur pieds afin de canaliser l’énergie vitale nécessaire à la production de sons puissants et précis.

 L’esprit qui habite le tambour

Évidemment, l’instrument joue un rôle très important dans l’approche spirituel de cet art.  Le tambour abrite en lui l’esprit de l’arbre dont la caisse de résonance est issue, l’esprit de son fabricant, ainsi que celui de chaque musicien qui en a usé la peau. L’énergie de l’interprète se doit d’être assez forte pour partir du sol et faire le lien entre lui, son tambour et les cieux. Dans cette optique, ses bâtons (nommés bachi) deviennent donc une extension de lui-même et symbolise le lien spirituel entre le corps et l’esprit.

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Au Japon, l’enseignement de cette tradition gagne en popularité.  Bons nombre de nouveaux ensembles voient le jour, chacun promouvant une couleur unique. Cet engouement peut se percevoir jusque de ce côté-ci de la planète, et depuis quelques années, le centre culturel canadien japonais de Montréal propose aux plus curieux des ateliers d’introduction au taïko.

DRUM TAO 2020

Si la pratique du taïko peut sembler complexe, il reste qu’une fois maîtrisée, elle propose une vision impressionnante.  La troupe Drum TAO, qui tourne autour du monde depuis plus d’une décennie, fait partie d’une poignée de compagnies qui régalent les yeux et les oreilles des amateurs.  Ses interprètes, d’un tempérament ludique et festif, joignent à leur pratique un sens du spectacle exubérant qui fait admirablement le pont entre tradition et divertissement.

Drum Tao 2020, le 25 février à 20h, à la Salle Wilfrid-Pelletier.