Lignes parallèles de PHI : encourager la créativité dans un monde de contraintes

Lignes parallèles de PHI : encourager la créativité dans un monde de contraintes

À défaut de pouvoir interpeller les publics avec des créations innovantes entre ses murs, le Centre Phi et Fondation PHI proposent une résidence artistique virtuelle et un espace de création en ligne pour que le dialogue et les réflexions se poursuivent malgré le confinement. 

Comment s’adapter à nos façons de consommer l’art à travers cette pandémie? Comment rester connectés dans la créativité alors que nous sommes isolés les uns des autres? Quel regard peut-on poser sur la situation qu’on vit mondialement? C’est le genre de questions que se sont posé Phoebe Greenberg, fondatrice et directrice de PHI, et son équipe le mois dernier. Le Centre PHI, lieu où l’art et la technologie brillent de mille feux depuis 2012, a dû fermer ses portes au public le 13 mars 2020, tout comme la Fondation PHI, consacré à l’art contemporain depuis sa création en 2007. 

«C’est quand même un choc, mais au fur et à mesure, on trouve des réflexes et de nouvelles façons de réfléchir, nous dit Phoebe Greenberg à propos de la situation actuelle. Avec l’équipe, on a beaucoup médité sur la nouvelle condition humaine face à la créativité et à la technologie. Heureusement, on est dans un moment dans l’Histoire où on a la capacité de se connecter avec les autres sur nos écrans donc ça nous force à réfléchir sur d’autres manières de consommer des idées, de la culture.»

Phoebe Greenberg (photo Sean Mollitt – FOTAU.com)

Ayant toujours eu pour mot d’ordre l’innovation, PHI s’est rapidement mis en mode solution – «On est toujours en mode solution, en fait, peu importe les circonstances!», dit Phoebe Greenberg en riant – afin de poursuivre sa mission de communion à travers l’art et la technologie. Depuis le 23 mars, PHI propose la plateforme d’expression en ligne Empreintes vivantes, qui présente des oeuvres – sous forme d’images, de poésie ou d’idées diverses -, soumises par le public. Le volet Minute par minute, par exemple, est une collection d’oeuvres instantanées. 

Créations parallèles

L’appel lancé par PHI aux artistes pour sa résidence virtuelle a été très bien reçu: ils ont été près de 200 à soumettre leur candidature. Nommée Lignes parallèles, la résidence permet aux artistes de développer un projet créatif en 60 jours avec une bourse de 2000$. «Entre la peinture, les arts graphiques et numériques, l’écriture, les expériences sonores, la sculpture et la musique, on a été étonnés par le paysage que forment tous les projets déposés, commente Phoebe Greenberg. Peut-être est-ce parce qu’on est beaucoup plus agiles en ce moment, sur le plan des possibilités de s’engager virtuellement, et que les gens ont des solutions qui se transposent de manière assez fluide.» 

Gauche/Droite
Philippe Dubost
Justin Wright
Lexis (photo Djordje Zivaljevic)

Les heureux élus, issus de parcours, d’ethnicités et de pratiques différentes, sont: Adam Basanta, arts visuels; Philippe Collard, littérature; Philippe Dubost, arts médiatiques et numériques; Gauche/Droite, arts médiatiques et numériques; Lexis, musique; Marilou Lyonnais, arts médiatiques et numériques; Dayna McLeod, arts médiatiques et numériques; Naghmeh Sharifi, arts visuels; Connor Willumsen, arts visuels; et Justin Wright, musique. 

Et nous, le public, serons aux premières loges de ces créations puisque PHI rendra disponible la documentation du processus de création des 10 artistes. «L’idée est d’être à l’écoute des idées des artistes et de les soutenir dans ce monde de contraintes et de leur permettre de garder un engagement direct avec leur public, explique Phoebe Greenberg. On leur a demandé de nous montrer le déploiement de leur travail, de documenter la création de l’oeuvre et leurs réflexions. Ce sera quasiment une visite virtuelle de leur studio et une introspection par rapport à leurs conditions.»

Adam Basanta
Connor Willumsen
Dayna McLeod

Pendant les 60 jours de la résidence, DJ Lexis cherchera à créer quatre paysages sonores différents, chacun représentant une émotion. De son côté, Dayna McLeod poursuit l’exploration de ses troubles du sommeil en présentant des enregistrements de ses nuits en pandémie. L’auteur Philippe Collard travaillera en vidéo en temps réel trois heures par jour. Et puis Connor Willumsen créera des portraits dessinés, lors de discussions vidéo, d’autres individus confinés à travers le monde. Tous les autres projets seront également documentés et une exposition virtuelle sera présentée au terme de cette expérience.

À suivre dès cette semaine sur empreintesvivantes.phi.ca

Naghmeh Sharifi
Philippe Collard
Marilou Lyonnais (photo Olivia Kopec)